À Marseille, Corinne Simon incarne une nouvelle organisation face à l’urgence sécuritaire

Corinne Simon, Nouvelle préfète déléguée, nouvelle méthode. © Narjasse Kerboua

Nouvelle préfète déléguée, nouvelle méthode. Corinne Simon veut restaurer l’action de l’État dans les quartiers, faire bloc face au narcotrafic, et renforcer les liens entre forces de l’ordre et services publics. Avec, en ligne de mire, la sécurité du quotidien.

« Je dis ce que je fais, je fais ce que je dis. » La phrase claque, nette, dans la salle de presse de la préfecture de police. Elle ne résume pas un programme, mais une méthode. Corinne Simon a pris ses fonctions ce lundi 31 mars comme préfète déléguée auprès du préfet de police des Bouches-du-Rhône, dans un département où l’État est attendu autant qu’il est observé.

Pas de feuille de route formalisée, pas d’annonce spectaculaire, mais une volonté de méthode, fondée sur la proximité, la coordination et l’action. « J’arrive avec humilité, mais avec une grande énergie, une forte motivation et une détermination totale », affirme-t-elle.

© Narjasse Kerboua

Une fonction transformée, une autorité maintenue

Sa nomination s’inscrit dans un contexte institutionnel particulier. La fonction de préfet de police de plein exercice disparaît dans le département, au profit d’un fonctionnement resserré : Corinne Simon est désormais placée sous l’autorité directe du préfet de département, Georges-François Leclerc, également préfet de région.

Elle conserve toutefois l’autorité fonctionnelle sur les forces de l’ordre, et assure que les missions ne changent pas. Ce qui évolue, c’est le mode de gouvernance : « La stratégie est désormais définie en lien direct avec le préfet. On travaille ensemble, on avance ensemble. »

Cette nouvelle organisation vise à fluidifier l’action de l’État, en favorisant les synergies entre les préfets délégués, notamment sur les sujets transversaux comme l’habitat insalubre ou les violences intrafamiliales. « On ne peut plus travailler en silos. Les services doivent se parler. »

Des priorités sans surprise mais assumées

Au cœur de ses premières déclarations : la lutte contre le narcotrafic, qualifiée de priorité absolue. « Ce fléau gangrène certains quartiers. Il empêche même les entreprises d’intervenir. Il faut rétablir la capacité d’agir de l’État. » Elle évoque un immeuble dont l’accès est bloqué par un point de deal, exemple parmi d’autres des difficultés quotidiennes signalées par les habitants.

À cette priorité s’ajoutent la lutte contre la criminalité organisée, la sécurité du quotidien, et les violences intrafamiliales. Des thématiques déjà identifiées, mais que Corinne Simon entend aborder avec une volonté d’action plus directe. « La sécurité ne se comprend pas, elle se bâtit. Elle s’organise et s’incarne dans le terrain. »

Elle le répète, elle ne compte pas rester derrière un bureau. Lundi soir, quelques heures après son installation, elle devait déjà accompagner les patrouilles de nuit, pour « voir, écouter, comprendre. » Tout en affichant un soutien clair aux forces de l’ordre, à qui elle adresse un message sans détour : « Vous êtes le premier rempart de l’ordre républicain. Vous aurez mon soutien. »

Un parcours singulier, une trajectoire engagée

Née dans l’Éducation nationale, Corinne Simon a été professeure, conseillère pédagogique, inspectrice. Elle entre dans le corps préfectoral en 2013, devient sous-préfète à Ambert, directrice de cabinet à Châlons-en-Champagne, secrétaire générale à Bar-le-Duc, puis passe par le Nord et le Val-de-Marne.

En parallèle, elle a représenté la France aux Jeux paralympiques de Londres en 2012, en aviron. Une expérience qu’elle ne met pas en avant, mais qu’elle évoque comme une école d’exigence, de rigueur et d’endurance. « Travailler en équipe, tenir sur la durée, ne rien lâcher. »

Si le discours reste mesuré, le contexte, lui, ne l’est pas. Les Bouches-du-Rhône concentrent des tensions fortes, avec des chiffres de violences qui maintiennent Marseille dans les classements les plus préoccupants. Pour l’État, cette nouvelle organisation administrative doit permettre une réponse plus rapide, plus lisible.

Narjasse Kerboua

Sur le même sujet