Bis repetita. Le tribunal administratif de Marseille a annulé le budget primitif 2024 de la ville, une décision qui prendra effet au 1er août 2025. Une sanction lourde qui pointe un manque de transparence dans la gestion municipale et alimente la bataille politique entre majorité et opposition.
C’est un coup dur pour la majorité de Benoît Payan. Le tribunal administratif a invalidé le budget primitif 2024, pointant du doigt des manquements dans la transmission des informations budgétaires aux élus.
La décision du tribunal repose sur une faille juridique de taille : un rapport budgétaire jugé incomplet, ne permettant pas aux élus de délibérer en toute connaissance de cause. Pour Didier Tani, conseiller municipal d’opposition (Une Volonté pour Marseille) et requérant dans cette affaire, la municipalité a failli à son devoir de clarté en ne fournissant pas les éléments nécessaires à une vision d’ensemble des finances publiques.
La mairie, défendue par Me Mendes Constante, a tenté de minimiser l’affaire, évoquant une simple question de forme. Elle a assuré que les informations étaient disponibles et que certains élus en avaient pris connaissance. Insuffisant pour le tribunal, qui a jugé que l’ensemble du conseil municipal aurait dû disposer de ces données avant le vote.
L’opposition pointe une fois encore « l’amateurisme »
Alors forcément pour le groupe Une Volonté pour Marseille cette annulation est une preuve supplémentaire des défaillances de la majorité. Sa présidente, Catherine Pila, ne mâche pas ses mots : « De nouveau, Marseille et les Marseillais pâtissent de l’amateurisme de Benoît Payan et de sa majorité municipale. La deuxième ville de France voit son budget annulé pour la deuxième fois par le tribunal administratif, ce qui en dit long sur la gestion actuelle de notre ville. »
Pierre Robin, élu du groupe d’opposition, a lui aussi fustigé la gestion municipale, rappelant que ce n’était pas la première fois qu’un tel revers survenait. « Deux annulations en quatre ans. Une situation inimaginable pour la deuxième ville de France, où l’on attend des décisions budgétaires solides et irréprochables. Pourtant, on retrouve encore les mêmes erreurs : amateurisme, manque de rigueur et une opposition tenue à l’écart. Ce n’est pas ainsi que l’on administre une grande métropole. »
Un budget sous surveillance
Au-delà de la bataille politique, cette décision interroge sur la gestion budgétaire de Marseille. Le rapport budgétaire incriminé ne précisait pas clairement les montants prévisionnels des investissements et n’apportait pas assez d’éléments sur les engagements pluriannuels. Résultat : un débat municipal tronqué et une annulation logique aux yeux du tribunal administratif.
Si la sanction est ferme, l’annulation ne prendra effet qu’au 1er août 2025. Un délai qui permet à la municipalité de corriger le tir et d’éviter une paralysie financière. Désormais, Benoît Payan et son équipe devront redoubler de vigilance pour éviter une nouvelle déconvenue. Car si le tribunal a laissé un sursis à la mairie, l’opposition, elle, ne lui en laissera aucun.
N.K.
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