À Marseille, les nouvelles règles sur la location touristique divisent

Wall tag against Airbnb rentals. In Marseille, Airbnb is a major irritant for residents of the Panier district.The explosion in tourist rentals is deregulating the real estate market and exasperating local residents.The city s municipal services are trying to stem the tide and penalize owners of Airbnb accommodations offering tourist rentals. Residents of the Le Panier district are tagging walls to show their anger in Marseille, Southern France, on January 20, 2024. Mur tague contre la locations Airbnb. A Marseille, Airbnb c est le grand ras le bol des habitants du quartier Le Panier. L explosion des locations touristiques deregule le marche immobilier et exaspere les habitants marseillais. Les services municipaux de la ville tentent d endiguer la vague et de verbaliser les proprietaires de logement Airbnb proposant des locations touristiques. Les habitants du quartier Le Panier taguent les murs pour montrer leur colère à Marseille le samedi 20 janvier 2024.

La mairie de Marseille impose un nouveau cadre aux locations de courte durée. La durée maximale de location des résidences principales via Airbnb passe de 120 à 90 jours par an, sous peine d’une amende de 15 000 euros. Une décision qui suscite des critiques de la part de la plateforme et de l’opposition municipale.

Marseille veut la réglementation la plus stricte de France. Benoît Payan s’attaque une nouvelle fois aux locations de courte durée. Après avoir traqué les boîtes à clés et imposé des obligations aux loueurs de résidences secondaires, la mairie annonce une nouvelle restriction : les Marseillais ne pourront plus louer leur résidence principale plus de 90 jours par an, contre 120 actuellement.

« À Marseille, nous aurons la réglementation la plus stricte et la plus forte de France pour lutter contre les meublés de tourisme », martèle Benoît Payan (DVG) dans un communiqué de presse. Cette décision s’accompagne d’une sanction dissuasive : une amende civile de 15 000 euros en cas de dépassement.

« Je répète mon engagement indéfectible à loger toutes les Marseillaises et tous les Marseillais dans des conditions dignes », insiste le maire. Pour lui, l’argument est clair : il s’agit d’enrayer la transformation du centre-ville en parc hôtelier déguisé et de stopper la spéculation sur l’immobilier.

The city of Marseille has decided to fight against Airbnb accommodations. This one cuts the key boxes that proliferate in the streets of Marseille. The mayor's office displays a sticker on the box containing the keys to the accommodation, warning the owner that he or she has 10 days to remove the key box, which is hanging in the street, i.e. in the public domain. in Marseille, Southern France on October 28, 2024.

La ville de Marseille a decide de lutter contre les logements Airbnb. Celle-ci coupe les boites a cles qui proliferent dans les rues de Marseille. La mairie affiche un stickers sur le boitier contenant les cles du logement prevenant ainsi le proprietaire du logement qu il a 10 jours pour retirer sa boite a cles qui est accroche dans la rue donc sur le domaine public a Marseille, lundi 28 Octobre 2024.
© Alain Robert

Airbnb et l’opposition dénoncent une mesure inefficace

Du côté d’Airbnb, la riposte est musclée. Clément Eulry, directeur général France et Belgique de la plateforme, fustige une mesure de « diversion purement politique ».

Selon lui, la municipalité fait fausse route car « limiter la fréquence à laquelle les Marseillais peuvent louer leur résidence principale ne résoudra pas la tension du logement. Avec cette décision, la mairie pénalise des familles qui comptent sur ces revenus pour améliorer leur pouvoir d’achat, et les commerces locaux pour qui le tourisme est essentiel. »

Les chiffres avancés viennent appuyer son plaidoyer : seuls 0,3% du parc de logements marseillais sont dédiés aux locations courtes durées, et 9 annonces sur 10 concernent des biens loués moins de 120 jours par an. La plateforme insiste également sur le fait que la majorité des hôtes sont des particuliers louant occasionnellement pour boucler leurs fins de mois.

L’opposition municipale, elle, critique l’approche politicienne du dossier. Pierre Robin (Une Volonté pour Marseille) dénonce une mesure « cosmétique » qui ne remettra aucun logement supplémentaire sur le marché puisqu’elle concerne les résidences principales.

Il accuse le maire de multiplier les mesures « anti-Airbnb sans discernement pour tenter de masquer son échec sur la question du logement. Comme il le fait sur la sécurité en essayant de masquer son inaction par des mesurettes et des opérations de communication. » L’élu de droite plaide plutôt pour la construction de nouveaux logements et l’accompagnement des propriétaires de biens vacants pour les remettre en location.

Même son de cloche chez Une Génération pour Marseille qui reproche à Benoît Payan de jouer au « shérif moderne d’Airbnb » dixit Romain Simmarano, au lieu de délivrer des permis de construire pour répondre à la crise du logement. Quant à Lionel Royer-Perreaut, ex-député Renaissance, il ironise sur le fait que « B. Payan a trouvé la martingale : haro sur Airbnb ! Réglementer encore, taxer toujours. Les recettes socialistes qui ne marchent jamais. »

Des solutions alternatives

Cette nouvelle restriction s’inscrit dans une politique plus large de durcissement entamée par la Ville. En octobre dernier, la municipalité avait déjà imposé aux propriétaires de résidences secondaires souhaitant faire de la location touristique d’acheter un bien équivalent et de le remettre sur le marché traditionnel.

Dans la foulée, elle avait déclenché une opération coup de poing médiatique contre les boîtes à clés accrochées sur l’espace public, avec des agents municipaux envoyés à la disqueuse pour les retirer. Manière pour la Ville d’afficher sa fermeté face aux plateformes.

Airbnb, de son côté, met en avant des solutions alternatives pour répondre à la régulation, notamment la mise en place de quotas ciblés plutôt qu’un plafonnement général. La plateforme rappelle aussi qu’elle collabore avec plusieurs villes françaises, dont Marseille, pour lutter contre la fraude, avec des outils permettant de supprimer les annonces non conformes.

Si la mesure satisfait certains habitants excédés par la prolifération des meublés de tourisme, particulièrement dans certains secteurs de la cité phocéenne, elle risque d’alimenter la fracture entre ceux qui y voient une régulation nécessaire et ceux qui dénoncent une attaque contre un pan vital de l’économie locale. Et Marseille continue de marcher sur le fil du rasoir entre préservation du cadre de vie et attractivité touristique.

L.-R.M.

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