Le Mucem prend goût à la cuisine d’Alexandre Mazzia

Le Mucem se réinvente aussi dans l’assiette. Alexandre Mazzia, en partenariat avec Sodexo Live!, signe une offre culinaire accessible et méditerranéenne, entre bouillon populaire, street food et kiosque sur le pouce. Un projet pensé comme un prolongement du musée, ancré dans son territoire et ouvert à tous.

Le Mucem, vaisseau ajouré posé sur la mer, s’apprête à ouvrir un nouveau chapitre gastronomique. Dès l’automne 2025, ses visiteurs viendront pour l’histoire et la culture méditerranéenne, mais aussi pour profiter d’une nouvelle expérience culinaire.

Alexandre Mazzia, chef triplement étoilé dont la cuisine instinctive et audacieuse a déjà conquis Marseille avec AM, prend les commandes des espaces restauration du musée en collaboration avec Sodexo Live!.

Après onze ans sous la houlette de Gérald Passedat, place à une offre plus ouverte mais toujours ancrée dans l’identité méditerranéenne du lieu. « Créer un lieu de vie, en résonance avec le territoire, ses artisans, ses métiers de bouche… C’est ça l’enjeu », résume-t-il, les yeux tournés vers la Méditerranée qui nourrit chacune de ses assiettes.

Trois espaces, trois expériences culinaires

Avec son arrivée, Alexandre Mazzia ne reprend pas seulement un restaurant, mais trois espaces complémentaires, chacun avec son identité. Ce projet s’inscrit dans un calendrier en plusieurs étapes, avec une approche pensée pour diversifier les expériences.

Le kiosque, déjà en service dans le hall d’accueil, propose une offre sur le pouce pour les visiteurs pressés. « Une première porte d’entrée dans l’univers du Mucem par l’assiette », explique-t-il. La Terrasse, espace en plein air dédié à la street food, accueillera dès avril prochain une offre pensée pour être dégustée face à la mer, avant une version finalisée à l’été.

Enfin, au dernier étage, un restaurant inspiré des bouillons marseillais ouvrira ses portes à l’automne, une fois les travaux achevés. Un lieu où la cuisine se veut simple mais exigeante, lisible et sans fioritures. En mai ou juin, le Mucem lèvera le voile sur les noms des espaces, les menus et l’identité de cette nouvelle expérience culinaire.

« J’aime ces espaces où l’on trouve une écriture culinaire aérée, accessible, contemporaine », poursuit Alexandre Mazzia. De 7 à 70 euros, chacun pourra trouver son assiette, sans élitisme mais avec exigence.

Une cuisine engagée et solidaire avec des repas à 1 euro

Au Mucem, la gastronomie n’est pas une simple addition à l’offre culturelle. Elle se veut un prolongement de l’âme du musée, un pont entre les cultures et un engagement fort envers le territoire. « On est porté par les énergies qui nous entourent, cette lumière, ce dialogue des cultures qui fait l’identité de Marseille », confie le chef marseillais.

L’assiette se fera le reflet de cette diversité, en valorisant les produits locaux et les savoir-faire artisanaux. « Il y a des gens qui font des choses incroyables ici, mais qu’on ne voit pas. C’est important de leur donner une place », insiste-t-il.

L’ambition dépasse le simple plaisir gustatif. Cette offre intégrera une dimension solidaire, avec des repas à 1 euro en partenariat avec l’association La Petite Lili, portée par Sébastien Richard (Le République), pour permettre aux plus précaires d’accéder à une table digne.

La lutte contre le gaspillage alimentaire sera également au cœur du projet, grâce à une collaboration avec Les Moches, une initiative valorisant les produits imparfaits. « Cuisiner, c’est avant tout donner du plaisir aux autres, des sourires », rappelle Alexandre Mazzia.

Un lieu vivant, entre cuisine et culture

Le Mucem ne se contentera pas d’une simple restauration : ces espaces ont vocation à devenir des lieux de vie à part entière. Un travail a été confié au designer marseillais Jérôme Dumetz pour imaginer un aménagement qui fasse dialoguer art et gastronomie. Un espace évolutif, « où rien n’est figé » pensé pour vibrer autant que nourrir, car « on sait très bien que la vérité du jour ne sera pas celle de demain », glisse Alexandre Mazzia, qui veut laisser place aux inspirations et aux rencontres.

Une programmation culturelle viendra animer ces espaces tout au long de l’année, avec un accent mis sur la scène artistique marseillaise et méditerranéenne. « Ce musée n’est pas qu’un musée, ce n’est pas qu’un lieu de culture, c’est un lieu où l’on s’occupe du sanitaire, du social et c’est surtout un lieu où on veut que le public, tous les publics, prennent du plaisir et du temps », ajoute Pierre-Olivier Costa, directeur du Mucem.

Pour Franck Chanevas, directeur général de Sodexo Live!, cette collaboration repose sur une synergie éprouvée, notamment lors des Jeux olympiques de Paris 2024, où ses équipes et celles d’Alexandre Mazzia avaient déjà travaillé ensemble. « Nous avons partagé une expérience incroyable l’été dernier en nourrissant des athlètes du monde entier. Aujourd’hui, nous voulons apporter cette expertise ici, au Mucem, et proposer une offre qui résonne avec le lieu et son public », souligne-t-il, précisant que l’ensemble des salariés (22) travaillant dans la restauration du Mucem seront repris et intégrés au sein de Sodexo Live!, assurant ainsi une continuité pour les équipes en place.

De la culture à la cuisine, il n’y a qu’un pas. Et bientôt, il suffira de le franchir pour goûter Marseille et la Méditerranée autrement.

Narjasse Kerboua