
À l’occasion des 110 ans du génocide arménien, la présidente du Département des Bouches-du-Rhône a annoncé la création d’un lieu de mémoire dans le 11e arrondissement de Marseille. Un projet personnel autant qu’institutionnel, porté par l’histoire familiale et un engagement constant.
Le 24 avril, au cœur de la cérémonie de commémoration du génocide arménien à Marseille, Martine Vassal n’a pas seulement pris la parole. Elle a posé un acte. Un engagement pour la transmission : la création d’un lieu de mémoire dédié aux victimes du génocide arménien, au sein du parc départemental de la Denise, dans le 11e arrondissement.
« Ce sera un espace de recueillement mais aussi de vie, ouvert à toutes les générations », a-t-elle annoncé. « Le souvenir est une exigence pour l’avenir, l’oubli n’est pas une option. »
Ces mots ne tombent pas du ciel. Ils s’ancrent dans une mémoire familiale, transmise à voix basse, marquée par l’exil et la pudeur. Martine Vassal, descendante de rescapés, a évoqué sa grand-mère, inquiète du moindre renouvellement de carte de séjour. La peur de l’effacement. Le réflexe de discrétion. Et cette phrase qui revient comme une injonction générationnelle : « Ne vous faites pas remarquer. »
« La mémoire est un acte de justice »
Mais aujourd’hui, dit la présidente (DVD) du Département des Bouches-du-Rhône, il ne faut plus taire. Il faut nommer, expliquer, transmettre. Et ce lieu est pensé comme un levier pour cela. Implanté dans un espace naturel de 2,7 hectares au pied du massif de l’Étoile, ce mémorial de plein air viendra inscrire la mémoire dans le paysage marseillais, loin du marbre figé, proche des familles, des enfants, du vivant.
Le projet ne sera pas mené seul. Dès la mi-journée, une réunion de travail s’est tenue à l’Hôtel du Département avec les représentants des communautés arméniennes, pour lancer un comité de réflexion.
Cet engagement s’inscrit dans une trajectoire plus longue. Un communiqué du Département rappelle que le soutien de Martine Vassal au CCAF Sud ne date pas d’hier, et qu’en 2024, lors d’un déplacement officiel en Arménie, elle avait rencontré les plus hautes autorités du pays, ainsi que des familles de prisonniers et de réfugiés.
En 2025, ce lien se prolonge par des actions éducatives, culturelles et humanitaires. « La mémoire est un acte de justice », affirme-t-elle. Un acte, donc. Et bientôt, un lieu.
Narjasse Kerboua