Salon de l’Agriculture 2025 : la région Provence-Alpes-Côte d’Azur défend son terroir à Paris

Rose Thomas et Ledax Jean-Baptiste, producteurs d’huile d’olive dans le Var, Coopérative agricole oléicole La Belgentieroise. © Alain Robert

Le grand rendez-vous du monde agricole a ouvert ses portes ce matin à Paris. Entre terroir et innovation, la Région Sud met en avant ses producteurs et défend un modèle agricole enraciné mais tourné vers l’avenir.

Le Salon de l’Agriculture a ouvert ses portes ce matin à la Porte de Versailles, à Paris, pour sa 61e édition, qui se déroulera jusqu’au dimanche 2 mars. Pendant neuf jours, près de 600 000 visiteurs sont attendus pour ce grand rendez-vous du monde agricole. Une vitrine du terroir, mais aussi une caisse de résonance des tensions qui traversent le secteur.

Alors que le climat social reste marqué par la crise agricole, les producteurs de Provence-Alpes-Côte d’Azur se mobilisent pour défendre la richesse et la diversité de leur agriculture. Les visiteurs étaient au rendez-vous ce samedi sur l’espace régional de 1 200 m², qui réunit les agriculteurs du Var, du Vaucluse, des Alpes-Maritimes, des Alpes-de-Haute-Provence et des Hautes-Alpes.

Cette année, l’espace Provence-Alpes-Côte d’Azur mise sur deux nouveautés : un bar à huiles d’olive, qui célèbre les six Appellations d’Origine Protégée de la région, et un espace dédié aux lycées agricoles, vitrine des formations et innovations du secteur.

L’oléiculture occupe une place de choix. Avec plus de 66% de la production nationale, la région porte l’excellence des huiles françaises, qu’elles soient fruitées, intenses ou plus douces selon les terroirs.

À travers des dégustations et des démonstrations, les producteurs expliquent les subtilités de leur métier, où la patience et le climat façonnent chaque récolte.

Mais la Provence, c’est aussi la richesse de ses vignobles. Des rouges puissants de Châteauneuf-du-Pape aux blancs délicats du Luberon, les vignerons présents font découvrir des cuvées qui expriment la diversité des sols et des cépages du territoire.

Entre les influences du Ventoux, de la Côte d’Azur et des plaines d’Avignon, les bières locales explorent des arômes surprenants, parfois infusés aux plantes méditerranéennes… la brasserie artisanale suit la même dynamique.

Le miel et les produits d’apiculture ne sont pas en reste. Lavande, châtaignier, romarin ou garrigue… chaque variété porte en elle un bout de paysage provençal. Une filière qui illustre parfaitement les défis du secteur, où les agriculteurs doivent jongler entre protection des pollinisateurs et maintien des exploitations.

Enfin, la gastronomie provençale s’exprime aussi à travers ses aromates et épices, indispensables à la cuisine du Sud. Thym, sarriette, basilic… Derrière ces herbes emblématiques, des producteurs engagés perpétuent des cultures souvent biologiques, adaptées aux contraintes climatiques de plus en plus marquées.

Sabine et Laurent, apiculteurs à Roussillon, mettent en avant les produits de leur rucher. © Alain Robert

L’innovation au service du terroir

Derrière ces produits emblématiques, l’agriculture provençale évolue pour faire face aux défis du changement climatique et des nouvelles exigences économiques. Loin d’être figée dans ses traditions, elle innove pour préserver son identité tout en assurant sa pérennité. Côté oléiculture, Château Calissanne, qui produit des huiles d’olive et des vins en Provence, met en avant des techniques garantissant la fraîcheur et la qualité de ses huiles : les olives sont récoltées et pressées dans les 24 heures, préservant ainsi toutes leurs qualités aromatiques.

Dans le secteur viticole, le Domaine de la Présidente (Cairanne, Châteauneuf-du-Pape) a obtenu la certification Haute Valeur Environnementale (HVE) niveau 3, témoignant d’une gestion raisonnée des ressources et d’un travail en harmonie avec la biodiversité locale.

En viticulture, les capteurs connectés permettent une gestion optimisée de l’irrigation, essentielle dans un climat marqué par la sécheresse. Certains domaines expérimentent des cépages plus résistants, capables de s’adapter à des températures élevées tout en préservant la typicité des vins.

L’apiculture, quant à elle, s’appuie de plus en plus sur la technologie pour protéger les ruches et surveiller la santé des colonies. L’intégration de capteurs intelligents permet aux apiculteurs de suivre l’activité des abeilles à distance et d’anticiper d’éventuelles menaces, notamment face à l’expansion du frelon asiatique.

« Nos agriculteurs ne doivent pas être une variable d’ajustement »

Si le Salon reste une fête de l’agriculture, la crise agricole, qui a poussé les exploitants dans la rue ces dernières semaines, plane au-dessus de cette édition. Loin de se limiter à la promotion des produits du Sud, la présence régionale est aussi un moyen de rappeler les difficultés du métier : flambée des coûts, pression foncière, adaptation aux nouvelles normes… autant de sujets qui s’invitent dans les discussions.

Comme le veut la tradition, Emmanuel Macron a inauguré officiellement le Salon ce matin, coupant le ruban avec une quarantaine de minutes de retard. Dans ce contexte marqué par les crispations du monde agricole, le chef de l’État a rappelé que « nos agriculteurs ne doivent pas être une variable d’ajustement ».

61e édition du Salon de l’Agriculture – © Alain Robert

Le président a également pris position sur plusieurs dossiers sensibles, notamment le traité de libre-échange avec le Mercosur, qu’il a qualifié de « mauvais texte », réaffirmant sa volonté de protéger la souveraineté alimentaire française et européenne.

Concernant les tensions entre agriculteurs et agents de l’Office français de la biodiversité (OFB), régulièrement accusés de multiplier les contrôles et les sanctions, le chef de l’État a appelé à « être respectueux » de ces agents, tout en reconnaissant la nécessité d’« apaiser les choses » sur ces questions.

Alors que les débats politiques s’invitent une fois de plus dans les allées du Salon, les agriculteurs provençaux espèrent que cette édition 2025 restera avant tout un moment d’échange avec les citoyens. Entre promotion de leurs produits, défense de leurs métiers et adaptation aux enjeux climatiques, les producteurs du Sud veulent prouver qu’ils ont encore un rôle clé à jouer dans l’agriculture française.

L.-R.M.

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