Gérard Gazay prend la tête de la Soleam dans un contexte de recomposition

Le maire (LR) d’Aubagne succède à Michel Roux à la présidence de la société publique locale (Soleam) qui pilote plusieurs projets structurants de la métropole Aix-Marseille-Provence. Cette nomination intervient alors que la SPL amorce une nouvelle phase de gouvernance et de rationalisation.

C’est une nomination qui s’inscrit dans un contexte de recomposition plus large du paysage de l’aménagement métropolitain. Gérard Gazay, maire d’Aubagne et vice-président de la Métropole Aix-Marseille-Provence (AMP) délégué au développement économique, a été élu ce 24 mars président de la Soleam. Cette société publique locale (SPL), fondée en 2010, intervient sur plusieurs secteurs majeurs de Marseille, mais aussi dans d’autres communes du territoire métropolitain.

Le nouvel élu succède à Michel Roux, vice-président de la Métropole délégué au projet métropolitain, qui avait lui-même été désigné en novembre dernier après la démission de l’élu marseillais Yves Moraine. La succession de présidents en quelques mois illustre les tensions et les réajustements au sein des instances métropolitaines, à l’approche des municipales de 2026.

Réorganisation en cours

Cette élection s’accompagne d’un chantier de gouvernance plus profond. Directeur général de la Soleam depuis sa création, Jean-Yves Miaux, dont le mandat arrivait à échéance le 31 mars, a vu celui-ci prolongé jusqu’à fin juin. Il laissera ensuite la place à un nouveau dirigeant, attendu au début de l’été, qui devra non seulement redresser une structure en difficulté, mais aussi poser les bases d’une fusion des opérateurs d’aménagement à l’échelle métropolitaine.

Cette stratégie de mutualisation, portée par plusieurs élus du territoire, vise à rationaliser les outils existants — Soleam, Euroméditerranée, EPA ou SPL locales — pour gagner en efficacité sur les opérations d’aménagement, d’équipement ou de renouvellement urbain. Un chantier copernicien que les municipales de 2026 pourraient toutefois ralentir.

Parmi les premiers changements concrets, Jean-Paul Kaplanski, nommé directeur général délégué en novembre 2023, voit son mandat social s’interrompre au 1er avril. Ce juriste de formation réintègre ses fonctions initiales de directeur des affaires juridiques.

Des finances à rééquilibrer

Au-delà de la gouvernance, les enjeux financiers de la Soleam pèsent lourdement sur sa trajectoire. Selon les informations du site TPBM, le budget consolidé de la SPL affichait un déficit de 556 000 euros en 2024, pour 8,2 millions d’euros de charges d’exploitation et 7,7 millions de recettes. En décembre dernier, la Métropole Aix-Marseille-Provence a dû injecter 1,2 million d’euros sous forme d’avance en compte courant afin de couvrir les besoins liés à la restructuration en cours.

Aujourd’hui dotée d’un capital de 5,91 millions d’euros, la Soleam emploie 60 collaborateurs. Elle reste majoritairement contrôlée par la Métropole AMP (66,7 %), aux côtés de la Ville de Marseille (16,9 %) et du Département des Bouches-du-Rhône (15,2 %). Six autres communes actionnaires – Allauch, Aubagne, La Ciotat, Marignane, Roquefort-la-Bédoule et Salon-de-Provence – détiennent chacune une part symbolique de 0,18 %, en lien avec les projets en cours sur leur territoire.

À moyen terme, la Soleam demeure un outil stratégique pour mener à bien les opérations d’aménagement d’intérêt métropolitain. Mais elle devra, pour cela, démontrer sa capacité à se réformer, à mutualiser ses moyens avec les autres entités existantes, et à retrouver une trajectoire budgétaire plus soutenable. La nouvelle équipe en place sera attendue sur ces trois fronts.

L.-.R.M