Habitat Marseille Provence : quand les vieux éléphants quittent le troupeau

Le communiqué de dimanche dernier de Martine Vassal actant l’impossibilité pour Patrick Pappalardo de rester à la tête d’Habitat Marseille Provence n’est pas qu’une péripétie locale marquant la fin de l’été. Derrière cette éviction se dessine une fracture profonde : celle d’une vieille droite provençale en perte de repères, tentée par le RN, face à une nouvelle génération qui, elle, regarde ailleurs.

Avant même que Patrick Pappalardo n’ait officiellement annoncé son adhésion au RN, Martine Vassal a dégainé. Dans un communiqué de presse diffusé dimanche soir, la présidente de la Métropole et du Département prend acte de son ralliement à « l’UDR et au RN », et tranche : Â« Dans ces conditions, il n’est plus possible pour Patrick Pappalardo de se maintenir à son poste ». En clair, la porte est fermée, et l’éviction actée.

Un communiqué court et sec, presque administratif. Pas un mot sur le bilan du président sortant, ni sur les enjeux brûlants du logement social marseillais : rénovation du parc, attente des familles, gestion des listes. Juste un constat politique qui prend même des allures d’avertissements pour les autres : loyauté rompue, mandat terminé. Vassal en profite donc pour réaffirmer son engagement auprès de LR et son rôle de garante des institutions — Métropole, Département, et même « Départements de France » en toile de fond.

Le message va au-delà du logement et d’une défection politique. Il s’agit de fixer une ligne rouge. Pappalardo, comme d’autres avant lui et certainement après lui, incarne cette génération d’élus de droite, usés, marginalisés, qui finissent par céder aux sirènes du RN. Par calcul électoral, par rancune envers leurs propres appareils, ou simplement pour continuer à exister.

À Marseille et en Provence, ces « vieux éléphants » changent de point d’eau, persuadés que l’extrême droite leur offrira un petit coin d’ombre, voire une seconde jeunesse politique. Pendant ce temps, les jeunes cadres et élus de la droite traditionnelle explorent une autre voie : un libéralisme assumé, pro-entreprises, plus en phase avec les attentes des classes moyennes urbaines.

En clair, Pappalardo d’Habitat Marseille Provence n’est qu’un épisode de la saga de la rentrée. Une histoire plus vaste sur la savane politique provençale avec de vieux éléphants, fatigués, qui s’égarent dans les oasis du RN pour une ombre illusoire, d’autres qui se mêlent aux herbivores macroniens avançant en troupeau compact, espérant retarder l’inévitable. Pendant ce temps, les jeunes fauves, tapis dans l’ombre, aiguisent leurs griffes et attendent le bon moment pour bondir.

Stephan Der Agopian

Photo : Provence Métropole Logement