Les Galeries Lafayette sur le départ, la Fnac en sursis et des rues désertées : le centre-ville de Marseille vacille. Renaud Muselier et Jean-Luc Chauvin réclament 100 millions d’euros à l’État pour enrayer le déclin.
Les Galeries Lafayette jettent l’éponge. Trop de pertes, trop de vacance commerciale, trop peu de perspectives. En février dernier, la direction du groupe annonçait la fermeture de ses deux magasins marseillais. Le plus vaste, au Centre Bourse, doit disparaître à l’automne, laissant un vide de 22 000 m² en plein cœur de la ville. Une plaie béante dans un centre-ville déjà mal en point.
« C’est un cri de mort que les Galeries ont lancé », s’alarme Renaud Muselier, président de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur. Avec le président de la Chambre de commerce et d’industrie Aix-Marseille-Provence, Jean-Luc Chauvin, il monte au front pour ne pas laisser le vaisseau sombrer sans tenter un sauvetage.

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L’effet domino
Lors d’une conférence de presse à l’Hôtel de Région ce mardi 4 mars, ils ont lancé un appel à l’État pour réorienter une partie des fonds du plan « Marseille en grand » – ce vaste programme de 5 milliards d’euros lancé pour redessiner la ville – afin de sauver le commerce en centre-ville.
Ils demandent une enveloppe de 100 millions d’euros pour empêcher la fermeture des Galeries Lafayette au Centre Bourse et amorcer une requalification du cœur de ville, sa sécurisation et à rendre son attractivité au commerce local.

Depuis plusieurs semaines, réunions et tractations se succèdent entre la Région, la CCI, la préfecture et la direction des Galeries Lafayette. Objectif : arracher un sursis. L’argument est connu, l’enjeu vital. « Il faut aller très vite, ajoute Jean-Luc Chauvin. Il faut qu’ils aient une perspective, des éléments avec des investissements pour leur permettre d’imaginer retrouver une véritable commercialité et faire leur business correctement. Il va falloir les accompagner pendant la durée de mise en œuvre du projet. »

Mais le temps presse. Les Galeries Lafayette ont acté leur départ, et la perspective de leur retour reste incertaine. « Si rien n’est fait, la Fnac pourrait suivre, et d’autres commerces aussi », alerte Renaud Muselier. Un effet domino qui menace l’équilibre fragile du Centre Bourse, où un quart des locaux sont déjà vides.
Dans le centre-ville, le taux de vacance commerciale atteint 16 %, un record en France, contre une moyenne nationale de 11 %. « Si on ne casse pas la spirale actuelle de notre centre-ville, il n’y a pas de raison qu’ils imaginent rester, donc clairement, il faut que l’on fasse l’étude, que l’on se mette au travail tout de suite car c’est maintenant qu’il faut trouver des solutions pour les présenter, les opérer et sauver notre centre-ville », poursuit le président de la CCIAMP.
L’option de la cité judiciaire et un plan d’action immédiat
Parallèlement, la Région et la CCI lancent une « étude flash » sur le commerce en centre-ville. Diagnostic, propositions économiques et plan d’action : tout doit être sur la table d’ici l’été. Parmi les pistes évoquées, une reconversion partielle du Centre Bourse, voire l’installation de la future cité judiciaire de Marseille à la place des Galeries. Une idée qui fait son chemin, mais qui ne résoudra pas l’urgence immédiate.
Alors que le centre-ville vacille, le dossier devient éminemment politique. Renaud Muselier a adressé une lettre ouverte au Premier ministre François Bayrou pour réclamer un soutien rapide. « Il faut réorienter les crédits du plan Marseille en grand et sauver le cœur de ville », martèle-t-il. Face à ce péril, la Région et la CCI s’engagent à tout mettre en œuvre pour convaincre l’État d’intervenir. Reste à voir si leur appel sera entendu.
L.-.R.M.

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