« Les PME/PMI peuvent se réinventer plus vite »

Mathieu Hetzer, président du CJD, plaide pour une mutation profonde des entreprises. ©Alain Robert-Le Méridional

Mathieu Hetzer, président du CJD, Centre des jeunes dirigeants, a participé au forum des entrepreneurs Forever Young, organisé par l’UPE 13 le 15 octobre dernier à Marseille. Selon lui, les entreprises doivent repensé leur fonctionnement.


Qu’est-ce qui intéresse les jeunes aujourd’hui dans les entreprises ?

Je parle beaucoup de sens dans l’entreprise. C’est vrai que les méthodes de travail diffèrent selon qu’on a 25, 45 ou 65 ans. Nous sommes convaincus au CJD de l’importance de l’intergénérationnel. Les seniors ont énormément à apprendre aux jeunes, avec le mentorat par exemple. Les jeunes, eux apportent un nouveau regard sur le monde, une approche différente. Ils se questionnent sur les raisons d’aller travailler le matin, sur l’importance de donner du sens au métier qu’ils font, sur l’utilité de ce qu’ils font. Il est important de mélanger les générations.

De plus en plus de jeunes veulent être leur propre patron. Comment l’expliquez-vous ?

C’est ce qui permet, surtout dans la situation actuelle, de se réinventer, de changer de modèle. Au CJD, nous travaillons à transformer les dirigeants pour transformer les entreprises, pour qu’ils bâtissent des entreprises robustes, qui innovent sur le plan social et sur le plan environnemental, qui se préparent au monde de demain. Les entreprises, comme on les connaît depuis le début de l’ère industrielle, n’existeront plus dans 30 ans. Il leur faut plus de résilience pour avancer.

Quelles sont les solutions ?

Soit on attend et on subit, soit on se met en mouvement et on agit, avec optimisme, pour apporter notre pierre à l’édifice, pour faire notre part au niveau politique aussi et mettre nos idées, nos convictions au service de l’intérêt général. Depuis 1938, le CJD a milité pour la création de l’assurance-chômage, la reconnaissance de la section syndicale d’entreprise, la légalisation de l’alternance ou plus récemment pour la semaine de 4 jours. Nous essayons d’être partie prenante principalement sur le plan social, car c’est un mouvement profondément humaniste. Nous mettons l’homme au cœur de l’entreprise. Et l’entreprise doit être au service du vivant et plus globalement de la planète. La performance économique a du sens seulement si elle est au service de la performance sociale, sociétale et environnementale.

Selon vous, il faut repenser complètement l’entreprise ?

Il s’agit de voir comment on met nos entreprises au service d’une cause qui les dépasse. Pour essayer, chacun à sa façon, de contribuer à changer un peu le monde, à commencer par le quotidien de nos collaborateurs, en leur expliquant la mission et la vision de l’entreprise, qui peuvent être coconstruites avec les salariés. Beaucoup d’entreprises du CJD partagent leur gouvernance et leurs salariés prennent part aux décisions. Il faut sortir de ce cadre trop rigide.

Est-ce que cela explique l’émergence de nombreuses startups ?

Je représente 6 000 dirigeants de TPE-PME et je coordonne 144 associations locales et régionales (dont le CJD Marseille et le CJD PACA, ndlr). Je connais bien ces petites entreprises. Elles permettent à chacun de déployer ses ailes et de révéler son potentiel. Ce qui n’est pas toujours possible dans de grandes entreprises où les salariés sont parfois cantonnés à certaines missions. Les TPE-PME peuvent être fragiles, mais elles sont capables de se réinventer beaucoup plus vite. Elles sont indispensables aujourd’hui pour imaginer des solutions que les grands groupes n’oseront jamais mettre en place.

Séverine Krikorian

Photos: Alain Robert – Le Méridional