Moins 20% sur les abonnements TER, qui paiera l’addition ?

La Région Sud annonce une réduction de 20% sur les abonnements TER à partir du 1er juillet 2025. Une mesure pour soutenir le pouvoir d’achat, assortie d’un dispositif inédit de remboursement en cas de retards. Pour financer cette politique, une contribution des entreprises est envisagée, au grand dam du patronat.

C’est une offensive tarifaire inédite dans le paysage ferroviaire régional. À partir du 1er juillet 2025, la Région Sud appliquera une baisse de 20% sur tous les abonnements TER. Une mesure destinée à encourager les salariés à laisser leur voiture au garage et à adopter le train pour leurs trajets domicile-travail.

Mais ce n’est pas tout. L’exécutif régional lance aussi un dispositif « satisfait ou remboursé ». Si, sur une ligne donnée, moins de 80 % des trains sont à l’heure, les usagers abonnés seront remboursés. Une première en France, et un message clair envoyé à la SNCF : la qualité de service n’est plus une option. Une manière de replacer la Région en donneur d’ordre face à l’opérateur historique, à l’heure où les lignes s’ouvrent à la concurrence.

Une politique financée en partie par les entreprises

En 2024, la Région Sud a porté à 1,53 milliard d’euros son budget pour les transports, soit +43 % par rapport à l’année précédente. Pour poursuivre cette trajectoire, elle souhaite mettre en œuvre, dès 2025, l’extension du versement mobilité, désormais autorisée par la loi de finances.

L’idée : prélever jusqu’à 0,15 % de la masse salariale des entreprises concernées, afin de réinjecter jusqu’à 80 millions d’euros par an dans les trains, les cars et la transition énergétique du réseau (+30 % de trains et +6 % de cars régionaux en 2025).

Un choix que plusieurs Régions ont refusé, mais qui a été « validé », dit Renaud Muselier, « à l’unanimité des présidents de Région à Régions de France », à l’instar de la Bourgogne-Franche-Comté, de la Bretagne, du Centre-Val de Loire, de la Nouvelle-Aquitaine ou encore de l’Occitanie. Soit « un peu plus de la moitié des Régions métropolitaines ».

Le patronat vent debout contre une taxe jugée injuste

Mais le patronat local monte au front. Plusieurs organisations – dont le Medef Sud, l’UPE 13 et d’autres unions départementales – dénoncent un nouvel impôt qui « alourdit le coût du travail » et crée une double peine pour les entreprises déjà assujetties à cette taxe dans les grandes agglomérations.

Une position relayée par le Comité des partenaires régional (Copart), organe consultatif créé par la Région en 2022. « Une frange minoritaire et très médiatisée du patronat », corrige Renaud Muselier, qui rappelle que seules les entreprises de plus de 11 salariés sont concernées.

En tête de la fronde, Pierre Ippolito, président de l’UPE 06, qui a choisi de médiatiser sa critique sans passer par un échange direct avec l’exécutif régional. Une méthode qui agace Renaud Muselier. « Ne pas m’écrire, ne pas me parler et me faire une pétition que je découvre par voie de presse, ça surprend », tacle-t-il, assurant avoir tenté de nouer le dialogue à plusieurs reprises : « Je l’ai invité trois fois, il n’est jamais venu. Je ne vais pas lui courir après. »

Face aux critiques du patronat, l’élu régional recadre : « Certains membres du Medef semblent oublier qu’ils doivent représenter 100% des entreprises, pas seulement les 3,5% concernées par la taxe. » Et de rappeler que la Région a injecté « 9,6 milliards d’euros dans la vie économique régionale » depuis son arrivée à la tête de l’exécutif. « Soyons modestes. »

Une contribution que Renaud Muselier juge “marginale”

Pour le président de Région, la participation des entreprises à la mobilité « reste marginale » : 3,5 % contribueraient réellement, selon les chiffres évoqués. « Pour les entreprises concernées, la contribution représente environ 5,40 euros par mois et par salarié, soit environ 60 euros par mois pour une entreprise de 11 salariés, ce qui revient à 360 euros par an », chiffre-t-il.

Un coût qu’il estime largement compensé par les bénéfices attendus : réduction des émissions de CO₂, amélioration des conditions de transport et soutien à la mobilité des actifs. « Ces économies profiteront aux salariés, qui représentent 96 % de nos abonnés, et aux entreprises qui prennent en charge 50 % du prix des abonnements. »

Les acteurs économiques, eux, appellent à mobiliser d’autres leviers : taxe de séjour, révision des contributions des usagers, crédits carbone du transport aérien ou encore augmentation du prix des billets. Des pistes que la Région écarte pour l’instant, au nom d’un effort qu’elle juge plus juste, mieux réparti et plus compatible avec ses objectifs de transition écologique.

N.K.