À La Rosière, le basket 3×3 ne fait pas que des heureux

Rosiere
Récemment refait à neuf, les playgrounds de basket 3x3 de la Rosière (12e arrondissement) ont été dépossédés de leurs paniers. Photo B.G.

À peine rénovés et pas encore inaugurés, les deux terrains de basket 3×3 du complexe sportif La Rosière (12e arrondissement) ont été dépossédés de leurs paniers, privant utilisateurs et écoles d’une pratique libre. En cause, le bruit dont se serait plaint le voisinage.

Depuis avril 2023, les terrains de basket 3×3 (prononcez « trois trois Â») colorés poussent comme des champignons dans Marseille, dans les quartiers, au pied des immeubles.

Créés ou entièrement rénovés, ils font partie du « Plan playgrounds », scellé en juin 2022 entre la Ville de Marseille et la Fédération française de basket. Un projet établi en partenariat avec l’Agence nationale du sport et la Caisse d’Épargne CEPAC, pour aider au financement et à leur implantation stratégique.

Sport urbain par excellence, qui nécessite peu de frais (l’achat d’un ballon suffit) et popularisé l’été dernier par le spectacle offert aux Jeux olympiques, le basket 3×3 constitue un véritable levier d’intégration sociale et d’inclusivité. Mais aussi un enjeu de santé publique, puisqu’il est censé permettre une pratique libre et pour tous. Et un héritage concret et matériel des JO 2024 à Marseille.

En mai 2024, en préambule à leur participation au 3X Festival au Parc Chanot, les internationales françaises Jodie Cornélie et Laëtitia Guapo (au deuxième plan) s’étaient rendues sur les playgrounds de l’Estaque. Photo B.G.

Près de 1,2 million d’euros pour onze nouveaux terrains

Ainsi, dix terrains (soit vingt playgrounds de 3×3) ont vu le jour depuis deux ans à Marseille, à commencer par celui des Arnavaux (14e), à jamais le premier. Ou encore celui de L’Estaque, jouxtant le stade Vernazza (16e arr.), qui avait accueilli les joueuses de l’équipe de France Laëtitia Guapo et Jodie Cornelie en mai 2024.

Le 26 février dernier, l’adjoint aux sports Sébastien Jibrayel (qui s’est depuis fait retirer sa délégation municipale) inaugurait le terrain de la Rose Bégude, dans le 13e arrondissement. Il s’agissait du premier playground inscrit dans une 2e phase de ce plan de rénovation et de soutien au développement du basket 3×3, dans la deuxième ville de France.

Près de 1,1 million d’euros a été budgeté, pour onze nouveaux terrains : à la Rose Bégude donc, La Rosière (12e), Jean-Bouin (8e), Hermitage (15e) et Canet Larousse (14e).

Le site du complexe sportif de La Rosière devait être le suivant sur la liste des inaugurations en grande pompe. Quatre paniers « Ã  l’ancienne Â» et vieillots existaient auparavant, traversés sur la longueur par deux cages de handball.

« Des travaux pour sécuriser le terrain et le mettre aux normes »

Refaits à neuf et colorés de nuances de bleus du plus bel effet, les playgrounds situés le long de l’avenue de Kallisté étaient finis, livrés et pratiqués depuis la fin d’année dernière. Comme l’indique le site de la Ville de Marseille dans une mise à jour datée du 10 décembre 2024.

Ce mercredi, le service communication de la Ville explique que le playground est « encore en cours d’aménagement, des travaux restent nécessaires afin de sécuriser le terrain et de le mettre aux normes », justifiant le retrait « temporaire » des paniers. « Ces interventions seront menées dans les meilleurs délais afin de permettre l’installation de nouveaux équipements conformes », poursuit-il.

S’il est difficile d’estimer leur fréquentation et les horaires d’utilisation, ces terrains étaient d’autant plus attendus dans un arrondissement qui en manque cruellement, puisque seuls ceux du Parc de la Moline sont répertoriés par le site interactif spécialisé, Sud Playgrounds. Et encore, l’un des quatre paniers y est actuellement cassé…

Le voisinage gêné par les nuisances sonores ?

Mais le bruit du rebond des ballons semble ne pas plaire à tout le monde à La Rosière… Si aucun terrain rénové dans le cadre de ce « Plan playgrounds » n’avait jusqu’alors fait l’objet de remontrances, certains riverains du quartier de Beaumont auraient fait part de leur courroux. Les quatre paniers ont été enlevés, ne laissant que des piliers plantés au milieu du bitume.

Privant ainsi les (jeunes) basketteurs du coin de conditions parfaites pour pratiquer leur passion librement, mais aussi les élèves des collèges et lycées alentours, utilisateurs réguliers lors de leurs cours d’éducation physique et sportive.

Selon nos informations, ce sont des voisins d’un maison mitoyenne, entre l’église Saint-Augustin et ces terrains de sport, qui ont manifesté leur désir de quiétude. Allant jusqu’à demander la pose d’un onéreux mur anti-bruit…

Sollicité par Le Méridional, le commissariat de police du 12e arrondissement tout proche n’a pas eu vent de ce problème, indiquant n’avoir enregistré aucune plainte pour tapage, ni diurne ni nocturne. Même son de cloche auprès de la Caisse d’Épargne CEPAC, partenaire premium des JOP 2024 à travers le groupe BPCE.

Photo B.G.

Le terrain de foot attenant, bientôt de la terre au synthétique

Le Ville de Marseille nous précise par ailleurs que « le recrutement d’un gardien logé est envisagé afin d’assurer une présence sur site et de prévenir d’éventuelles intrusions ».

Question nuisances sonores, les riverains de la Rosière devraient pourtant être habitués, avec le terrain de foot qui accueille en journée des élèves et les soirs de semaine des entraînements de clubs de foot.

Et ils sont loin d’être au bout de leurs peines : le terrain en terre de La Rosière, l’un des rares encore existants à Marseille, sera prochainement transformé en synthétique. Les travaux devraient commencer quand ceux, actuellement en cours au stade de Bois Luzy, seront achevés.

Benoît Gilles