La rentrée sociale se poursuit, mais l’élan s’essouffle. Après les journées des 10 et 18 septembre, qui avaient marqué le retour en force des syndicats dans la rue, la mobilisation du jeudi 2 octobre apparaît en net repli. À Marseille, le cortège parti du Vieux-Port a rassemblé quelque 4 000 manifestants selon la préfecture de police, loin des chiffres précédents, même si les syndicats assurent que la détermination reste intacte.
Les premiers rangs du cortège se sont élancés en fin de matinée du Vieux-Port, banderoles déployées, au rythme des slogans appelant à plus de justice sociale. Et en musique.
Le parcours a emprunté le quai du Port jusqu’au Mucem, avant de rejoindre la Porte d’Aix. L’ambiance était animée, mais moins dense que lors des mobilisations précédentes : la préfecture a recensé environ 4 000 participants, contre 8 000 le 10 septembre et 15 000 le 18 septembre.
Maintenir la pression sur l’exécutif
Si la mobilisation recule, l’intersyndicale entend néanmoins « maintenir la pression » à quelques jours du discours de politique générale du Premier ministre. C’est la troisième journée de mobilisation vécue par Sébastien Lecornu depuis sa nomination. « Il doit entendre le ras-le-bol social dans ce pays », lance un militant CGT, drapeau rouge à la main.
La réforme des retraites, toujours jugée « inadmissible », reste au cœur des revendications. Mais les manifestants réclament aussi davantage de taxation pour les plus riches et des mesures fortes en faveur du pouvoir d’achat.
Une fonction publique en colère
Dans les rangs, beaucoup d’enseignants, d’agents hospitaliers, territoriaux ou douaniers dénonçaient la mise à contribution de la fonction publique dans le budget 2026 en préparation.

« On nous demande toujours de faire plus avec moins. Dans mon service, on compte chaque gant, chaque seringue… Pendant ce temps, des milliards sont distribués aux grandes entreprises. La colère est là , même si on est un peu moins nombreux dans la rue aujourd’hui », assène Laurence, infirmière en vacances à Marseille, venue manifester malgré tout.
Du côté de l’Éducation nationale, même constat. « Dans mon école, on manque de tout : d’ATSEM, de matériel, même de chaises pour les élèves. Et on voudrait encore reculer nos retraites ? Les jeunes enseignants partent déjà en burn-out. On se bat pour eux aussi », s’indigne une professeure des écoles des quartiers Nord.
Les retraités mobilisés
Les retraités présents dans le cortège exprimaient eux aussi leur amertume. Dominique, 68 ans, venu d’Aubagne, confie : « On nous traite comme une charge, alors qu’on a cotisé toute notre vie. Les pensions stagnent, le coût de la vie explose. Si je descends encore dans la rue à mon âge, c’est pour que mes petits-enfants aient mieux que ça. »

Le cortège marseillais s’est dispersé vers 13 h 30 sans incident.
Textes Victoire Faustin
Photos Alain Robert – Le Méridional
La manifestation en trois portraits

Marseillais et intermittent du spectacle, Clément, 35 ans, est traducteur et comédien. Sur le Vieux-Port, il ne passa pas inaperçu avec sa pancarte artisanale « Taxez les riches » :
« J’ai déjà manifesté lors des deux premières journées de mobilisation. Cela fait plusieurs années que les gouvernements successifs ne respectent pas le résultat des urnes. Nous sommes une majorité dans ce pays à vouloir l’abrogation de la réforme des retraites et plus de services publics et de vraies actions pour la transition écologique. »
Clément, 35 ans, intermittent du spectacle

Elodie et Charlotte travaillent au SPIP (service pénitentiaire d’insertion et de probation) à Marseille. C’est leur première manifestation depuis septembre :
« Nous sommes là pour dénoncer les problèmes de budget et la politique pénale actuelle. Le 9 octobre, nous participerons à la mobilisation nationale des SPIPS à Paris. Les budgets d’insertion et de fonctionnement sont en baisse. Nous sommes en sous-effectif. Les postes ne sont pas ouverts pour des raisons budgétaires. A Marseille, nous suivons 4000 personnes en milieu ouvert plus les détenus des Baumettes. Des personnes majeures et condamnées, un public en insertion difficile…
Elodie et Charlotte travaillent au SPIP (service pénitentiaire d’insertion et de probation) à Marseille
La politique pénale actuelle nous empêche de travailler correctement.»

Roselyne, 75 ans, assistante sociale à la retraite, est porte-parole de l’UNIRS (Union nationale interprofessionnelle des retraités solidaires) :
« Les retraités sont très inquiets pour l’avenir. Ils sont responsables de tous les maux de la société.
Roselyne, 75 ans, assistante sociale à la retraite, porte-parole de l’UNIRS (Union nationale interprofessionnelle des retraités solidaires)
Avec moins de services publics et associatifs, le contrat social est mis à mal. On ne peut pas sacrifier le pacte social qui est une fierté. La Sécurité sociale est un trésor, on ne peut pas revenir 80 ans en arrière. On ne peut pas accepter de laisser la santé et le soin aux personnes âgées être accaparés par de grands groupes privés. »