
Avant de recevoir le coleader de Pro B, Orléans, ce samedi à Marseille, Rémi Giuitta, l’entraîneur de Fos Provence Basket (19e) dresse l’état des lieux et pointe les faiblesses de son groupe mais aussi les raisons d’espérer au maintien.
Affronter le coleader de Pro B n’est jamais une sinécure. Encore moins à l’approche du sprint final. Alors, si en plus, vous vous appelez Fos Provence, que vous végétez dans la zone de relégation (19e et avant-dernier) et que vous restez sur neuf défaites d’affilée, la tâche devient carrément insurmontable.
C’est pourtant le défi qui sera proposé ce samedi soir (20h) aux BYers, pour la première de leurs trois rencontres délocalisées ce printemps au Palais des sports, dans le cadre des Marseille Basket Series. « Orléans est une des meilleures équipes en termes de talent et de collectif, ils peuvent tout faire », a constaté l’entraîneur fosséen Rémi Giuitta.
Un match bonus avant celui de la peur contre Chartres
En difficulté, Fos Provence n’aura pas pour autant la peur au ventre au moment de débuter « ce match bonus », dixit le coach : « On ne s’interdit rien, ose-t-il même. Il faudra être capable de sortir un petit exploit malgré tout. On doit s’en servir pour se mettre dans une dynamique positive, retrouver un peu de confiance avant de jouer un match qui comptera double ».
Ce match, ce sera celui de la peur, entre les deux derniers de la classe : Fos recevra Chartres samedi 4 avril et malheur au vaincu… « Pour l’instant, on ne se projette pas trop, on reste focalisé sur Orléans », coupe Rémi Giuitta.
Après l’abandon du navire en pleine mer de son meilleur marqueur Rob Turner III et les blessures pour le reste de la saison de Mamadou « Petit » Niang (dos) et Brandon Young (fracture du doigt), le coach provençal sera-t-il également privé ce soir de Christian Eyenga ?
Arrivé début mars, l’expérimenté intérieur congolais, au très fort « QI basket », s’est tordu la cheville droite lors de l’entraînement à Marseille jeudi, l’obligeant à stopper son effort et à se faire poser une poche de froid.

Sur 19 joueurs utilisés, un seul a disputé les 29 matches : Lucas Bourhis
« Je suis habitué à devoir jongler avec les absences », souffle Rémi Giuitta, un brin fataliste, tant les malheurs se sont enchaînés. Ainsi, sur les dix-neuf joueurs utilisés cette saison, un seul a disputé les 29 matchs de Pro B : Lucas Bourhis. Une statistique folle qui dit bien toute « l’instabilité » qui a frappé Fos Provence.
Si on ajoute « un effectif un peu court en termes d’expérience », le manque d’apport de « plus-value » des JFL (joueurs formés localement) et des « lacunes » tactiques, voire d’engagement, de certains éléments, le club fosséen n’a pas volé son classement.
« Finalement, on n’a pas vraiment créé de dynamique de groupe, ni de dynamique technique », déplore le coach, qui parlait jusque-là de « manque de vécu collectif ». Désormais, il y a urgence à sauver un bateau à la dérive, même si le temps perdu ne sera jamais rattrapé.
J’en prends plein la gueule, je ne gagne pas un match, je suis un bon à rien, ok, mais je ne suis pas tout seul
Rémi Giuitta
« Je n’aime pas tirer sur mes joueurs, mais on est au mois d’avril, tempête Rémi Giuitta. À un moment donné, j’en prends plein la gueule, je ne gagne pas un match, je suis un bon à rien, ok, mais je ne suis pas tout seul. »
L’ancien meneur a plusieurs fois levé la voix ce jeudi midi, lors de l’entraînement au Palais des sports de Marseille, pour pester contre des erreurs flagrantes indignes de la Pro B : problèmes de spacing (occuper l’espace), difficulté à faire corps en défense et à se trouver en attaque. Comme si certains avaient perdu leur basket, jouaient avec le frein à main, voire la peur au ventre. Tous les symptômes d’une équipe qui manque de confiance.
« On ne va pas dire qu’on est joyeux de vivre cette situation, mais il reste neuf matchs et on est toujours maîtres de notre destin à l’heure actuelle, assure l’entraîneur des BYers. La réalité, c’est que si on ne gagne pas un match, on ne va pas avancer. À un moment donné, il faut gagner ! »

Les joueurs inconscients de « l’état d’urgence » actuel ?
Dominer Orléans ce soir relèverait du miracle. Mais les deux réceptions à Fos de Chartres (4 avril) puis Évreux (18 avril), ses deux ultimes rivaux dans la course au maintien, seront déterminantes.
« Je passe mon temps à alerter les joueurs sur la situation, c’est un peu ce qui me préoccupe, confie Rémi Giuitta. Je n’ai pas toujours le sentiment qu’ils se rendent compte de l’état d’urgence dans lequel on est. C’est un peu grave, mais ça prouve des faiblesses de tempérament, de caractère qu’on retrouve aussi dans le jeu. »
En meneur d’hommes et fin tacticien, le technicien fosséen en appelle au cÅ“ur de ses ouailles : « On n’est pas nuls. J’ai des beaux mecs, droits, pas de brebis galeuses. Mais par contre, quand tu es dans le dur comme ça, il faut redoubler d’intensité, d’énergie, de combativité. Faire de la compétition sans la résilience, l’engagement, l’implication, tu ne t’en sors pas ».

Discours musclé, groupe resserré et davantage soudé
Il espère trouver des relais sur le terrain, rôle que doivent naturellement jouer Junior Etou (même diminué par un problème de ligament à la main gauche) et Mathieu Wojciechowski, pour insuffler le vent de révolte qui viendra leur sortir la tête de l’eau.
Et de rappeler une formule dont il a fait son mantra : « J’ai toujours aimé allier sueur et bonne humeur. L’un sans l’autre, c’est compliqué ».
Rémi Giuitta explique avoir musclé son discours « depuis février ». Et malgré un bilan comptable inquiétant, il reste combatif : « Oui, j’y crois. On a besoin de valider le plus vite possible les efforts des gars. Il y a beaucoup de mieux. C’est malheureux, mais depuis les blessures des deux derniers (Niang et Young, Ndlr), le groupe s’est ressoudé. Si on maintient les efforts, que l’on garde de la cohésion et encore plus de communication, on va y arriver ».

Mieux défendre pour « s’offrir une chance de gagner »
La récente arrivée du jeune rookie américain Jonathan Cissé, plein de fougue et de percussion, peut également « amener de la vitesse et cette étincelle » pense le coach, à condition qu’il joue à l’instinct… et collectif.
Finalement, Fos Provence devra revenir aux bases du basket, s’il veut se sauver, en s’appuyant sur le socle de tous les succès : la défense.
« On ne mettra pas 100 points par match, confirme Rémi Giuitta. Par contre, on peut être beaucoup plus dur et faire en sorte que les équipes marquent 70 points, pas plus, pour s’offrir une chance de gagner. »
Et tant pis pour le spectacle ! Il est l’heure de se serrer les coudes et de poser les barbelés. « Si on fait un match de merde qui finit 51 à 50 mais que l’on gagne, je signe tout de suite ! Parce qu’on a juste besoin d’une victoire. Peu importe la manière », fixe l’entraîneur des BYers.
Benoît Gilles
Fos Provence – Orléans
30e journée de Pro B.
À 20h, Palais des sports de Marseille.
Billetterie.
Le classement.
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