Cyclo-cross – Lise Revol, la découverte ambitieuse du Mondial

Revol
Cette saison en U19, la Vauclusienne Lise Revol a remporté le championnat de France et terminé à la deuxième place du classement général de la coupe du monde. Photo Billy Ceusters

Championne de France et 2e du classement général de la coupe du monde, la jeune Vauclusienne de 16 ans Lise Revol visera le podium en U19, ce samedi matin aux championnats du monde de cyclo-cross à Liévin.

Avec Lise Revol, tout va très vite. Surtout sur un vélo. Ou plutôt, sur tous types de vélo. Multiple championne de France cadettes en 2023 et 2024 sur route, en VTT et en cyclo-cross, la native d’Avignon a encore accéléré cet hiver dans les sous-bois.

À 16 ans, pour sa première année chez les juniors, la jeune fille a presque tout raflé sur son passage, malgré la boue et les planches : championnat de France et coupe de France U19, deux victoires en coupe du monde (Besançon et Benidorm), six fois dans le top 10 et une deuxième place au classement général final.

Une année de découverte vécue en accéléré et couronnée de succès. Ses concurrentes ont rapidement dû apprendre son nom. Puis elles ont le plus souvent seulement aperçu, de très loin, son dossard floqué sur son dos. À vrai dire, c’est la même chose depuis ses débuts, à 6 ans : alors qu’elle pratique l’athlétisme, elle se retrouve un jour au cyclo-cross de Bollène, où concourt son frère de quatre son aîné, et décide à brûle-pourpoint de participer. Devinez le résultat ? Une victoire devant les garçons, évidemment ! « Je ne m’étais jamais entraînée. Ça m’a immédiatement plu Â», raconte-t-elle.

Lycée via le Cned, livres de romance et synthétiseur

Malgré son jeune âge, Lise Revol a affiché cette saison une telle régularité qu’elle figure parmi les favorites pour le titre mondial ce samedi matin (11 h) sur le circuit de Liévin (Pas-de-Calais).

« Lorsque vous avez des coureurs qui se battent toute la saison pour la gagne en coupe du monde, ils ne viennent pas pour passer les plats et faire dixièmes au championnat du monde, constate François Trarieux, le sélectionneur de l’équipe de France de cyclo-cross. Mais je ne veux pas leur mettre la pression. Pour les catégories juniors et Espoirs, ça reste de la découverte. Â» Sa non-participation, vendredi, au relais mixte est en ce sens symbolique, elle a pu « faire du jus », garder de l’influx et de l’énergie pour sa course.

Tout au long de cette semaine, l’intéressée a aussi essayé de se « changer les idées Â». « Si je ne pense qu’au Mondial, ça va me faire trop stresser Â», nous a-t-elle confié mardi. Alors, la lycéenne en classe de 1re via le Cned s’est plongée dans ses manuels de cours. En temps normal, pour s’aérer l’esprit en dehors de ses entraînements et de ses nombreuses compétitions, Lise Revol dévore des bouquins de romance – « Je n’ai pas de livre préféré ; j’en ai trop lu Â» – et consomme « un peu de tout Â» en séries télé. Elle voue aussi un penchant pour la photographie et a récemment appris à jouer du synthétiseur.

Depuis quelques temps, la Jonquerettoise a mis tout cela de côté. Ces Mondiaux de cyclo-cross, elle y « pense depuis Besançon Â». Le 29 décembre dernier, elle avait remporté la toute première coupe du monde de sa jeune carrière. Lise Revol a été la seule à véritablement destabiliser la Québecoise Rafaelle Carrier (junior 2e année et future stagiaire de la formation bretonne Arkéa-B&B Hôtels au 1er août), la challengeant jusqu’au bout dans la course au classement général.

Las, « plusieurs « erreurs Â» commises dimanche dernier à Hoogerheide (Pays-Bas) ont laissé la Vauclusienne à la deuxième place finale. « Si je m’imposais, je gagnais le général, rappelle cette surdouée au tempérament de gagnante. Faire cinquième à Hoogerheide, ce n’est pas non plus la mort. Ça me permet de ne pas arriver au Mondial en étant trop sereine. Cette fois, je serai vigilante. Ça me rebooste, je suis encore plus à bloc Â», explique l’élève de Nicolas Filippi.

Lise Revol est vite passée à autre chose. « Je vise un podium au minimum Â», annonce la benjamine de la famille, qui se définit comme « têtue mais aussi souriante et déterminée Â».

Revol cyclo-cross

« Le circuit me correspond bien parce qu’il est technique et quand même plutôt physique »

Vice-championne d’Europe de cyclo-cross par équipes lors du relais mixte début novembre, la Vauclusienne pourrait parachever ce samedi sa superbe saison d’une nouvelle breloque en individuel. « Le circuit me correspond bien parce qu’il est technique et quand même plutôt physique, détaille-t-elle. En tout cas, le parcours me plaît. Mais la forme jouera aussi un rôle. Â»

Recrutée cet été par le team alsacien AS Bike Racing, la Vauclusienne passée par l’AC Beaumes-de-Venise et Gordes Vélo Évasion avance simplement guidée par la passion, brute et véritable. Sans penser au lendemain. « J’ai des rêves dans ma tête en vélo mais pour l’instant, je veux juste m’amuser dans tout ce que je fais Â», dit-elle. Et à court terme, elle ambitionne de « devenir championne du monde Â».

Un destin qui pourrait se réaliser dès samedi à mi-journée, du côté de Liévin, devant 35 000 personnes (essentiellement française). Vingt-et-un an après la précédente édition d’un championnat du monde de cyclo-cross en France. C’était à Pontchâteau en 2004. Lise Revol n’était même pas née.

B.G.