La municipalité promettait la fin de 30 ans de privatisation de la restauration scolaire et le lancement d’un ambitieux virage vers une gestion municipale. Aujourd’hui, les premiers signaux de l’appel d’offres révèlent que, malgré les ambitions affichées, Sodexo reste l’acteur incontournable du service.
En juin 2024, la Ville de Marseille lançait un vibrant appel à la transformation de la restauration scolaire dans la droite ligne de la promesse de campagne du Printemps marseillais. L’objectif était clair : mettre un terme à la DSP accordée à Sodexo – en place depuis les années 1990 et responsable de près de 70 000 repas quotidiens pour 320 cantines – pour amorcer une refonte complète du système.
Lors d’une intervention au Domaine de Montgolfier, futur pôle agricole sur les hauteurs du Nord, Pierre Huguet, adjoint en charge de l’Éducation et des cantines, présentait un projet audacieux.
Selon ce plan, la municipalité ambitionnait de rapprocher la production des assiettes, en misant sur des cuisines de proximité capables de produire entre 3 000 et 5 000 repas par jour dès 2028, tout en réinternalisant des fonctions (facturation, maintenance, travaux) jusqu’ici déléguées.
Pour concrétiser cette transition, la Ville a lancé un appel d’offres découpé en plusieurs lots. L’idée était de favoriser la concurrence en imposant des critères stricts : augmenter la part des produits biologiques (passant de 27 % à 50 %, avec un objectif de 60 % à moyen terme), privilégier les circuits courts et valoriser une cuisine authentique, préparée à partir de produits bruts. Des ateliers avec parents et enfants ont permis d’affiner ces exigences, visant à améliorer durablement la qualité des repas.

La réalité du terrain, Sodexo conserve la main
Si la volonté affichée était de casser le monopole de Sodexo, les premiers éléments de l’appel d’offres semblent indiquer le contraire. Selon BFM Marseille Provence, le premier lot, couvrant 46 500 repas, et l’un des lots secondaires (3 250 ou 3 000 repas) devraient revenir au géant de la restauration collective – et sa filiale « Toque et Sens Provence ».
Ainsi, la continuité du service est assurée pour les 55 000 repas quotidiens répartis dans 470 établissements, garantissant la stabilité d’environ 140 emplois à la cuisine centrale de Pont-de-Vivaux.

La municipalité ne renonce pas à ses projets de renouveau et présente cette situation comme une étape transitoire. Dans un communiqué, la Ville a réaffirmé son engagement en faveur d’une amélioration qualitative des repas dès la rentrée de septembre 2025. « Les petites Marseillaises et les petits Marseillais bénéficieront de menus enrichis – avec une offre végétarienne renforcée et au minimum 50 % de produits issus de l’agriculture biologique – sans augmentation des tarifs », annonce la collectivité.
Par ailleurs, la future plateforme Superminot.fr simplifiera l’inscription et le paiement, recentrant ainsi le lien entre les familles et la gestion municipale.
L’amélioration de la qualité alimentaire se fera-t-elle au détriment du budget des familles ? Selon la mairie, les tarifs resteront inchangés, oscillant entre 1,83 euro pour les tarifs réduits et 3,67 euros pour les tarifs normaux.
L.-R.M.