Dans une longue conférence de presse ce vendredi, l’entraîneur italien Roberto De Zerbi s’est dit « très heureux » des quatre arrivées au mercato et va devoir faire des choix pour composer son équipe, dès dimanche à Angers, pour la 21e journée de Ligue 1.
Roberto De Zerbi avait des choses à dire. Beaucoup. Et toujours avec une grande sincérité, sa marque de fabrique. Au cours d’une très longue conférence de presse ce vendredi, au Centre d’entraînement Robert Louis-Dreyfus, l’entraîneur italien a d’abord évoqué le prochain déplacement qui se profile à Angers ce dimanche (20h45, DAZN), une équipe au style de jeu diamétralement opposée à la sienne.
Le coach de l’OM a aussi plusieurs fois dit sa grande satisfaction à propos du mercato hivernal réussi par ses dirigeants, Pablo Longoria et surtout Medhi Benatia, qu’il a qualifié de « directeur sportif hors pair ». « RDZ » est franc : les quatre recrues de grand standing, Luis Felipe Ramos, Amine Gouri, Amar Dedic et Ismaël Bennacer, le rendent « très heureux ».
Charge à lui, désormais, d’intégrer les nouveaux arrivants et de façonner la meilleure composition possible pour une équipe qui n’a plus que le championnat de Ligue 1 à disputer.
Vous vous déplacez à Angers dimanche, qui vous a accrochés à l’aller (1-1). À quelle opposition vous attendez-vous ?
En Ligue 1, tout le monde peut perdre contre tout le monde cette saison. Ce sera difficile, mais il faudra faire un match sérieux, car il est à notre portée. Il faut le préparer de la meilleure façon possible, en essayant de bien jouer, pour l’emporter.
Mercredi, en coupe de France, Angers a battu Strasbourg mais en ayant très peu le ballon (30%). À l’inverse, votre équipe aime avoir la possession. Comment comptez-vous procéder ?
Angers a peu de possession mais s’appuie sur des joueurs techniques, qui savent jouer. C’est un contraste avec nous, car c’est la dernière équipe de L1 en termes possession. Il faudra être attentif, bien défendre quand on a le ballon, ne pas prendre de risques inconsidérés, ne pas perdre de ballons bêtement. Et si on le perd, on doit être tout de suite prêt à le récupérer. Il ne faut être pressé de marquer contre ce genre d’équipe, sinon c’est là que tu prends une contre-attaque.
Par exemple dimanche contre Lyon, le but de Tolisso vient d’un raté sur la possession du ballon. Pas sur une passe mais sur la couverture. Rongier est arrivé en retard à la limite de la surface, alors que c’est là où doit débuter la première phase défensive. Si on avait été tout de suite prêt et efficace, normalement Lyon ne serait pas arrivé si facilement à 30 mètres du but et Cherki n’aurait pas délivré la passe décisive pour Tolisso.
« Quand j’ai Dedic, Luiz Felipe, Bennacer et Gouiri en plus dans mon effectif, je suis très heureux. Je n’en demande pas plus »
Durant le mercato d’hiver, l’OM a recruté quatre joueurs, tous potentiellement titulaires. Vous qui portez un intérêt particulier à la tactique, est-ce stimulant d’avoir un tel vivier, pour tenter des choses et améliorer l’équipe ?
Avant d’aimer la tactique, j’aime les joueurs forts. Avec des joueurs forts, tu peux faire toutes les tactiques que tu veux. Donc quand j’ai Dedic, Luiz Felipe, Bennacer et Gouiri en plus dans mon effectif, je suis très heureux. Je n’en demande pas plus.
Qu’allez-vous faire dimanche ? N’est-il pas trop tôt de les intégrer dans votre onze ou prendrez-vous le risque de chambouler les équilibres établis ?
Ils viennent d’arriver. Luis Felipe Ramos est là depuis un mois mais il a d’abord dû récupérer une condition physique. On n’a pas encore faire de réels tests sur sa forme.
Gouiri est prêt, il l’a montré dimanche contre Lyon et il pourrait être titulaire. Les deux autres viennent toujours juste d’arriver : Dedic et Bennacer sont deux joueurs intelligents, je suis sûr qu’ils n’auront pas besoin de plusieurs semaines pour s’intégrer. Mais il faut quand même un minimum de temps.
« Medhi Benatia a la même importance que Rabiot, Hojbjerg ou Greenwood : c’est un directeur sportif hors pair »
Ces quatre arrivées au mercato vont-elles vous pousser à déplacer des joueurs, voire à changer de système ?
Je n’y ai pas encore pensé. D’abord, je veux bien apprendre à les connaître. Je suis vraiment super content de notre mercato, on a pris quatre joueurs qui augmentent considérablement le niveau de l’équipe. Medhi Benatia a la même importance que Rabiot, Hojbjerg ou Greenwood : c’est un directeur sportif hors pair. Quand tu lui demandes un joueur qui vaut 7, il t’amène un joueur qui vaut 10. Si tu veux un bon joueur, il t’en ramène un très bon.
J’ai vu que Pablo Longoria était aussi très investi au cours des derniers jours du mercato pour pouvoir conclure certaines négociations. Je suis vraiment très heureux. Maintenant, il faut qu’on trouve comment tous les faire jouer, dans un but précis : remporter les matchs, réussir à faire encore mieux que ce qu’on a fait jusqu’ici.
En octobre 2023, Ismaël Bennacer expliquait au média Le Club des 5 qu’il « kiffait » votre jeu. Il est maintenant un de vos joueurs…
J’aurais déjà voulu qu’il vienne à Brighton, notamment après le départ de Caicedo pour Chelsea (août 2023). C’est un joueur vraiment très important, un gros transfert pour nous. Ses caractéristiques sont compatibles en tout point avec notre style de jeu. En plus, c’est un joueur absolu, comme Rabiot, Hojbjerg, Greenwood, Balerdi…
Il voulait venir à Marseille à tout prix. Bennacer, on en parlait déjà en août, mais on n’avait pas réussi à conclure les négociations avec l’AC Milan. Là , on en a reparlé quelques heures avant la fin du mercato, c’était lundi matin. Quand Medhi m’a dit qu’il y avait la possibilité de le recruter, on n’a arrêté la musique, comme on dit en Italie.
Luis Henrique réalise une saison pleine (7 buts et 4 passes décisives) en piston droit. Quelle importance a-t-il dans votre équipe ?
Luis est en train de faire une très grosse saison, il prouve que c’est un joueur complet, avec ou sans ballon. Il marque beaucoup de buts ; il est tellement jeune, il faut qu’il s’impose davantage, qu’il cherche à toujours progresser. C’est un des joueurs les plus importants de l’OM, sans aucun doute.
« Kondogbia est un pilier de l’équipe. Il nous a beaucoup manqués, même si Cornelius a fait de très bonnes choses »
Blessé au mollet fin décembre contre Saint-Étienne, Geoffrey Kondogbia a repris l’entraînement collectif cette semaine. Sera-t-il présent dimanche contre Angers ?
C’est un pilier de l’équipe, il nous a beaucoup manqués, même si Cornelius a fait de très bonnes choses. Kondogbia peut aussi jouer au milieu du terrain, en défense, un peu partout parce qu’il est intelligent. Il faut voir combien de minutes il a dans les jambes.
Amine Harit (mollet) revient aussi, après une longue absence (dernière apparition face au PSG, où il a été expulsé au bout de vingt minutes). C’est un joueur important pour nous. J’ai des problèmes de riche parce que tout le monde est disponible et en forme. Ce sera à moi de faire des choix.
Le nom de Paul Pogba est souvent revenu dans les rumeurs ces derniers mois. Les dirigeants semblent y avoir réfléchi et la porte ne semble pas totalement fermée pour une possible arrivée plus tard. Existait-il selon vous un risque de chambouler l’équilibre du vestiaire ?
Personne ne pourra changer l’équilibre du vestiaire tant que je serai le coach. Ce n’était pas ça le problème. Pogba est un très grand joueur certes, mais il fallait réfléchir à la meilleure utilisation que nous aurions pu en faire une fois qu’il aurait retrouvé sa forme, dans quel rôle, à quel poste… Une équipe se compose sur le terrain et il faut respecter le joueur mais aussi ses coéquipiers.
Pour moi, plus j’ai de champions à disposition, plus je suis heureux. On a fait une évaluation générale ; peut-être que ça changera (dans les prochains mois), parce qu’on parle d’un super champion.
Pensez-vous que le club a progressé depuis votre arrivée ?
Je suis très heureux d’être ici, très heureux du fonctionnement du club. Les dirigeants m’ont toujours dit les choses en face ; quand on me ment, quand j’ai affaire à des personnes floues, je n’aime pas ça. Généralement, je préfère partir et laisser l’argent de côté.
Ici, ce n’est pas le cas. On a une ambition importante, qui est de faire les choses au mieux. On n’a même pas vraiment commencé notre processus. Nous sommes deuxièmes au classement, c’est une bonne chose mais ce qu’on a fait jusqu’ici ne compte en rien. On a encore quatorze matchs à jouer cette saison, ce n’est pas l’heure de faire des bilans.
Propos recueillis par B.G.
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