François Bayrou sonne la charge contre le doute et les extrêmes

À L’Isle-sur-la-Sorgue, François Bayrou a clôturé dimanche 28 septembre les universités de rentrée du Mouvement démocrate. Trois semaines après la chute de son gouvernement, l’ancien Premier ministre a livré un discours dense, appelant à l’unité, à la lucidité et à la confiance dans l’avenir.

« C’est une fierté qui m’habite que nous ayons su constituer
une équipe,
avec l’unité pour règle »,

a lancé François Bayrou devant plusieurs centaines de militants centristes. Ce discours, au-delà du MoDem, marquait son retour sur la scène politique nationale, après avoir dirigé le 46e gouvernement de la Ve République pendant neuf mois, entre décembre 2024 et septembre 2025.

Rappelons que le 8 septembre dernier, son gouvernement a été renversé par un vote de confiance négatif, une première sous la Ve République.

À Matignon, le maire de Pau avait tenté de stabiliser un Parlement sans majorité absolue autour de trois priorités : la consolidation budgétaire, la relance économique et la cohésion sociale.

Un plaidoyer pour la République et l’intégration

À L’Isle-sur-la-Sorgue, il a tiré les leçons de son expérience. « Un pays qui doute est un pays qui s’affaiblit », a-t-il martelé, appelant à dépasser les obsessions des extrêmes : « l’un centré sur l’immigration, l’autre sur la stigmatisation des riches ». Sur l’intégration, il a insisté : « Ce n’est pas la foi qui fait la loi, c’est la loi qui protège la foi », défendant une République laïque, protectrice et unificatrice.

La dette, l’Ukraine et la loi PLM

L’ancien chef du gouvernement a également évoqué la dette publique, « un problème vital », plaidant pour un endettement productif tourné vers l’investissement. Sur le plan international, il a réaffirmé le soutien indéfectible de la France à l’Ukraine. Et il a salué « la loi PLM » (Paris-Lyon-Marseille), réforme institutionnelle adoptée sous son gouvernement en vue des élections municipales de mars prochain. « Personne ne croyait qu’on pouvait y arriver », a-t-il asséné avec fierté.

Une mise en garde sur l’exécution provisoire

Dans un contexte marqué par l’actualité judiciaire, François Bayrou a aussi réagi à la condamnation de Nicolas Sarkozy à cinq ans de prison pour association de malfaiteurs avec mandat de dépôt à effet différé, assorti de l’exécution provisoire. « Si l’exécution provisoire est généralisée, il n’y a plus d’appel possible », a-t-il averti, rappelant que le double degré de juridiction constitue un pilier essentiel de l’État de droit. Une manière pour lui de replacer le débat judiciaire au cœur des garanties démocratiques.

Un appel aux jeunes, sans se projeter en 2027

Enfin, François Bayrou a tenu à adresser un message aux jeunes générations : « Chaque jeune doit avoir une deuxième ou une troisième chance », a-t-il insisté, appelant à une société qui n’abandonne personne et qui lutte contre « l’extrême violence qui s’installe dans l’espace public et la démocratie ».

Alors que des rumeurs bruissaient autour d’une possible candidature à l’élection présidentielle de 2027, l’ancien Premier ministre est resté silencieux sur ce point. Un choix qui donne à ce discours des allures de bilan et de transmission, plus que d’annonce personnelle.

Victoire Faustin

Photos : Alain Robert – Le Méridional

Les idées fortes du discours de François Bayrou lors de la clôture de l’Université de rentrée du Mouvement démocrate dimanche 28 septembre à L’Isle-sur-la-Sorgue

« Ce n’est pas la foi qui fait la loi, c’est la loi qui protège la foi »

 » L’intégration doit passer par le travail, la maîtrise et la transmission de la langue française et l’acceptation des principes qui nous font vivre ensemble. » a dit François Bayrou, en s’exprimant sur sa vision de l’immigration en référence à ce qu’il appelle « l’obsession du Rassemblement national ». Et d’ajouter :  » On doit veiller à ce que les flux soient maîtrisés et que les frontières ne soient pas poreuses. »

« Un pays qui doute est un pays qui s’affaiblit »

François Bayrou alerte sur le climat de défiance qui mine la démocratie : peur de l’avenir, obsession des extrêmes, déni de la dette. Pour lui, la France doit sortir de cette torpeur et assumer ses responsabilités. L’obsession anti-immigration d’un côté et la stigmatisation des réussites de l’autre sont deux fuites en avant qui empêchent de bâtir un projet collectif solide et positif.

Photos : Alain Robert – Le Méridional