Les 31 mars et 1er avril, Marseille accueillera un sommet international consacré à l’adaptation au changement climatique. Face à un réchauffement annoncé de +4 °C, institutions, chercheurs, ONG et élus euro-africains viendront débattre de solutions concrètes à déployer dans les territoires.
Dans l’arrière-salle des grandes conférences sur le climat, l’adaptation prend peu à peu la place qui lui revient.
Longtemps reléguée derrière les enjeux de réduction des émissions, elle s’impose désormais comme un impératif stratégique.
À mesure que les catastrophes naturelles se multiplient et que les trajectoires de réchauffement convergent vers des scénarios extrêmes, il ne s’agit plus seulement de ralentir, mais de s’ajuster.
C’est dans cet esprit que se tiendra, les 31 mars et 1er avril, le Sommet Climate Chance Europe-Afrique 2025 au Palais du Pharo, à Marseille.
Présenté comme le plus grand événement jamais organisé en Europe exclusivement dédié à l’adaptation, il réunira près de 2 000 participants, plus de 300 intervenants et proposera une trentaine d’ateliers, six plénières, des animations hors les murs et un espace de présentation de projets.
Une feuille de route politique et technique
Le sommet, co-organisé par la Ville de Marseille et l’association Climate Chance, s’inscrit dans une séquence diplomatique qui verra, en 2026, la présentation de la nouvelle stratégie européenne d’adaptation.
Il entend nourrir ces travaux avec deux livrables majeurs : une « Déclaration de Marseille », plaidoyer pour renforcer la coopération Europe-Afrique, et un « Plan d’action » listant cinquante mesures prioritaires à mettre en œuvre dans les territoires européens. « L’adaptation ne peut être un luxe réservé aux pays riches », résume Ronan Dantec, sénateur et président de Climate Chance.
Des solutions concrètes à l’échelle des territoires
Le sommet entend porter la voix des acteurs non-étatiques – collectivités, ONG, entreprises, syndicats, chercheurs, citoyens — souvent absents des tables diplomatiques mais cruciaux dans la mise en Å“uvre des politiques d’adaptation.
L’Observatoire Climate Chance y présentera d’ailleurs son premier bilan des actions d’adaptation en Europe, document inédit fondé sur des données sectorielles, destiné à éclairer les décisions publiques.
Parmi les têtes d’affiche attendues figurent Teresa Ribera, vice-présidente de la Commission européenne, Agnès Pannier-Runacher, ministre française de la Transition écologique, ou encore Anne Hidalgo, maire de Paris, aux côtés de nombreux élus africains engagés sur le front de l’adaptation urbaine. Le climatologue Christophe Cassou, le chercheur François Gemenne ou encore Paul Watson, fondateur de Sea Shepherd, prendront également la parole.
Les ateliers traiteront de sujets très concrets : comment adapter les transports publics en Afrique, transformer le logement social, renforcer la résilience des systèmes alimentaires, préparer les ports au risque de submersion ou encore penser la santé dans une perspective climatique.
Plusieurs sessions porteront sur la coopération décentralisée, dans un contexte où les dispositifs de soutien aux projets communs entre collectivités européennes et africaines restent encore embryonnaires. Au-delà des discours, le sommet se veut aussi expérientiel : expositions, visites-découverte, pitch-corner de projets… pour sensibiliser le grand public.

Marseille, laboratoire et trait d’union
Marseille, hôte de l’événement, entend s’affirmer comme ville-passerelle entre l’Europe et l’Afrique, et comme territoire laboratoire d’une adaptation climatique accélérée. Sélectionnée par l’Union européenne pour faire partie de la mission des « 100 villes neutres pour le climat d’ici 2030 », elle mettra en avant ses propres réalisations.
Au cœur de cette mobilisation se trouve l’idée d’une diplomatie climatique des territoires, à rebours des logiques descendantes. Pour Climate Chance, il s’agit de défendre un modèle de coopération polycentrique, dans lequel les villes, les régions, les ONG ou les entreprises ont voix au chapitre, aux côtés des États.
Dans les échanges entre l’Union européenne et l’Afrique, cette approche trouve un terrain fertile. Les enjeux d’adaptation sont massifs, mais très inégalement financés. En Afrique, les villes concentrent de plus en plus de population sans bénéficier des moyens nécessaires pour répondre aux chocs climatiques. L’un des objectifs du sommet est donc aussi de poser la question du partage équitable des ressources, à l’heure où les financements européens de l’aide publique au développement sont en partie réorientés vers des enjeux de sécurité.
Deux jours d’échanges pour tenter, ensemble, de bâtir des réponses concrètes à l’un des plus grands défis de ce siècle.
Narjasse Kerboua
> 31 mars – 1er avril 2025 – Palais du Pharo, Marseille – Sommet Climate Chance Europe-Afrique
Thème : Adaptation : passer à l’action – Infos : climate-chance.org