Marseille, le 14 novembre 2025, l’assassinat de Mehdi Kessaci, 20 ans, abattu jeudi en pleine rue dans le 4ᵉ arrondissement, a provoqué une onde de choc d’une ampleur rare dans la cité phocéenne. Mehdi, « totalement inconnu des services de police et de justice », selon le procureur Nicolas Bessone, a succombé à plusieurs tirs de pistolet après avoir été visé par deux individus circulant à moto. Les auteurs sont toujours en fuite. Mais derrière ce drame se dessine une dimension plus grave encore : la victime était le frère cadet d’Amine Kessaci, figure marseillaise engagée dans la lutte contre le narcotrafic et fondateur de l’association Conscience. Cinq ans après l’assassinat barbare de son frère aîné Brahim, en 2020, la famille Kessaci est de nouveau frappée par la violence criminelle.
Une stupéfaction collective
Dans toutes les sphères de la vie publique marseillaise associatives, citoyennes, politiques la stupeur domine. S’il s’agit d’une intimidation indirecte visant un militant connu pour son engagement contre les réseaux de stupéfiants, alors c’est un tournant majeur, un signal profondément préoccupant envoyé à celles et ceux qui refusent que le narcotrafic impose sa loi à Marseille. « On entrerait dans une nouvelle phase », a expliqué le maire Benoît Payan, rappelant qu’un tel scénario rappellerait les heures sombres de l’assassinat du juge Michel en 1981. « Dans ce cas, il s’agit de faire taire celles et ceux qui parlent », alerte-t-il. L’hypothèse d’un « assassinat d’avertissement » visant à atteindre Amine Kessaci « par ricochet » n’est pas exclue, selon le procureur de Marseille.
Qui est Amine Kessaci ? Un militant devenu symbole
Âgé de 22 ans, Amine Kessaci s’est imposé en quelques années comme l’un des visages les plus reconnus de la lutte citoyenne contre le narcotrafic. Après la mort atroce de son frère Brahim, il fonde l’association Conscience, qui revendique aujourd’hui 800 membres mobilisés dans quatre villes de France.
Son combat juridique, social, psychologique vise à redonner une voix et une dignité aux victimes et à leurs familles. Amine avait récemment publié Marseille, essuie tes larmes, un livre-hommage à Brahim et un cri d’alarme face à l’emprise croissante des réseaux. Proche des écologistes, il avait été candidat aux législatives de 2024, manquant l’élection de peu. Ces dernières semaines, il avait dû quitter Marseille, placé sous protection policière après des menaces explicites.
Une famille brisée, une ville ébranlée Pour Marseille, ce nouvel assassinat est un drame humain, mais aussi un choc symbolique.
Mehdi Kessaci, qui souhaitait devenir policier, représentait l’image de ces jeunes qui refusent la fatalité, qui veulent reconstruire et protéger leur ville.
« C’est terrible pour Marseille »
réagi le maire. En 2025, 14 personnes ont déjà perdu la vie dans des narchomicides dans les Bouches-du-Rhône. Mais cette fois, la cible pourrait avoir été choisie pour envoyer un message.
Face à la menace : un devoir de courage citoyen
Si l’objectif des criminels était de semer la peur, alors ils ont touché un point névralgique. Car en s’en prenant à la famille d’un militant emblématique, c’est toute la société civile qui est visée celles et ceux qui refusent l’emprise du narcotrafic, qui témoignent, qui dénoncent, qui s’organisent, qui refusent de céder.
Si cette attaque est une intimidation, alors elle marque un cap inédit.
Elle signifie que la parole citoyenne, la mobilisation associative, le refus de la loi des gangs deviennent des cibles à abattre. C’est pourquoi il est impératif de réfléchir au-delà des frontières, au-delà des clivages partisans ou institutionnels. La réponse à cette menace doit être collective, coordonnée, et surtout courageuse. À cette situation, nous devons opposer non seulement les moyens de l’État, mais aussi notre courage citoyen. Celui de ne pas se taire. Celui de ne pas se résigner. Celui de soutenir celles et ceux qui luttent, souvent au péril de leur vie, pour que Marseille ne sombre pas dans une zone de non-droit.
Philippe Arcamone




![[Vox Méridional]Obsèques de Mehdi Kessaci : un adieu intime, un cri d’alerte pour une ville sous pression.](https://lemeridional.com/wp-content/uploads/2025/11/2019-12-09.jpg)
![[Vox Méridional] Drones au Mali : la junte frappe les nomades, pas les jihadistes.](https://lemeridional.com/wp-content/uploads/2025/11/a93cf22b-648f-4207-a374-d98fb5bbcc8b.jpg)


![[Vox Méridional] Marseille frappée en plein cœur : après l’assassinat du frère d’Amine Kessaci, un tournant inquiétant dans la lutte contre le narcotrafic.](https://lemeridional.com/wp-content/uploads/2025/11/download.jpg)







