OM – Pablo Longoria parle de « corruption », le syndicat des arbitres riposte, la FFF condamne

Longoria Auxerre - OM
Fou de rage pendant et après la rencontre, le président de l'OM a déclaré sous la caméra du diffuseur : "En vingt ans de carrière, je n'ai jamais vécu ce genre de choses". Capture d'écran DAZN

Après la déroute de son équipe à Auxerre (0-3) samedi, le président de l’OM Pablo Longoria a exprimé une colère noire pour qualifier la prestation de l’arbitre Jérémy Stinat. Le syndicat des arbitres va porter plainte, la Fédération française condamne les propos.

L’Olympique de Marseille coulait sans doute des jours un peu trop doux, confortablement installé à la deuxième place de la Ligue 1. Trop loin du leader intouchable et invincible en championnat, le PSG, et à distance raisonnable de ses poursuivants.

« On profite, tant que ça dure », a-t-on entendu ce vendredi, dans les allées du Centre d’entraînement Robert Louis-Dreyfus, à la veille d’un déplacement qui paraissait anodin entre un OM lancé à pleine vitesse en quête d’un quatrième succès d’affilée et l’AJ Auxerre, incapable de gagner depuis trois mois.

Les propos de cet employé de l’OM prennent ce dimanche matin un tout autre relief. Car le calme a laissé place, en seulement 90 minutes de bouillie – sportive et arbitrale -, au retour d’un volcan en fusion.

Sportivement, les Icaunais ont joué le même vilain tour qu’à l’aller (1-3) : en l’absence de Leonardi Balerdi, la défense a pris l’eau, crucifiée dans son dos, pour concéder sa plus large défaite de la saison (0-3), comme face au PSG à l’automne.

Joueurs et dirigeants crient au « scandale »

En coulisses, ce match de la 23e journée va laisser des traces. Sans même attendre le coup de sifflet final, Pablo Longoria a dit tout le mal qu’il pensait de l’arbitrage de Jérémy Stinat, fou de rage dans la tribune après l’expulsion de Derek Cornelius (63), avant de descendre sur le bord de la pelouse de l’Abbé-Deschamps et crier au « scandale ».

Son défenseur canadien, qui remplaçait poste pour poste Leonardo Balerdi (suspendu), venait de recevoir un second avertissement, alors qu’il avait dégagé un ballon chaud pour l’AJA. Sauf qu’il a eu le malheur, dans son élan, de retomber sur le dos d’un adversaire.

M. Stinat a vu double jaune, et l’OM très rouge. « C’est de la corruption, de la vraie corruption, je n’ai jamais vu ça », s’emportait le président olympien dans les couloirs du stade, bien après la rencontre.

Sur l’antenne du diffuseur DAZN, l’un des consultants Benoît Cheyrou, qui a porté le maillot des deux clubs, répétait qu’il trouvait l’expulsion de Cornelius « très, très sévère ». Fabrizio Ravanelli, lui, a qualifié l’arbitrage de « honteux », « scandaleux », sur le même ton qu’Adrien Rabiot : « C’était un arbitrage assez scandaleux ».

Mais l’Italien, aujourd’hui conseiller institutionnel et sportif de l’OM, a rappelé la genèse de cette histoire : « On savait déjà que cet arbitre avait fait quelque chose de pas correct avec nous, avec la suspension de Medhi Benatia, qui est quelqu’un de très important pour nous ».

OM-Lille, la genèse de la défiance envers cet arbitre

Tout remonte au mois dernier, au soir de l’élimination de l’OM en 16e de finale de coupe de France face à Lille : Jérémy Stinat, alors quatrième arbitre, avait demandé à Clément Turpin d’expulser le directeur sportif olympien, se sentant menacé par un doigt pointé (vers la surface de réparation lilloise, et non vers lui).

Ces « faits », bien que non corroborés par le délégué de la rencontre durant l’instruction du dossier, avaient conduit à la lourde suspension de Medhi Benatia, six mois dont trois avec sursis.

Alors, le club avait écrit en ce début de semaine à la direction de l’arbitrage, suite à la désignation de M. Stinat pour cet AJA – OM, déplorant « un manque de discernement, d’intelligence émotionnelle » dans cette désignation. De là à penser, aujourd’hui, que cette missive envers une corporation soudée et indépendante s’est révélée totalement contre-productive…

« C’est un championnat de merde ! Si la Super League vient nous voir, on y va tout de suite »,  a tonné Pablo Longoria samedi soir, tard dans la nuit auxerroise. Pourtant, depuis début décembre, l’OM s’est attaché les services d’un ancien arbitre international, Frank Schneider, pour l’aider à améliorer ses relations avec l’arbitrage français.

Si personne ne pourra reprocher au président olympien de crier au « scandale » comme il l’a fait, ces graves accusations de « corruption » risquent bien de ne pas rester sans conséquence.

Syndicat des arbitres, FFF et commission de discipline vent debout

Ce dimanche, les réactions n’ont pas tardé à arriver. C’est d’abord le Syndicat des arbitres de football d’élite (Safe) qui a à son tour qualifié les propos de Pablo Longoria de « particulièrement scandaleux » dans un communiqué.

« Non, Monsieur Longoria, les arbitres français ne sont pas corrompus ! Perdre un match ne peut justifier de remettre en cause la probité des arbitres français », est-il écrit.

Le Safe annonce déposer plaintes pour diffamation (envers les dirigeants de l’OM) et « contre toutes les personnes à l’origine des messages haineux et des menaces de mort reçues depuis hier soir ». Le syndicat annoncer qu’il saisira également le Comité national d’éthique de la Ligue de football professionnel (LFP).

Ce dernier, dirigé par l’ancien président de la LFP Frédéric Thiriez, va lui se rapprocher de la commission de discipline de la Ligue : « Ça suffit ! L’image du football professionnel est suffisamment écornée comme ça », a commenté Thiriez.

Pour Diallo, des propos « graves, inadmissibles et inacceptables »

De son côté, le président de la Fédération française de foot récemment réélu, Philippe Diallo, a qualifié les propos de Pablo Longoria de « graves, inadmissibles et inacceptables ».

« Comment veut-on qu’au niveau amateur, les arbitres soient respectés, quand au plus haut niveau du football français il y a de tels comportements », a questionné le boss de la 3F.

« La fédération est au soutien de tout son arbitrage aussi bien professionnel qu’amateur et évidemment de monsieur Stinat. Avant le match, les pneus de ses deux véhicules ont été crevés. Sa femme s’en est aperçue alors qu’elle allait prendre l’autoroute. Il faut un appel à la raison. On ne peut pas accepter de tels propos », martèle Philippe Diallo.

B.G.

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