JO 2030 : la Solideo lance ses premiers chantiers olympiques

Réuni à l’Hôtel de Région, le conseil d’administration de la société de livraison des ouvrages olympiques (Solideo) pour les Jeux d’hiver 2030 a acté ce lundi 14 avril le lancement de quatre premiers projets. Trois sites prioritaires sont concernés : Nice, Briançon et La Plagne.

À un peu moins de six ans de l’ouverture des Jeux d’hiver 2030, et quelques couacs plus tard, les premiers jalons concrets viennent d’être posés. C’est à l’Hôtel de Région Sud, où la Société de livraison des ouvrages olympiques (Solideo) a installé son siège, que s’est tenue lundi 14 avril la première réunion de son conseil d’administration.

Deux mois après sa création par décret, la structure chargée de piloter les infrastructures pérennes des Jeux d’hiver entre officiellement en action. Aux côtés du comité d’organisation (Cojo), désigné en février et présidé par l’ancien champion Edgar Grospiron, la Solideo constitue l’autre bras armé du projet, en charge des ouvrages durables.

Une architecture de gouvernance déjà éprouvée lors des Jeux de Paris 2024, que l’exécutif et les collectivités ont choisi de reproduire dans les Alpes françaises. Un binôme opérationnel, sous la double présidence des régions Auvergne-Rhône-Alpes et Provence-Alpes-Côte d’Azur, qui doit désormais transformer l’élan politique en chantiers concrets.

Trois sites prioritaires, quatre projets engagés

« Ce sont quatre ouvrages très structurants que nous avons décidé d’engager dès maintenant », a résumé Damien Robert, directeur général de la Solideo. « La Solideo a deux mois d’existence, mais ses parents ont de grandes ambitions pour elle. »

Sur les dix sites olympiques prévus, trois font l’objet d’un traitement prioritaire. Chacun porte des enjeux d’aménagement et d’héritage identifiés dès la phase de candidature : Briançon, Nice et La Plagne. Ils concentrent les premiers investissements validés par le conseil d’administration, avec pour objectif de lancer les consultations dès les prochaines semaines.

Parmi les projets lancés figurent d’abord deux villages olympiques. Le premier sera implanté à Briançon (Hautes-Alpes), sur le site du fort des Têtes, monument classé au patrimoine mondial de l’Unesco.

Environ 1 000 athlètes y seront hébergés pendant les Jeux. « Dès les prochaines semaines, une consultation auprès d’opérateurs immobiliers sera lancée », a précisé Damien Robert, spécialiste de l’aménagement du territoire, afin de conjuguer vocation olympique et reconversion urbaine.

L’enjeu est double : accueillir les délégations dans des conditions optimales et créer, à l’issue des Jeux, un quartier de vie durable et accessible. Une liaison en ascenseur aérien entre la ville haute et la ville basse est également prévue.

À Nice (Alpes-Maritimes), le village olympique – le plus important en capacité – accueillera jusqu’à 1 500 athlètes, à proximité immédiate du stade Allianz Riviera et de la future patinoire. Déjà desservi par les transports en commun, le site incarne l’un des pôles majeurs des Jeux. Il accueillera également le seul équipement neuf de cette édition 2030 : une patinoire olympique d’environ 10 000 places, destinée aux épreuves de patinage artistique.

Pensée pour être durable, la structure sera transformée après les Jeux afin d’accueillir les pratiques sportives locales. Sa capacité sera réduite de moitié, et sa consommation énergétique divisée par deux par rapport à l’actuelle patinoire Jean-Bouin, a précisé Damien Robert.

Enfin, à La Plagne (Savoie), la rénovation de la mythique piste de bobsleigh de 1992 est confirmée. « Le maire a l’habitude de dire que c’est le plus grand frigo de France, on va en faire le plus performant », a glissé le directeur de la Solideo. L’objectif est de moderniser le site pour les épreuves de bobsleigh, luge et skeleton, tout en réduisant l’empreinte environnementale et en renforçant les capacités d’accueil des sportifs, des médias et du public.

Construire dans les temps, mieux, et pour l’avenir

L’ambition affichée reste celle de Jeux « festifs, sobres, respectueux et vertueux, selon les mots d’Edgar Grospiron.  Le défi est passionnant, mais le temps est compté. »

Un défi que la Solideo devra relever autour de trois grandes priorités, énoncées dans l’hémicycle de la Région Sud par la ministre des Sports, Marie Barsacq. La première : « construire dans les temps. On a cinq ans pour livrer l’ensemble des ouvrages qui serviront aux compétitions des Jeux. Il y aura quelques constructions, mais surtout beaucoup de travaux de rénovation », a-t-elle souligné.

Deuxième enjeu, la responsabilité budgétaire et environnementale. « Comme pour Paris 2024, on va devoir être exemplaire, sobre financièrement, et il faudra limiter les impacts sur l’environnement », a poursuivi celle qui fut en charge de l’impact et de l’héritage pour les Jeux d’été.

Enfin, l’utilité des aménagements à long terme : les Jeux doivent laisser un héritage concret et structurant. « Ils doivent être un accélérateur pour rendre nos stations et nos montagnes plus accessibles, plus durables et plus inclusives », a insisté la ministre, appelant à penser l’aménagement « au-delà de 2030 » comme l’a également souligné Marie-Amélie Le Fur.

La présidente du Comité paralympique et sportif français a rappelé que ces Jeux doivent « bénéficier à tous les publics, y compris les habitants des territoires hôtes », en plaidant pour « une montagne quatre saisons plus inclusive pour les personnes en situation de handicap ».


De gauche à droite : Edgar Grospiron, président du comité d’organisation des Jeux d’hiver 2030, Marie Barsacq, ministre des Sports, Renaud Muselier, président de la Région Sud et coprésident de la Solideo, et Fabrice Pannekoucke, vice-président de la région Auvergne-Rhône-Alpes, lors du conseil d’administration de la Solideo, le 14 avril 2025 à Marseille. © Alain Robert

« Rien ne se fait sans les maires. Tout se fait avec les territoires »

Du côté du mouvement sportif, David Lappartient a souligné la force du précédent parisien, salué à l’international. « Ce que vous avez fait, c’est extraordinaire. Partout dans le monde, on nous demande : comment avez-vous réussi ? » Si le président du Comité national olympique et sportif français (CNOSF) et membre du CIO, rend hommage à la méthode, il insiste surtout sur le socle de cette réussite : « Rien ne se fait sans les maires. Tout se fait avec les territoires. »

Une conviction partagée par les élus locaux, qui voient dans ces Jeux une opportunité de répondre aux défis spécifiques de la montagne. « Nous voulons que les Jeux soient un accélérateur pour nos stations, pour notre habitat, pour notre mobilité », a souligné Fabrice Pannekoucke, vice-président de la région Auvergne-Rhône-Alpes. Plus qu’un rendez-vous sportif, les Jeux sont envisagés comme un levier de transformation durable pour les vallées alpines. Dans les hautes-Alpes, un catalyseur de transformation, notamment en matière de transports.

À ce titre, pour Renaud Muselier, cette coopération territoriale porte une ambition à long terme : « Ces Jeux posent une vision d’avenir pour les Alpes françaises », pour les élever au niveau des standards internationaux, dans un contexte de mutation climatique et d’enjeux de diversification économiques.

L’élu a également rappelé les retombées économiques estimées, évoquant « 50 000 emplois, 3,6 milliards d’euros d’impact sur les territoires, et 1,6 milliard de recettes fiscales et sociales pour l’État ».

Ces chiffres, issus d’une étude du cabinet Asterès, illustrent les promesses d’un modèle pensé pour être sobre mais transformateur. Avec un coût d’organisation estimé à 3 milliards d’euros, dont un milliard pour les infrastructures pérennes, ces Jeux pourraient devenir les moins chers depuis Calgary, en 1988, à périmètre équivalent.

Ces quatre ouvrages structurants forment la première vague d’un plan plus large. La convention-cadre, attendue à l’automne 2025, viendra formaliser l’ensemble des objectifs, du calendrier et des financements.

Narjasse Kerboua


Cyril Linette, un feu vert attendu jeudi. Annoncé depuis plusieurs jours, la nomination de Cyril Linette comme directeur général du comité d’organisation des Jeux d’hiver 2030 (Cojop) devrait enfin être actée jeudi 17 avril, à l’occasion d’un conseil d’administration prévu au siège du Cojop à Décines, près de Lyon. Il n’y a qu’un nom qui circule nous glisse Edgar Grospiron. Choisi par le président du comité, l’ancien patron du PMU et de L’Équipe avait vu sa désignation retardée, faute de concertation suffisante avec les autres membres du « Club des cinq » (État, régions, mouvement sportif, paralympique et collectivités). Une manière de rappeler que, même en montagne, l’olympisme reste une affaire de méthode. « Aujourd’hui, c’était le temps de la Solideo, ça arrivera dans les prochains jours, nous a fait part Renaud Muselier. Et le président de la Région Sud d’ajouter : C’est un secret de polichinelle. Il fait l’unanimité. » Pour apaiser les tensions, Cyril Linette a mené une série de rendez-vous express ces derniers jours : échanges avec la ministre des Sports, les présidents des comités olympique et paralympique, rencontre avec Muselier, appel avec Fabrice Pannekoucke. « La semaine supplémentaire a permis d’avoir les discussions qui manquaient », a commenté Edgar Grospiron. Et Marie Barsacq d’ajouter dans un sourire : « Il y a un temps pour tout. Rendez-vous lors du conseil d’administration du Cojop jeudi. » N.K.