La proposition de loi qui devait modifier le mode de scrutin à Paris, Lyon et Marseille (PLM) est à nouveau repoussée. Officiellement pour des raisons de calendrier, officieusement parce qu’elle divise profondément et reste techniquement bancale.
Un report révélateur des tensions. La réforme du mode de scrutin à Paris, Lyon et Marseille, attendue en commission des lois le 12 mars, a finalement été renvoyée au 2 avril, avant une hypothétique discussion en séance le 7.
Officiellement, ce report est dû à un calendrier parlementaire surchargé et au risque d’enlisement des débats sur la loi contre le narcotrafic. Officieusement, la réforme portée par le député macroniste Sylvain Maillard peine à convaincre, plombée par des imprécisions techniques et une opposition transpartisane qui fragilise toute majorité pour la voter.
Le choix du rapporteur, Jean-Paul Mattei (MoDem, Pyrénées-Atlantiques), était censé apporter une garantie d’impartialité. Proche de François Bayrou, mais ni issu d’une des trois villes concernées ni membre habituel de la commission des lois, il a finalement cristallisé les doutes, rendant encore plus difficile l’émergence d’un compromis.
Une usine à gaz électorale ?
Le projet repose sur un principe clé : dissocier le vote pour les conseils d’arrondissement et celui du conseil municipal, alors qu’aujourd’hui, les électeurs de ces trois villes ne votent que pour leurs conseillers d’arrondissement. Mais plusieurs interrogations restent sans réponse.
Comment assurer une représentativité des maires d’arrondissement au sein du conseil municipal ? Qui siègera également au niveau métropolitain ? Quelle prime majoritaire accorder à la liste arrivée en tête ? Autant de points qui, cinq mois après l’enregistrement du texte, restent flous.
À droite comme à gauche, les critiques fusent. Renaud Muselier, président (Renaissance) de la Région Sud et Martine Vassal, présidente (DVD) de la Métropole Aix-Marseille Provence et du Département des Bouches-du-Rhône, rejoints par une vingtaine d’élus marseillais de droite et du centre, ont dénoncé il y a quelques semaines un « tripatouillage électoral » à un an des municipales, et une décision imposée depuis Paris sans concertation locale.
Pour eux, la loi PLM, en place depuis 1983, garantit un équilibre entre mairie centrale et secteurs, et sa suppression risquerait de « dévitaliser profondément les mairies de secteur », maillon clé de la gestion de proximité. Ils plaident pour une réflexion post-électorale en 2026.
Un texte à l’avenir incertain
De l’autre côté, la gauche et le collectif Mad Mars militent pour une remise à plat du système, jugé archaïque et inégalitaire. Leur mot d’ordre : « un Marseillais, une voix ».
Selon eux, la loi PLM avantage certains secteurs au détriment d’autres et renforce une ville à deux vitesses. « Votre vote ne pèse pas le même poids selon votre adresse », dénoncent-ils, voyant dans cette réforme l’opportunité de corriger des décennies de déséquilibre démocratique. Une pétition a été lancée pour faire pression sur le gouvernement.
Loin d’un consensus, la réforme se heurte à des difficultés techniques et à une opposition transversale qui complique sa trajectoire parlementaire. Si Sylvain Maillard reste confiant quant à l’aboutissement du texte, la perspective d’un vote avant les municipales paraît de plus en plus illusoire. Son examen, repoussé pour éviter un naufrage immédiat, risque d’être de nouveau retardé.
L-.R.M.