Jusqu’au 4 mai, Arles fait son cirque (romain)

Aerial Panorama of Arles, Bouches-du-Rhône, Provence, France

Jusqu’au 4 mai, la ville d’Arles remet la toge. Gladiateurs, clowns et Don Juan habitent les pierres antiques. Entre théâtre et patrimoine, la cité joue sa comédie.

À Arles, même les pierres ont le sens du spectacle. Pendant un mois, jusqu’au 4 mai 2025, la ville classée au patrimoine mondial par l’Unesco organise ses « Rendez-vous de Printemps ».

Une série d’expositions, de visites guidées et de performances un brin décalées dans les monuments de la cité romaine. Des thermes aux arènes, le patrimoine sort de sa torpeur pour se faire vivant, bruyant, joyeux.

On pourrait croire à une énième animation touristique. C’est en fait une réinvention discrète mais assumée : faire dialoguer la mémoire de la pierre avec la créativité contemporaine. Un pas de côté, dans un décor de carte postale.

Don Juan revisité, gladiateurs en goguette

Les Alyscamps, nécropole antique devenue flânerie romantique, accueillent l’artiste Florence Grundeler. Sa série « à l’écart », composée d’œuvres faites de toiles, cendres et tartalane, s’immisce entre les sarcophages comme une respiration, un pas suspendu dans l’allée funèbre.

Plus loin, les fantômes s’agitent. L’amphithéâtre, théâtre des massacres d’antan, se mue en piste pédagogique pour Acta, une compagnie de reconstitution historique. Médiation d’abord, baston ensuite. Les gladiateurs remontent sur le sable, pas pour mourir, mais pour expliquer.

Et puis il y a Don Juan. Mais pas celui de la Comédie-Française. À Arles, il est ressuscité par deux agents d’entretien propulsés sur scène, ou plutôt dans l’allée. La compagnie Le Rouge et le Vert transforme les Alyscamps en coulisses déjantées. Walk-movie dans la nécropole, où les spectres ont le fou rire.

Le patrimoine à l’heure burlesque

Dans les arènes ou au cloître Saint-Trophime, les visites deviennent des performances clownesques. La compagnie Née au Vent s’incruste : deux guides loufoques, Guides Émérites aux Mérites Homériques, comme ils disent, font vaciller l’autorité patrimoniale. Ils « enseignent tout ce qu’ils ignorent », et on en redemande.

Le théâtre antique ? Visité en tandem par deux énergumènes de la compagnie Bitume Palace. « La visite choc », promet le programme. En réalité, une joute d’anecdotes et de mauvaise foi joyeuse, entre érudition pop et facéties.

Même la musique s’invite aux Thermes de Constantin, où la compagnie Arthemusa tisse les mélodies d’Orient et d’Occident dans la vapeur imaginaire des bains romains.

Ce printemps, la vieille Arles ne se contemple pas, elle se traverse. Elle joue, elle invente, elle s’ouvre. Le visiteur ne suit plus un parcours balisé, il prend part à une déambulation vivante. À l’heure où tant de cités muséifiées peinent à parler à leurs habitants autrement qu’en audioguides, Arles tente autre chose. Une rencontre. Un moment suspendu. Et, pourquoi pas, un éclat de rire dans le silence des pierres.

L.-R.M


À ne pas manquer – Arles en mode live

Gladiateurs dans l’amphithéâtre, tous les mardis, jeudis et vendredis à 11h45 et 15h15 (sauf les 17 et 18 avril).
Don Juan des Alyscamps, version déjantée, le 16 avril.
Clowns en liberté : au cloître le 30 avril, dans les arènes le 26.
Musique antique : le 12 avril aux Thermes, le 23 au cloître.
Théâtre antique choc : les 9 avril et 3 mai.
Expo « à l’écart » jusqu’au 21 juin.

Programme complet par > ici