Sécurité, transports, pouvoir d’achat, patrimoine… Pour ses vœux à la population, Martine Vassal a tracé une ligne claire. Face aux tensions et aux défis du territoire, la présidente du Département et de la Métropole Aix-Marseille-Provence mise sur la protection, sous toutes ses formes.
À Marseille, on ne fait jamais les choses à moitié. Pour cette cérémonie, elle a vu grand : 7 000 personnes ont répondu à l’invitation dans le hall du Département des Bouches-du-Rhône, « la maison de tous les Provençaux ». Une mise en scène millimétrée, des surprises, et une arrivée qui ne doit rien au hasard.
Sur la musique survitaminée de Jump de Van Halen, Martine Vassal, présidente du Département et de la Métropole Aix-Marseille-Provence, descend les escalators, entourée de Pablo Longoria, Fabrizio Ravanelli et des joueurs de l’OM, Bilal Nadir et Neal Maupay. Une arrivée calibrée pour rappeler que la politique, comme le sport, est affaire de compétitivité. De combativité.
Son cap est clair, et son discours en est la démonstration : protéger. Protéger les Provençaux, leur pouvoir d’achat dans un contexte de tension économique, leur sécurité, leur quotidien, leur territoire et leur patrimoine.
Une ligne droite, une volonté assumée, quitte à froisser quelques puristes du laisser-faire. Une promesse martelée devant un parterre d’élus, de corps constitués, du Conseil des Jeunes Métropolitains et Départementaux, et d’un public venu en nombre écouter la feuille de route de 2025.
Sécurité : frapper fort
Il suffit de tendre l’oreille pour saisir l’époque. Dans un pays où « le chauffeur d’un bus se fait agresser à coups de batte de baseball pour une cigarette mal placée », où « une gamine de 12 ans se fait molester à un arrêt », l’insécurité n’est plus une abstraction. Martine Vassal ne s’en cache pas. « La première des libertés, c’est de pouvoir se déplacer sans avoir peur », clame-t-elle devant une salle comble.
Sa réponse ? Un plan musclé pour les transports : armement des agents du Groupement d’Assistance et de Protection de la RTM, comme à Paris et à Lyon. La vidéoprotection sera renforcée dans les communes qui en feront la demande. Un plan spécifique pour la sécurité dans les métros, bus et tramways sera dévoilé dans les prochains mois. « Tolérance zéro », prévient-elle, sans détours. Il faut que ça file droit, en somme.
« La solidarité n’est pas une question de parti politique »
Mais protéger, ce n’est pas qu’une affaire de maintien de l’ordre. C’est aussi un engagement pour ceux qui plient sous le poids des factures. À la rentrée prochaine, les transports seront gratuits pour les plus de 65 ans et les moins de 10 ans. [plus de détails ici]
Un choix stratégique, presque philosophique : rendre la mobilité accessible à tous sans distinction de revenus. « J’ai toujours dit que cette gratuité avait un coût, mais aujourd’hui, nous prenons l’engagement ferme de tout mettre en œuvre pour vous l’offrir », assure-t-elle.
Un engagement qui fait écho à d’autres initiatives dont le Département à la compétence : soutien aux familles monoparentales, développement de la Maison des Femmes pour lutter contre les violences conjugales, mise en place de 37 Lieux refuge pour offrir une protection immédiate aux victimes d’agressions.
« Au Département, nous sommes quotidiennement aux côtés des plus fragiles : la petite enfance, les enfants confiés, les familles, notamment les femmes victimes de violences conjugales, les personnes en situation de handicap et bien sûr, notre Bel âge », énumère-t-elle, insistant sur la nécessité d’une action publique au plus près des besoins des habitants. « La solidarité n’est pas une question de parti politique, c’est une question d’humanité. »
Défendre l’économie locale, du tribunal aux champs
Quand il s’agit de défendre le tissu économique local, Martine Vassal ne ménage pas ses critiques. Le choix du gouvernement de déplacer les services de justice hors du centre-ville pour créer une nouvelle cité judiciaire ne passe pas. « Ce projet entraînera le départ de centaines de personnes du centre-ville », alerte-t-elle.
Une décision qui, selon elle, menace directement l’attractivité et l’économie locale. Pour compenser ce départ massif, elle propose : « Protéger nos commerçants et préserver le cœur battant de Marseille, en installant, à terme, le siège administratif de la Métropole dans les locaux du tribunal judiciaire. »
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Protéger, c’est aussi défendre ceux qui nourrissent le territoire. Alors que les agriculteurs traversent une crise sans précédent, ils restent une priorité. « Ils sont les gardiens de nos territoires, les piliers de notre pays, les garants de notre alimentation », souligne-t-elle, rendant hommage à ces hommes et femmes confrontés à l’explosion des charges, aux aléas climatiques et à une concurrence de plus en plus rude.
Face à cette situation, le Département veut agir. Un Salon des traditions et richesses provençales – Préférence Provence sera lancé, dédié aux producteurs et artisans locaux.
Objectif : valoriser les circuits courts, encourager la consommation de produits locaux et promouvoir un modèle agricole plus résilient. « Ils doivent pouvoir vivre dignement du fruit de leur travail », insiste-t-elle.
Un message trouvant un écho dès l’entrée de l’Hôtel du Département, un peu plus tôt dans la soirée. Impossible de traverser l’esplanade Jules Guesde, rebaptisée Charles Aznavour, sans goûter aux saveurs locales. Les invités étaient plongés dans l’ambiance, avec un marché de producteurs du territoire, installé pour l’occasion.
Territoire et héritage
Face aux enjeux climatiques, le Département veut inscrire son action dans le temps long. Martine Vassal annonce ainsi la création d’une coulée verte reliant La Ciotat aux Saintes-Maries-de-la-Mer, en passant par Allauch, une trame paysagère pensée comme un véritable îlot de fraîcheur face aux épisodes de canicule à répétition.
Côté sport, après le Plan Voile des JO 2024, place au Plan Sport d’Hiver JO 2030, destiné à faire découvrir les sports de glisse aux collégiens. Un clin d’œil aux Jeux et rendre le sport accessible à tous.
Enfin, dans la continuité des investissements pour les services de secours, elle confirme l’ouverture prochaine des casernes de pompiers d’Istres et d’Aix La Torse, ainsi que la construction des gendarmeries de Saint-Martin-de-Crau et de Trets. « Je veux que les Provençaux aient le choix de vivre en ville ou à la campagne, sans se soucier de savoir si les secours seront aussi rapides à Peyrolles qu’à la Rue Paradis », insiste-t-elle.
Au-delà du paysage, il y a aussi l’histoire revendiquée sans complexe. Elle ne fait pas mystère de son attachement aux traditions provençales, aux crèches de Noël, aux symboles qui fondent une culture, et des exemples comme l’église des Réformés qui a retrouvé sa splendeur. Notre-Dame de la Garde suivra.
Un cap affirmé pour 2025, et après ?
Son discours n’a rien d’un bilan contemplatif. Il ne s’agit pas de se féliciter, mais de poser des jalons pour l’année à venir. 2025 sera une année de chantiers, concrétisés notamment sur le volet mobilité. Les deux institutions qu’elle préside veulent continuer d’avancer, avec cette idée fixe : anticiper plutôt que subir.
« Nous avançons ensemble », lance Martine Vassal devant une salle acquise à sa cause. « Ne rien lâcher. » Dans l’assemblée, certains y entendent déjà un écho politique plus large. Une déclaration d’intention ? Car si elle s’en défend en coulisse, le ton, l’assurance et la posture rappellent étrangement celle d’une candidate en campagne.
« Ce qui m’intéresse, ce sont les projets, de faire pour l’intérêt des habitants. On aura le temps des campagnes, vous savez que j’adore les campagnes. On aura le temps d’en reparler », glisse-t-elle en aparté à une poignée de journalistes. En attendant, son message est limpide : tenir le cap, imposer le rythme et occuper le terrain.
Narjasse Kerboua