La Maison du projet d’Air-Bel détruite par un incendie avant son inauguration

À quelques semaines de son inauguration, la Maison du projet de la cité Air-Bel, dans le 11e arrondissement de Marseille, a été entièrement détruite par un incendie dans la nuit de mardi à mercredi. Ce bâtiment en bois, encore en construction, devait servir d’espace d’information et de concertation pour les habitants, dans le cadre d’un vaste programme de rénovation urbaine. La piste criminelle est privilégiée.

L’incendie s’est déclaré peu après 23 heures. Alertés, les marins-pompiers de Marseille sont rapidement intervenus, mais n’ont pu empêcher la destruction totale du bâtiment. Une enquête est en cours pour déterminer les causes du sinistre. La police scientifique s’est rendue sur place mercredi matin. Selon une source policière, des palettes brûlées ont été retrouvées à proximité du bâtiment, laissant envisager une origine volontaire. Un individu a été interpellé alors qu’il tentait de s’opposer à l’intervention des secours.

La Maison du projet devait être inaugurée en avril. Elle avait pour vocation d’accompagner les habitants dans le programme de renouvellement urbain d’Air-Bel, piloté par l’Agence nationale pour la rénovation urbaine (ANRU), la Métropole Aix-Marseille-Provence et la Ville de Marseille.

Ce programme, doté de 200 millions d’euros, prévoit la réhabilitation de 941 logements, la démolition de 224 bâtiments et la construction de 160 nouveaux logements, dont 60 à 100 logements sociaux. Deux nouvelles rues doivent être aménagées, ainsi qu’un parc urbain de plus de trois hectares, un gymnase et un centre social.

Le chantier, entamé en octobre dernier, avait déjà été marqué par des tensions. Plusieurs incidents avaient été signalés ces derniers mois, notamment des jets de pierres visant des ouvriers. Un dispositif de sécurisation avait été mis en place pour permettre la poursuite des travaux.

Des réactions politiques immédiates

Le maire du 6e secteur, Sylvain Souvestre (LR), a vivement condamné l’incendie et mis en cause les trafiquants de drogue du quartier. « Ceux qui croient nous avoir mis un genou à terre se trompent. Ils ont abîmé les institutions, ils ont abîmé l’esprit même de la rénovation. Mais nous n’abandonnerons pas ce projet. »

La Métropole Aix-Marseille-Provence a condamné l’incendie. « Il n’est pas question d’abandonner ce projet », a déclaré Denis Rossi, conseiller métropolitain délégué aux nouveaux projets de renouvellement urbain. La Métropole et l’entreprise en charge des travaux ont prévu de déposer plainte.

Dans un communiqué, Samia Ghali, maire adjointe de Marseille en charge de la relation avec l’Agence nationale de rénovation urbaine, a assuré que « la Maison du projet sera reconstruite », affirmant que « rien n’entravera notre détermination car il n’y a aucun territoire à Marseille où la République et l’État de droit reculent face à la peur et à la délinquance ».

Dans l’après-midi de mercredi, une opération de police a été menée dans le quartier. Selon Le Figaro, sept individus soupçonnés de trafic de drogue ont été interpellés. Deux armes de poing et une quantité de stupéfiants ont été saisies dans un appartement.

Une réunion d’urgence doit se tenir lundi en préfecture en présence des élus, des représentants de l’État et des forces de l’ordre. Les autorités locales assurent que le projet de rénovation d’Air-Bel se poursuivra.

L.-R.M.