Marseille : l’avenir de la piscine Bombardière suspendu à de nouvelles études

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Photo Benoît Gilles

Fermée en 2019, la piscine Bombardière (12e arrondissement) est abandonnée et a subi d’importantes dégradations. Si la municipalité a récemment voté le financement d’études en vue de travaux, la facture s’est envolée depuis six ans.

Depuis bientôt six ans, c’est comme si la vie s’était arrêtée à la piscine Bombardière. Sur la grille d’entrée, le long de la rue Charles Kaddouz, un panneau faisant référence à une décision du 5 avril 2019 annonce une fermeture prochaine pour « mise en conformité des installations techniques et étanchéité du bassin Â» et « désamiantage Â».

Début prévisionnel des travaux ? Mai 2020. Durée estimée ? Deux mois et demi. Si le Covid et un changement de majorité à la Ville de Marseille sont depuis passés par là, le cadenas et la chaîne qui enserrent la grille d’entrée noire a stoppé le temps et toute activité.  

Les dernières informations placardées annoncent toujours le programme estival de 2019. La boîte aux lettres est éventrée. Coincée entre le gymnase et le stade éponymes, aux confins de Beaumont, Bois Lemaître et Saint-Julien dans le 12e arrondissement, la piscine Bombardière (ou Beaumont Bombardière) a subi les affres de l’abandon, les intrusions, les incivilités et les vols, accélérant sa décrépitude.

Vitres cassées, plaques d’égout disparues…

Toutes les vitres du bâtiment blanc sont cassées, des bris de verre jonchent le sol et des plaques en bois ont été posées pour sécuriser l’endroit. Les plaques d’égout ont disparu, laissant des trous béants dangereux.

De quoi laisser imaginer, et craindre le pire quant à l’état à l’intérieur du bâtiment, désormais impénétrable, et du bassin de 25 mètres qui offrait quatre couloirs de nage.

Près de 800 000 euros avaient pourtant été approvisionnés en 2019 pour mener à bien les travaux mentionnés. Mais rien ne s’est passé…

La nouvelle majorité de gauche, arrivée à l’été 2020 après l’élection de Michèle Rubirola (PM), a longtemps dénoncé l’inaction de l’ancienne équipe municipale de droite concernant l’état des piscines, et plus largement des installations sportives à Marseille.

Photo B.G.

Une facture estimée à 3 ou 4 millions d’euros fin 2022

Fin 2022, l’adjoint aux sports Sébastien Jibrayel (PS) estimait même à 3 ou 4 millions d’euros les frais de réhabilitation qu’il aurait fallu engloutir à la Bombardière, afin de « reprendre les sols, le toit et désamianter Â».

Depuis, le maire du secteur, Sylvain Souvestre (LR) dénonce ce statu quo à longueurs d’interviews dans les médias. En prenant l’exemple de l’intrusion à l’été 2023 de « jeunes qui avaient réussi à remplir en partir le bassin pour s’y baigner », ce dernier nous a encore fait part de son désarroi et déplorer la dangerosité de la situation.

Depuis, la Ville de Marseille rappelle avoir adopté un Plan pluriannuel d’investissements 2024-2029 à hauteur de 1,9 milliard d’euros, dédiant notamment 24 millions pour « réhabiliter ou moderniser Â» des équipements publics existants, voire « en créer de nouveaux Â».

Depuis, l’élu Sébastien Jibrayel s’est aussi vu retirer sa délégation des sports par le maire Benoît Payan (PM) au nom de « l’exemplarité Â», après son placement sous contrôle judiciaire et son jugement le 22 mai prochain pour « violences en réunion Â».

300 000 euros votés pour mener des études à la Bombardière avant d’éventuels travaux

Quid alors de la Bombardière, qui n’est pas dans liste des quatorze piscines municipales mais figure sur la carte interactive qui en comprend seize ? Le conseil municipal du 28 février 2025 a approuvé la réalisation de nouvelles études (à hauteur de 300 000 €) en vue d’envisager une éventuelle rénovation.

Des études, précise le service communication de la Ville de Marseille, qui « détermineront le programme de travaux, actualisé et le plus adapté aux enjeux actuels au regard de l’évolution des usages sportifs et de la pression démographique que connaît la Ville et en particulier le secteur sur lequel la piscine est située Â».

Et ce, ajoute la mairie, « pour une remise en service de cette piscine à court terme Â». Privés d’accès à la piscine depuis six ans, et face à l’état actuel du bâtiment, les habitants du quartier espèrent ne pas attendre encore six ans de plus pour pouvoir goûter aux plaisirs aquatiques.

D’ici 2027, Luminy et Nord refaits à neuf et Bougainville sortira de terre

À Marseille, près d’un élève sur deux entrant en classe de 6e ne sait pas nager. La statistique, inquiétante, tend heureusement à décroître, grâce à des dispositifs tels que « J’apprends à nager Â» ou « 1,2,3 Nagez Â».

Le manque d’infrastructures dans la deuxième ville de France en est la principale cause, avec quatorze piscines publiques en activité dont aucune de 50 mètres, et des bassins historiques à l’abandon, ceux de Luminy et Nord.

Un projet de refondation total de ces deux piscines historiques, moyennant 76 millions d’euros, est lancé afin de bâtir de véritables complexes sportifs et aqualudiques, avec une ouverture prévue en 2027. C’est également l’échéance à laquelle une piscine devrait sortir de terre à Bougainville (15e arr.).

Benoît Gilles