Après San Marina et les Galeries Lafayette, c’est au tour de Kaporal de disparaître à Marseille. Liquidation judiciaire immédiate, 280 emplois supprimés. Un nouveau coup porté au secteur textile local.
La marque de prêt-à-porter Kaporal, bien connue pour son ADN denim et son ancrage marseillais, vient d’être placée en liquidation judiciaire avec arrêt immédiat de son activité. Le tribunal de commerce de Marseille a rendu sa décision vendredi 29 mars, provoquant le licenciement de l’ensemble des 280 salariés encore en poste. Un nouveau revers pour le secteur textile français, déjà marqué par une série de défaillances ces dernières années.
Dans un communiqué transmis à l’AFP, la direction du groupe, dont le siège social est à Marseille, explique avoir sollicité une liquidation judiciaire avec poursuite d’activité, afin de favoriser une éventuelle reprise. Mais le tribunal a tranché en faveur d’une liquidation « sèche », sans délai ni transition. « Un délibéré contraire, contre toute attente », déplore la direction dans son communiqué.
Une relance avortée
Kaporal avait pourtant entamé une restructuration en 2023. Après une mise en redressement judiciaire en mars de cette année-là, un plan de reprise porté par trois anciens cadres avait été validé en juillet. La stratégie visait alors à préserver 395 emplois sur 434 et à maintenir 78 magasins sur 85. En mai 2024, l’entreprise sortait officiellement de la procédure de redressement.
Mais le redressement aura été de courte durée. Kaporal avait misé sur un repositionnement pop culture, à travers des collaborations locales, de Mecs de la rue à une récente collection capsule avec le skateur Vincent Matheron. L’enseigne comptait aussi sur la relance de son réseau de franchises. Mais les résultats n’ont pas suivi.Le chiffre d’affaires 2024, estimé à 50 millions d’euros, est resté en deçà des prévisions (55 M€) et très loin des 99 millions enregistrés en 2022.
En janvier dernier, son directeur général Nicolas Ciccione se montrait pourtant confiant, espérant « renouer avec la rentabilité » dans les mois à venir. Un objectif désormais hors de portée.
Un secteur fragilisé
Le naufrage de Kaporal intervient dans un contexte particulièrement difficile pour le secteur de l’habillement en France. Après les faillites de Camaïeu, San Marina, Esprit ou encore Burton of London, c’est une nouvelle enseigne emblématique des années 2000 qui disparaît. À Marseille, cette liquidation s’inscrit dans un paysage local déjà bouleversé.
En janvier, les Galeries Lafayette ont annoncé leur départ progressif des deux implantations marseillaises – Centre Bourse et Prado Shopping – d’ici fin 2025. Au total, ce sont plus de 400 emplois dans le secteur de l’habillement qui disparaissent à l’échelle locale en moins de six mois.
La crise du textile français, marquée par une consommation en berne, des marges rognées par l’inflation et la transition numérique, n’épargne plus aucune cible, pas même les marques à forte identité régionale.

Selon l’Institut Français de la Mode (IFM), les ventes d’articles d’habillement et de textile sont restées stables en 2024 (+0,1 %), mais le secteur n’a pas retrouvé son niveau d’avant-crise : les chiffres d’affaires sont en moyenne inférieurs de 5,5 % à ceux de 2019. Marges compressées, inflation, concurrence du e-commerce : les défis s’accumulent.
Pour Kaporal, les efforts de relance n’auront pas suffi à compenser un contexte conjoncturel dégradé. La fermeture du site internet et les témoignages des salariés sur LinkedIn confirment la fin d’une aventure de vingt ans pour cette enseigne née en 2004 à Marseille.
L.-R.M.
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