Le SportMed Summit se penche sur les défis qui attendent les Jeux 2030

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Alain Ghibaudo, Bruno Lartigue, Céline Brunel, Julian Jappert et Cédric Dufoix. Photo SportMed Summit

Économie, écologie, impact, héritage, durabilité, transformation de la montagne : la 2e édition du SportMed Summit à Marseille a phosphoré sur les enjeux que les Jeux olympiques et paralympiques d’hiver 2030 devront relever d’ici 2030.

Si loin et pourtant si près. Les Jeux olympiques d’hiver 2030, qui se dérouleront dans les Alpes françaises, paraissent à la fois une lointaine échéance mais occupent déjà l’esprit et les réflexions de tous les acteurs concernés.

Aussi, la 2e édition du SportMed Summit, il y a quelques jours à Marseille, ne pouvait éluder le sujet. Ce salon alliant sport, business et impact, à vocation méditerranéenne, avait ouvert son programme par une première conférence sur le thème des JO 2030 : « Entre enjeux économiques et défis écologiques », au-delà même de la partie purement sportive.

Le modérateur, Thibault Cervoni remplaçant au pied levé Michaël Gallet, résumait l’enjeu : « Comment faire de ces Jeux une vitrine de l’innovation et du développement durable ? Â»

Cédric Dufoix, le « Monsieur JO Â» de Paris 2024 dans le Sud. Photo SportMed Summit

La Nouvelle norme du CIO, « locomotive sociologique du monde »

Devant plus de 200 personnes réunies dans un salon du World Trade Center, des intervenants aux profils divers, complémentaires, ont échangé sur la durabilité, l’héritage, l’impact écologique, l’économique ou encore l’emploi.

À la tribune, Alain Ghibaudo, le fondateur du cabinet de recrutement Meent, a précisément expliqué le processus (en cours) de sélection du futur directeur général du Cojop des Alpes françaises 2030.

Cédric Dufoix, le « Monsieur JO Â» de Paris 2024 dans le Sud, a rappelé que « les Jeux de Paris avaient subi du bashing et le scepticisme Â» jusqu’en avril, et l’arrivée de la flamme olympique à Marseille, avant de connaître le succès total. Et que selon lui, dans la lignée de la Nouvelle norme du CIO, « ses 118 résolutions sont destinées à faire des Jeux olympiques la locomotive sociologique du monde Â».

Ancien secrétaire de l’OM durant dix-sept ans et fin connaisseur des arcanes olympiques (il a commencé sa carrière à Albertville 1992), Cédric Dufoix a alerté sur deux « problèmes à gérer Â» au cours des prochaines années : « La politique (sportive, avec la succession du président du CIO Thomas Bach le 20 mars, et en France avec les Présidentielles en 2027) et la question du genre Â».

Faire de ces Jeux « un accélérateur de l’imaginaire de la montagne Â»

Climat, enneigement, gestion de l’eau, futur des vallées et des stations… les challenges ne manqueront pas. De son côté, Outdoor Sports Valley (une association de 500 entreprises basée en Haute-Savoie engagée pour le développement économique de la filière outdoor) veut faire en sorte que ces JO soient « un accélérateur de l’imaginaire de la montagne Â».

Pour sa directrice Céline Brunel, la montagne ne doit « plus uniquement être appréhendée sur le spectre de la neige mais pour les quatre saisons Â». Ce qui doit amener à « faire évoluer les pratiques Â» (VTT, running…), « les infrastructures Â» et « les territoires Â».

Et pour y parvenir, l’une des missions principales de Outdoor Sports Valley est de placer « la RSE au cÅ“ur des stratégies de vie de toutes ces entreprises Â», en les outillant dans une démarche de limitation de leur impact environnemental.

Depuis les JO de Londres en 2012, il y a une prise de conscience sur la considération et la valorisation du sport comme un outil et un bien commun

Bruno Lartigue, GL Events

Dans leur construction, les Jeux d’hiver 2030 devront également s’inscrire dans les pas d’une notion cardinale prônée par Paris 2024, à savoir « l’héritage Â». En particulier celui des valeurs.

« Depuis les JO de Londres en 2012, il y a une prise de conscience sur la considération et la valorisation du sport comme un outil et un bien commun Â», explique Bruno Lartigue, directeur des relations institutionnelles du groupe GL Events, partenaire officiel des JO 2024 et par ailleurs nouveau gestionnaire du Parc Chanot.

SportMed Summit Lartigue
Bruno Lartigue, Directeur des relations institutionnelles du groupe GL Events Photo SportMed Summit

Un enjeu de santé publique pour créer « une nation sportive »

Pour ce dernier, « le sport est un outil de consolidation sociale, mais aussi un outil de développement économique Â». On pourrait ajouter un enjeu de santé publique (c’était la Grande Cause nationale l’an dernier) et un outil d’influence…

Bruno Lartigue voit donc l’importance de le « décliner en politiques publiques Â» pour faire de la France « une nation sportive, en bonne santé parce qu’elle pratique du sport et mange bien Â».

« Je peux vous dire qu’on est loin d’être une nation active, lui a objecté Julian Jappert, un lobbyiste « apolitique Â», directeur du think tank Sport et Citoyenneté. Notre secteur, le sport, est faible économiquement, faible institutionnellement et faible socialement. Il n’est pas reconnu à sa juste valeur parce qu’il n’est pas suffisamment analysé. Â»

1 euro investi dans le sport = 13 euros de retombées dans l’économie locale

Il faudrait, selon lui, lier « les trois piliers du développement durable Â» (impacts économique, environnemental et sociétal) pour trouver un modèle vertueux et maximiser les retombées. Car, rappelle Julian Jappert en se basant sur certaines études, chaque euro investi dans le sport génère, directement ou indirectement, treize euros sur l’économie locale.

Par-delà toutes ces considérations et bonnes intentions, Céline Brunel, la directrice de Outdoor Sports Valley, lâchait très justement, en guise de conclusion après cinquante minutes de débats : « Le plus gros enjeu de ces Jeux sera l’acceptabilité par la population Â».

Benoît Gilles