Dès septembre, les plus de 65 ans et les enfants de moins de 10 ans pourront voyager gratuitement sur le réseau métropolitain. Une annonce faite par Martine Vassal lors de ses vœux à la population, jeudi 30 janvier, qui marque une évolution dans la politique tarifaire des transports en commun.
Elle avait promis de remettre le dossier sur la table, la voilà qui tranche. Lors de ses vœux à la population, ce jeudi 30 janvier, au Département des Bouches-du-Rhône, Martine Vassal a annoncé la gratuité des transports métropolitains pour les plus de 65 ans et les enfants de moins de 10 ans, à la rentrée prochaine.
« J’ai toujours dit que cette gratuité avait un coût, mais aujourd’hui, nous prenons l’engagement ferme de tout mettre en œuvre pour vous l’offrir. Une mesure qui facilitera le quotidien de nombreux habitants et participera à un meilleur accès à la mobilité pour tous”, a déclaré la présidente (DVD) de la Métropole Aix-Marseille Provence et du Département des Bouches-du-Rhône.
Cette décision s’appuie sur les conclusions d’un rapport sur la mobilité, récemment remis à Martine Vassal. Cette mesure à 10 millions d’euros s’inscrit dans une réflexion plus large menée depuis plusieurs mois sur l’évolution des tarifs des transports publics. « Nous maintenons également la gratuité pour les forces de l’ordre et de sécurité, qu’il s’agisse des militaires, policiers, pompiers ou surveillants pénitentiaires. Quant aux personnes en situation sociale difficile, elles continueront de bénéficier de tarifs adaptés ».
Une gratuité totale écartée pour l’instant
Si la Métropole fait un pas vers la gratuité, elle reste prudente sur une suppression totale des titres de transport, jugée trop coûteuse. « La gratuité pleine et entière coûterait entre 280 et 300 millions d’euros par an, entre l’augmentation des coûts d’exploitation du réseau et la perte de 80 millions d’euros de recettes tarifaires », explique Didier Khelfa, vice-président en charge des finances.
La question n’est pas nouvelle. En 2019, une première étude avait estimé qu’un réseau 100 % gratuit nécessiterait plus de 200 millions d’euros par an, freinant toute avancée sur le sujet. Fin 2023, la Métropole a relancé une analyse pour actualiser ces projections et explorer d’autres pistes tarifaires.
Ce dossier a fait l’objet d’un travail collectif au sein d’une commission métropolitaine réunissant plusieurs groupes politiques, dont Une Métropole à Gauche et Métropole Bien Commun. Mais la publication du rapport final a suscité des tensions. « Nous avons découvert via un tweet que ce rapport était terminé. Quel est son contenu ? Mystère et boule de gomme », dénonce Métropole Bien Commun, critiquant une absence de consultation et une méthode jugée opaque.
De son côté, Didier Khelfa défend la transparence du processus. « Les réunions ont eu lieu avec l’ensemble des représentants des groupes souhaitant y participer, sous la présidence de Pascal Chauvin, maire de Trets, et Frédéric Guel, élu marseillais. Elles ont permis de confronter différents modèles, d’intégrer des experts et d’étudier des expériences menées sur d’autres territoires. »
Vers une nouvelle grille tarifaire
Au-delà de la gratuité pour les seniors et les jeunes enfants, la Métropole planche sur une tarification ajustée aux profils des usagers. Plusieurs pistes sont à l’étude :
• Un dispositif de réduction pour les personnes aux revenus modestes, inspiré du modèle régional, avec des seuils fixés entre 500 et 700 euros de revenus mensuels.
• Une différenciation des tarifs entre résidents métropolitains et visiteurs occasionnels, sur le modèle de certaines grandes agglomérations françaises. Un habitant de la Métropole pourrait bénéficier d’un tarif réduit, tandis qu’un usager extérieur paierait un peu plus cher.
Si la Métropole exclut toute hausse d’impôts, elle explore différentes solutions pour financer ces nouvelles mesures. Certaines gratuités devront être compensées par des ajustements budgétaires ou par la recherche de nouvelles recettes.
Parmi les leviers envisagés, le versement mobilité, contribution des entreprises au financement des transports publics, pourrait être une option à long terme. Mais sa revalorisation dépend d’une évolution législative.
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