L’Europe débloque 28,3 millions d’euros pour le pipeline entre Barcelone et Marseille

L’Europe accorde 28,3 millions d’euros à H2Med, le pipeline sous-marin entre Barcelone et Marseille pour acheminer de l’hydrogène vert. La mise en service est prévue en 2030.

L’Union européenne vient d’accorder 28,3 millions d’euros au projet BarMar, un pipeline sous-marin destiné à acheminer de l’hydrogène vert entre Barcelone et Marseille. Une première aide qui marque un pas concret dans la transition énergétique en Méditerranée.

Avec un tracé sous-marin de 350 à 450 kilomètres, H2Med vise à transporter jusqu’à deux millions de tonnes d’hydrogène par an, en reliant la péninsule ibérique aux infrastructures européennes. Porté par l’opérateur espagnol Enagás et GRTGaz, ce corridor énergétique s’inscrit dans la stratégie européenne de décarbonation.

Estimé à 2,5 milliards d’euros, le projet nécessitera des investissements conséquents. L’Europe, via le Mécanisme pour l’Interconnexion en Europe (MIE-E 2024), a validé un premier soutien financier destiné aux études techniques et environnementales.

« Une excellente nouvelle pour notre région et pour l’Europe », salue Renaud Muselier, président de la Région Sud, qui soutient le projet depuis ses débuts. « Ce corridor est un levier essentiel pour accélérer la transition énergétique. Avec ce financement, nous franchissons une étape clé. » Il a également souligné le soutien accordé à un projet similaire entre l’Espagne et le Portugal, preuve d’un engagement européen renforcé en faveur de l’hydrogène.

Un défi technologique et environnemental

Si H2Med est un atout pour la souveraineté énergétique, sa mise en œuvre soulève des défis techniques majeurs. Transporter de l’hydrogène sous haute pression et à plus de 2 500 mètres de profondeur impose des solutions inédites. La sécurité et l’impact environnemental devront être maîtrisés pour éviter toute menace sur les écosystèmes marins méditerranéens.

Autre incertitude : son modèle économique. L’Europe ambitionne de consommer 20 millions de tonnes d’hydrogène renouvelable d’ici 2030, mais seule la moitié serait produite sur son territoire. Certains experts doutent donc de la rentabilité et du rôle stratégique de l’infrastructure. D’autres observateurs redoutent que le pipeline soit d’abord utilisé pour le transport de gaz fossile, comme cela a été le cas pour d’autres projets énergétiques.

GRTGaz souligne que « l’usage sera essentiellement industriel, et permettra la décarbonation des principaux industriels sur son parcours au Portugal, en Espagne, en France et vers l’Allemagne. Ainsi, le projet sera un facteur clé pour l’essor d’un marché de l’hydrogène renouvelable et bas-carbone à l’échelle européenne. La mobilité hydrogène bénéficiera des effets d’échelle liés à l’écosystème industriel.«Â