Le débat – À Marseille, bataille rangée autour de la loi PLM

À droite, on crie au « tripatouillage électoral ». À gauche, Mad Mars réclame une « démocratie à la hauteur » et lance une pétition. La réforme du mode de scrutin municipal (loi PLM) divise, entre défense des mairies de secteur et exigence d’un électeur = une voix.

Urgence démocratique ou coup de force ? Faut-il faire sauter la loi PLM ? Le gouvernement veut imposer l’élection directe du maire, mettant fin à un système en place depuis 1983. Une réforme jugée précipitée par Renaud Muselier (Renaissance) et Martine Vassal (DVD) qui, avec une vingtaine d’élus marseillais de droite et du centre, dénoncent une décision « impraticable » et « hors-sol ».

Dans une tribune publiée dans La Tribune Dimanche, ils s’alarment du timing : « Pourquoi cette réforme en urgence, à un an des élections municipales de 2026 ? À qui profiterait ce bouleversement brutal, sinon à des Parisiens pour eux-mêmes dans un grand tripatouillage de dernière minute ? » Une accusation à peine voilée d’un agenda dicté par la capitale, sans concertation avec les élus locaux.

Pour eux, le problème démocratique avancé par le gouvernement ne tient pas. « Depuis 1983, Marseille a toujours eu des maires élus avec un mandat clair », rappellent-ils. Certes complexe, la loi PLM garantit selon eux un équilibre entre la mairie centrale et les secteurs, où s’ancre la gestion de proximité. La réforme, en supprimant ce système, risquerait de « dévitaliser profondément les mairies de secteur », indispensables à la vie municipale et au lien avec les habitants.

Plutôt qu’un passage en force, le président de la Région Sud et la présidente de la Métropole et du Département plaident pour une réflexion post-électorale, afin d’adapter le scrutin aux réalités locales plutôt qu’à des calculs politiques de dernière minute.

La gauche riposte avec « Un Marseillais, une voix »

À gauche, le collectif Mad Mars contre-attaque et réclame la fin d’un système électoral « opaque », jugé responsable des inégalités entre les quartiers.

Pour lui, la loi PLM est une aberration qui favorise certains secteurs au détriment d’autres. « Votre vote ne pèse pas le même poids selon l’endroit où vous votez », dénonce-t-il, comparant le scrutin marseillais au collège électoral américain.

Ils pointent du doigt un mécanisme qui a entretenu une ville à deux vitesses. « Pendant des décennies, il a favorisé ceux qui ‘votaient bien’, reléguant les autres dans l’ombre des politiques publiques », accuse Mad Mars, qui voit dans cette réforme une occasion unique de rétablir l’égalité entre tous les Marseillais.

Pour faire pression sur le gouvernement, le collectif a lancé une pétition et appelle à une mobilisation citoyenne. Leur revendication est claire : un retour au droit commun électoral, où chaque voix aurait le même poids. « À une époque où de plus en plus de citoyens se sentent éloignés de la politique, ne pas leur donner un moyen clair et direct d’exprimer leur choix alimente la défiance et favorise l’abstention », plaident-ils.

Et les citoyens dans tout ça ?

Le collectif Une Génération pour Marseille plaide pour un « grand débat dans les trois villes concernées, en avril 2026, immédiatement après les prochaines élections municipales ».

Pour ses membres issus de la droite et du centre « aucun consensus politique n’existe, d’autant que les précédents scrutins à Marseille ont toujours donné la mairie au candidat arrivé en tête au second tour : Michèle Rubirola, et avant elle, Jean-Claude Gaudin. Mais rien n’exclut une véritable réflexion sur le sujet, pour adapter notre mode de scrutin aux enjeux du XXIe siècle. »

Derrière le débat institutionnel, la réforme vise surtout rebattre les cartes du pouvoir local. En supprimant le système par secteurs, la droite craint une perte de contrôle sur des arrondissements stratégiques, tandis que la gauche y voit une opportunité de renforcer son ancrage.

Derrière les stratégies et les postures, un constat demeure : à Marseille, plus d’un électeur sur deux ne se déplace pas pour voter. Si la réforme doit avoir un sens, ce sera celui de réconcilier les Marseillais avec les urnes. Mais pour l’instant, le débat se joue entre élus.

N.K.

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