Cyclisme – Evaldas Siskevicius mise sur la détermination

Siskevicius
Photo B.G.

À l’image du rouleur qu’il était, le directeur sportif lituanien de l’AVC Aix Provence Dole, Evaldas Siskevicius, veut mettre « la priorité sur le contenu » des prestations de ses coureurs. Comme il l’espère pour aujourd’hui au GP d’Aix à Puyricard, première manche de la Coupe de France DN1.

Après douze saisons professionnelles (2011-2022) chez La Pomme-Marseille / Delko, Sojasun et Roubaix, le Lituanien Evaldas Siskevicius a immédiatement basculé de l’autre côté de la barrière, en devenant directeur sportif à l’AVC Aix Provence Dole en 2023. Depuis, il n’a pas changé d’un iota : le solide natif de Vilnius (36 ans) a gardé la ligne, son phrasé saccadé tiré de sa langue balte et ses grands éclats de rire.

D’un point de vue sportif, « Siské » fait du « Siské » : l’infatigable et puissant rouleur qu’il était s’escrime à insuffler un état d’esprit de guerrier, de battant aux vert et noir, en parfait relais du manager historique Jean-Michel Bourguoin. Une méthode qui a permis de promouvoir six coureurs aixois chez les pros cet hiver et lui avait offert quelques touches auprès d’une formation World Tour française.

Le club amateur, lui, continue de gravir les échelons : bénéficiant désormais du statut d’équipe Continentale fédérale, l’AVC Aix Provence Dole a commencé sa saison 2025 par deux courses professionnelles en Espagne, fin janvier.

Cette entame a servi de préparation de haut niveau avant d’aborder les deux traditionnelles courses à la maison : le Grand Prix d’Aix, à Puyricard, ce samedi, suivi demain du GP de Puyloubier – Sainte-Victoire. Nul doute que les Aixois seront déterminés, désireux de faire au moins aussi bien que l’an dernier, quand Clément Izquierdo l’avait emporté.

Comment se sont passés les débuts du club aixois dans le monde professionnel ?

Notre démarche était de permettre à nos coureurs de se mesurer à des équipes World Tour, au plus haut niveau directement. On est entré de plain-pied dans la saison. Nous voulions montrer qu’on pouvait répondre présent, ça donne aussi un point de mire à nos coureurs, là où on veut les amener.

Quels enseignements en avez-vous tirés ?

J’étais satisfait du comportement de mon équipe. Les organisateurs aussi, ça prouve que notre présence n’était pas usurpée. On a réussi à exister, même si c’était forcément compliqué face aux grosses armadas comme UAE (l’un de leurs coureurs, Antonio Morgado, a remporté le GP Castellon). Mais notre choix est payant parce qu’on compte déjà deux victoires (Mathis Guay et Jack Brough).

C’est bien, mais il faut garder les pieds sur terre, de gros enchaînements nous attendent.

Jonathan Couanon (2e à gauche) redescend des rangs professionnels et défendra ce samedi les couleurs aixoises aux côtés du vététiste vauclusien (2e à droite). Photo Benoît Gilles

« Si on avance intelligemment… »

Vous n’aviez pas peur que l’écart soit trop important entre l’élite amateur et les courses professionnelles ?

En fait, on ne voulait pas devenir une vraie équipe continentale (le statut de Nice Métropole Côte d’Azur ou Van Rysel Roubaix, Ndlr). On n’a pas les moyens financiers suffisants et, il ne faut pas se le cacher, nous n’avons pas la structure pour cela. Par contre, si on avance intelligemment, si on construit un programme de courses approprié, sans courir tous les week-ends avec les professionnels, on peut réussir de belles choses chez les amateurs.

Ça va être stimulant sportivement de disputer de belles « petites Â» courses comme le Tour du Piémont pyrénéen, que je ne connaissais pas quand j’étais coureur.

Durant votre carrière, vos qualités étaient plutôt celles d’un rouleur, connu pour ne rien lâcher, courageux. Avez-vous envie d’inculquer cet état d’esprit désormais ?

Sur le vélo, je n’ai jamais obtenu quelque chose facilement. À chaque fois, il fallait se battre. En tant que directeur sportif, j’essaie d’aller dans cette dynamique, leur inculquer la détermination. Comme je leur dis parfois, je m’en fiche de la victoire ; je mets la priorité sur le contenu. Mes coureurs ont déjà très bien compris ce concept. J’espère que l’on va continuer sur cette lancée.

Evaldas Siskevicius sous le maillot de Delko Marseille Provence KTM, ici dans le mur de Laudun lors de l’Étoile de Bessèges. Photo archives B.G.

« Roubaix 2018, ça me donne beaucoup de légitimité »

Vous avez obtenu onze victoires en professionnel, mais votre fait d’armes principal reste Paris-Roubaix 2018, quand vous avez voulu rallier l’arrivée, même hors délai, une heure après le vainqueur Peter Sagan. Vos jeunes coureurs vous en parlent ?

Je pense qu’ils le savent très bien, je les entends parfois en discuter entre eux et ça me donne beaucoup de légitimité. Mais ça appartient au passé. Moi je l’ai oublié. Je suis jugé sur le travail que je fournis en tant que directeur sportif, c’est le plus important.

Quelle est votre ligne directrice pour 2025 ?

On est en train de gravir une marche très très haute : nous avons posé un pied, nous sommes sur une jambe, maintenant il faut mettre le deuxième pied. L’objectif, sur le long terme, sera de devenir une vraie équipe Continentale, avec de plus gros moyens financiers et exister sur les courses de classe 1 (type Grand Prix de Marseille La Marseillaise ou Étoile de Bessèges).

On se donne trois ans pour évoluer, grandir petit à petit et construire quelque chose de bien. On ne va pas sauter au plafond tout de suite, ni demander une licence Continentale en 2026.

B.G.

Grand Prix cycliste du Pays d’Aix
Ce samedi, à Puyricard. Première manche (sur sept) de la Coupe de France DN1 FFC, organisée par l’AVC Aix Provence Dole.
Départ fictif : 11h30. 138 kilomètres.

Les Provençaux engagés
AVC Aix Provence Dole : 7. Jack Brough, 8. Jonathan Couanon, 9. Tristan Delacroix, 10. Lucas Grieco, 11. Charles Marchandise, 12. Jamie Meehan.
Martigues SC Payden & Rygel : 133. Jules Chatelon, 134. Dean Harvey, 135. Benjamin Hivart, 136. Lachlan McNabb, 137. Neriah Meunier Sow, 138. Tyler Tomkinson.
Istres Sport Cyclisme : 139. Rémi Alazard, 140. Jules Sette, 141. Sacha Beroud, 142. Jules Pecquenard, 143. Florian Russo, 144. Sébastien Sénéchal.

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