
Pour la 33e édition de l’Open 13 Provence (ATP 250), le fondateur et président du tournoi Jean-François Caujolle tire la sonnette d’alarme sur la vétusté et les points faibles du Palais des sports de Marseille. L’ATP mène un audit cette semaine.
La pluie qui rince Marseille ce mardi rappelle de mauvais souvenirs et ravive une certaine inquiétude auprès de Jean-François Caujolle, le fondateur et président de l’Open 13 Provence. Pourtant, son tournoi de tennis se dispute en intérieur, me direz-vous…
Pas plus tard que l’an dernier, la compétition était passée près d’une interruption à cause des trombes d’eau qui s’étaient abattues ce jour-là sur la cité phocéenne : de l’eau s’était infiltrée dans le plafond du Palais des sports pendant les quarts de finale, heureusement dans les tribunes et pas sur le court.
« S’il pleut trop fort, on aura de l’eau à l’intérieur »
« S’il pleut trop fort sur notre cours numéro 1, on aura de l’eau à l’intérieur, c’est une réalité… et les matchs seront arrêtés », rappelait au Méridional Jean-François Caujolle samedi dernier, lors du tirage au sort de l’épreuve.
Un état de fait qui dit bien la vétusté d’une enceinte appartenant à la Ville de Marseille, sortie de terre en décembre 1988 et affichant une capacité maximale de 7200 places. S’il continue d’accueillir nombre d’événements sportifs et culturels, le Palais des sports et ses 36 ans d’existence se fait vieillissant.

« Le Palais des sports a besoin d’être revu, amélioré »
« Il faut être pragmatique, affirme Jean-François Caujolle, bien sûr que le Palais des sports a besoin d’être revu, amélioré. Cela correspond à des choix politiques et économiques. Ce n’est pas la faute de la Ville de Marseille ou de la collectivité, mais l’ATP (le principal circuit professionnel masculin) regarde ce qu’il se passe dans le monde entier. »
À travers ce prisme international, face aux Grands Chelem qui mettent toujours plus d’argent, face aux pays émergents (Arabie saoudite, Qatar, Dubaï) qui attirent les joueurs avec des prize money et des exhibitions hors de prix, l’exigence augmente obligatoirement.
C’est pourquoi l’ATP mène cette semaine un audit complet à l’Open 13 Provence, qui fait partie de la plus petite catégorie (250) de son circuit, après les Grands Chelem, les ATP Finales, les Masters 1000 et les ATP 500.
Un audit complet mené cette semaine par l’ATP
Tout sera scruté et rien ne sera laissé au hasard : l’organisation purement sportive du tournoi, les conditions d’accueil des joueurs, la capacité d’accueil du public, la qualité du cours N.1 et celle des cours d’entraînement, la sonorisation, la lumière…
« Assez régulièrement, nous sommes déjà notés à la fin de chaque édition par un superviseur qui rédige un rapport, et sur la partie sportive, on a toujours la note maximale (en réalité, une appréciation) », précise Jean-François Caujolle.
« Depuis maintenant un an, les joueurs aussi font un rapport, ils notent toutes les prestations des tournois, relatives à leur bien-être, à leur confort et à la partie sportive. Et désormais, l’ATP a une structure qui évalue les standards ; comme ceux-ci sont rehaussés assez régulièrement et vont l’être de plus en plus, c’est normal qu’un audit soit mené tout au long de la semaine. »
Cette observation externe ne stresse pas outre-mesure l’homme qui approche des 72 printemps : « Je ne suis pas d’un tempérament très inquiet en général. Je suis assez objectif et je sais ce qu’on va nous reprocher et ce qui va fonctionner ».
« À un moment donné, ce n’est plus de notre ressort »
Et d’ajouter : « À un moment donné, ce n’est plus de notre ressort ». Une façon de mettre la pression gentiment sur les décideurs politiques de tous bords concernant une compétition sportive d’envergure mondiale, affichant un budget entre 5 et 7 millions d’euros et proposant chaque année une plateau sportif de grande qualité.
« Mon but n’est pas de lancer un cri d’alerte, c’est simplement de dire de manière pragmatique ‘Voilà ce qui va se passer’, lance l’ancien joueur de tennis, classé 59e mondial au sommet de sa carrière (1977). L’Open 13 ne va pas disparaître demain ou après-demain, l’ATP ne va pas nous déclasser sur-le-champ, mais c’est clair que si dans quatre ou cinq ans, rien n’est fait, on ne sera plus dans le circuit. »
Lyon disparaît cette année, Metz suivra en 2026…
L’Open 13 Provence détient pour l’heure une licence « inamovible » (dixit Jean-François Caujolle la semaine dernière dans La Provence) mais la disparition du tournoi ATP 250 de Lyon en 2025 et celle prévue en 2026 pour le tournoi de Metz peuvent être de nature à inquiéter… D’autant que l’édition 2026 sera décalée au mois d’octobre (du 19 au 25).
Le patron de l’épreuve marseillaise souhaite faire bouger les lignes après trop de longues d’années d’immobilisme. Sans le dire, il enjoint à voir plus loin que les enjeux politiques, économiques et stratégiques. À dépasser le cadre du Conseil département des Bouches-du-Rhône (principale collectivité à mettre au pot, 700 000 euros HT cette année), à mettre autour de la table la Ville de Marseille, la Métropole et la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur.
Car, si l’Open 13 Provence répond pour l’heure au cahier des charges fixé par l’ATP, les standards internationaux auront vite fait de raser Marseille de la carte du tennis. « L’avenir du tournoi passe uniquement par une Arena, assure Jean-François Caujolle. En nombre de places, on est à peu près dans les standards, mais il faut s’améliorer dans toutes les zones de réception des joueurs. »
Le tournoi devra-t-il déménager à l’Arena du Pays d’Aix pour continuer à vivre ? Le groupement GL Events et CCI Infrastructures, qui a récemment pris la succession de la Safim en tant que délégataire (DSP) du Parc Chanot, intégrera-t-il la construction d’une Arena dans cet espace multifonctionnel ?
Quoi qu’il en soit, le temps mener des études, de lancer un appels d’offre et de faire les travaux, le compte à rebours est déjà lancé pour la survie du tournoi à Marseille. Sollicitée, Samia Ghali, la maire-adjoint en charge notamment des grands équipements de la Ville, n’a pas répondu.
B.G.
À LIRE AUSSI