À la cathédrale de La Major, Marseille rend grâce au pape François

Ce lundi 21 avril 2025, Marseille a rendu grâce pour le pape François lors d’une messe solennelle présidée par le cardinal Jean-Marc Aveline, archevêque de Marseille. La cathédrale de La Major a réuni dans l’émotion les Marseillais, venus témoigner leur reconnaissance envers celui qui avait suscité « un nouveau tressaillement de foi, d’espérance et de charité » lors de sa visite mémorable en septembre 2023.

Ce lundi 21 avril 2025, à 19h, la cathédrale de la Major s’est emplie d’un silence ému. Tandis que le soleil se couchait lentement sur la mer, baignant le ciel de Marseille de ses dernières lueurs dorées, une foule dense mais recueillie s’est rassemblée pour une messe d’action de grâces en mémoire du pape François.

Familles venues de tous les quartiers de la ville, jeunes et anciens, croyants de toujours ou cœurs en recherche… tous ont convergé vers ce lieu emblématique pour dire un dernier mot simple et bouleversant : « Merci ».

Merci à celui qui, la veille, au dimanche de Pâques, avait donné sa dernière bénédiction Urbi et Orbi, avant de rejoindre « la maison du Père », comme l’a rappelé le cardinal Jean-Marc Aveline dans une homélie empreinte d’une tendresse qui restera la marque d’une célébration pleine de gravité et de reconnaissance profonde.

Des souvenirs gravés dans les cœurs

De cette cathédrale résonne encore la voix de François, celle entendue lors des Rencontres méditerranéennes, les souvenirs de sa visite qui se sont mêlés à la prière. Le diocèse de Marseille n’a pas oublié ce passage marquant, qui avait redonné espoir à toute la Méditerranée. Le cardinal Jean-Marc Aveline a rappelé que le pape François était venu au Vélodrome pour éveiller la « mosaïque d’espérance », raviver la foi et tendre la main aux plus fragiles.


A Marseille, en 2023, depuis le palais du Pharo, le pape a comme rarement développé sa pensée profonde sur l’accueil des migrants, dans un long discours prononcé devant une assemblée d’évêques du pourtour méditerranéen et le président Macron. © Alain Robert

Lara, une des trois sœurs de la communauté des Disciples de l’Évangile, installée depuis près de dix ans à la Solidarité dans les quartiers Nord, parle, émue, du souvenir qu’elle souhaite garder du pape François : « J’ai pleuré ce matin. J’ai eu la chance de le rencontrer à son arrivée à Marseille en 2023 et, sans me retenir, j’ai crié “buongiorno”. »

Lara, ce soir, est restée liée aux paroissiens du quartier de Notre-Dame Limite : « Johnny, Béatrice, Thérèse ont appelé parce qu’ils semblaient touchés, mais aussi nos voisins de la cité, un couple originaire de Tunisie, musulmans, et une autre voisine malienne musulmane, qui nous ont adressé des condoléances chaleureuses. Et puis, les jeunes de la paroisse qui appellent pour qu’on les aide à organiser un temps de prière. » « C’est vrai », dira-t-elle, « les paroissiens les plus vulnérables se retrouvaient dans le message du pape, quand il interpellait les grands de ce monde. »

« Merci, pape François », répètent les fidèles pendant la messe. La cathédrale était remplie comme pour faire résonner ce merci marseillais. Merci d’avoir incarné l’Évangile avec simplicité et courage. Merci d’avoir porté l’Église vers les périphéries, vers les frontières, vers l’autre. Merci d’avoir aimé Marseille, et d’y avoir laissé une trace indélébile. Ce soir, la ville n’est pas en deuil. Elle est en prière. Elle est en gratitude. Et dans le silence de la Major, c’est tout un peuple qui dit au revoir à un pasteur qui a su parler à tous.

Philippe Arcamone