À la veille de l’assemblée plénière, Renaud Muselier a présenté la nouvelle « trajectoire VALEURS », réponse politique régionale à un contexte international tendu. Sécurité, santé, agriculture, culture… dix premières mesures pour tenir la ligne.
« On pourrait se dire que tout va bien. Mais non. Je suis un peu perturbé. » Conflits armés, pression géopolitique, retour de Donald Trump, finances publiques sous tension… Le président de la Région Sud, Renaud Muselier, ne masqué ses inquiétudes. Une inquiétude presque existentielle.
Face à ce qu’il qualifie de « bouleversement mondial à très court terme », l’exécutif régional entend marquer sa différence. « On ne peut pas rester inactifs, attendre. Il faut montrer que la Région Sud est un pôle de stabilité, de compétence, d’efficacité », insiste-t-il. Le contexte impose, selon lui, une réaction forte des territoires. D’où la mission confiée à François de Canson, Jean-Pierre Colin et Véronique Borre d’élaborer une trajectoire politique à la hauteur des enjeux nationaux et internationaux.
« Réaffirmer les objectifs qu’on porte depuis le départ »
La réponse de la Région tient en un mot : VALEURS. Un acronyme pour Vision, Autorité, Liberté, Europe, Unité, Respect, Souveraineté, censé incarner une « trajectoire claire, structurée, tournée vers la protection des habitants et la résilience du territoire », selon le président délégué de Régions de France.
Pour donner corps à cette doctrine politique, dix premières mesures concrètes seront votées ce mercredi 23 avril en plénière. Elles couvrent large : de la sécurité au soutien aux chercheurs américains, en passant par les transports, la formation ou encore la culture.
Une déclaration de principes, mais surtout un programme d’action. « Réécrire notre trajectoire régionale dans un contexte aussi compliqué, c’est réaffirmer les objectifs qu’on porte depuis le départ : les Jeux Olympiques, la transition écologique, et faire en sorte que dans ce territoire béni des dieux, on puisse continuer à être une région du bonheur », résume François de Canson.
Sécurité et souveraineté, en première ligne
La première mesure concerne la sécurité. Quinze millions d’euros supplémentaires seront injectés dans le dispositif « Région Sud, une région sûre », en soutien aux forces de l’ordre, aux communes, à la sécurité civile et à l’administration pénitentiaire. « Ce dispositif avait déjà fait ses preuves. Nous en sortons même du cadre strictement régional, pour répondre à une attente réelle des forces de sécurité », souligne le vice-président.
Deuxième axe : l’économie et la défense. Une opération d’intérêt régional « Sécurité-Défense » sera lancée, avec l’ambition de capter soixante-dix millions d’euros de fonds européens. « Il s’agit de faire un inventaire complet de nos capacités dans ce secteur, de mettre en lien les entreprises avec la DGA, et d’adapter la formation aux besoins », expliqué François de Canson, évoquant le rôle structurant de sites comme Toulon, Istres ou Canjuers.
Santé, agriculture, recherche… ancrage local et ouverture internationale
Sur le plan sanitaire, la Région poursuit l’objectif de quinze maisons de santé supplémentaires ouvertes par an, pour atteindre 210 structures d’ici à 2028. Une politique ancrée dans les territoires ruraux. En agriculture, cinquante millions d’euros seront débloqués pour soutenir les exploitations affectées par l’instabilité mondiale, notamment les tensions douanières avec les États-Unis.
La recherche aussi s’inscrit dans cette trajectoire. Le lancement du « Welcome Act régional » vise à attirer les chercheurs américains en quête d’un nouveau point d’ancrage, dans un contexte de désengagement fédéral. « On sait que beaucoup cherchent un camp de base. Nous voulons que ce soit ici, dans nos universités », plaidé le vice-président.
Pour une science libre et audacieuse, la Région Sud est terre d’accueil ! 🧪🔬
— Renaud Muselier (@RenaudMuselier) April 10, 2025
Nous allons lancer un /Welcome Act/ régional, dispositif pour soutenir l’accueil de chercheurs et étudiants américains.
Merci à Aix-Marseille Université d’avoir été précurseur et inspirante ! 🇺🇸🇫🇷 pic.twitter.com/J60GeVT5oZ
Le lien entre sport, culture et valeurs républicaines est également mis en avant. Un contrôle renforcé des subventions permettra de repérer les foyers de radicalisation, de séparatisme ou les entorses à la laïcité. Une plateforme de signalement sera lancée.
Un plan décennal pour la culture régionale doit par ailleurs garantir la continuité des politiques artistiques. « On parle d’autorité, on parle de liberté : la culture est au croisement des deux. Il faut lui donner un horizon », précisé l’élu régional.
« Satisfait ou remboursé » pour les trains régionaux
Sur les transports, l’exécutif annonce une baisse de 20% des abonnements sur l’ensemble du territoire. Autre innovation : un dispositif « satisfait ou remboursé » s’appliquera si moins de 80% des trains sont à l’heure sur une ligne donnée.
L’écriture inclusive est bannie de l’administration régionale et des dossiers de subvention. La mesure, déjà mise en œuvre de façon informelle, devient une règle écrite. Enfin, un nouveau palier est franchi sur le volet sécurité : mobilisation des mille gardes régionaux dans les lycées, forêts et transports, et création d’une garde bénévole labellisée, issue des associations.
À ces dix premières mesures s’ajoutent d’autres engagements : gratuité des transports pour les militaires, expérimentation de la tenue unique dans un lycée, plan régional pour couvrir les zones blanches en 5G, campagne contre les arnaques en ligne, distribution de capuchons de verre dans les festivals, et soutien à la très haute tension pour renforcer la souveraineté énergétique.
« Ces mesures ne sont pas un affichage, ce sont des engagements concrets au service de ce que nous sommes et de ce que nous voulons rester », conclut Renaud Muselier. La plénière prévue ce mercredi 23 avril en scellera la première étape.
N.K.