Valérie Boyer et Sylvain Souvestre réclament la libération de Boualem Sansal

Deux élus marseillais ont choisi le terrain plutôt que le silence. Une mobilisation symbolique, mais aussi un tacle à la majorité municipale, trop occupée à compter ses soutiens avant la rentrée politique.

« Face au silence de Benoît Payan, j’étais devant le consulat d’Algérie de Marseille pour rappeler que Boualem Sansal est l’otage de l’Algérie », écrit Valérie Boyer dans un post publié dimanche soir. La sénatrice LR des Bouches-du-Rhône n’a pas fait le déplacement seule : à ses côtés, Sylvain Souvestre, maire LR des 11/12e, venu réclamer la libération de l’écrivain algérien.

Le décor n’a rien d’anodin : une poignée d’élus plantés devant les grilles du consulat algérien, quelques passants intrigués, et une cause qui dépasse largement les murs de la rue Paradis. Boualem Sansal, figure respectée de la littérature francophone, critique assumé du régime d’Alger, est enfermé depuis des mois. Son nom résonne comme un symbole : celui d’une liberté d’expression muselée.

À Marseille, la droite a choisi de se montrer. La gauche municipale, elle, se tait. Benoît Payan et son équipe préfèrent se concentrer sur le vote de confiance, les manifestations du 10 septembre et les calculs déjà lancés pour 2026. Pendant que certains comptent leurs voix, d’autres comptent leurs amis.

Valérie Boyer, elle, n’a pas l’habitude de tourner la tête. On l’a vue défendre les Arméniens, la voilà aux côtés des intellectuels persécutés. Une constance : celle de ne pas abandonner les causes justes, même lorsqu’elles paraissent lointaines. Car ces combats, au fond, touchent toujours les Marseillais. La diaspora, les liens culturels, la langue française partagée : tout ramène ici.

Et l’affaire Sansal dépasse largement Marseille. Depuis novembre, les appels se multiplient au Parlement. En mars, une résolution à l’Assemblée nationale a déclenché une polémique quand une partie de la gauche s’est abstenue. « Honteux et choquant », a réagi la droite. En mai, une résolution unanime a finalement réclamé sa libération immédiate. Au Sénat, des voix comme Laurence Rossignol ont rappelé que Sansal est « notre ressortissant ».

C’est dans ce sillage que s’inscrit la mobilisation de Boyer et Souvestre. Ils n’ont ni les leviers diplomatiques, ni le poids des résolutions parlementaires. Mais leur présence devant le consulat envoie un message clair : quand la majorité détourne le regard, certains élus locaux s’indignent encore.

Et c’est bien là tout l’enjeu. À quoi servent nos représentants s’ils ne sont pas capables de hausser le ton quand une voix libre est bâillonnée ?  Valérie Boyer et Sylvain Souvestre ont rappelé que la politique ne se résume pas à des majorités fragiles et à des échéances électorales. Parfois, elle commence par un simple geste : se tenir debout, et dire non.

Stephan Der Agopian