Champion de France en 2019 et double vainqueur à Miramas, Pascal Martinot-Lagarde revient ce vendredi soir en Provence disputer le meeting indoor. Sans doute son dernier, à 33 ans.
L’histoire de Pascal Martinot-Lagarde et de Miramas est intimement liée. C’est dans le Stadium, qui sentait encore le neuf, que le hurdleur a remporté son sixième et dernier titre national sur 60m haies, début 2019. C’est encore sur cette piste bleue qu’il a remporté en 2021 et 2022 le meeting indoor organisé par l’Athlétic Club Miramas.
À 33 ans, le détenteur du record de France du 110m haies (12’’95, en 2014) sera au départ ce vendredi de la 6e édition de cette épreuve en salle. « PML » effectue sa rentrée ; cela risque fort d’être la dernière fois que le public provençal le verra en action, puisque cette saison hivernale a tout l’air d’une « tournée » d’adieux pour celui qui a fini deux fois au pied du podium olympique (4e en 2016, 5e en 2021).
Un terme qu’il avait utilisé fin juin dernier, à chaud, quand il n’avait pas réussi à se qualifier pour les Jeux olympiques de Paris. Aujourd’hui, le champion d’Europe (2018), lauréat de la Ligue de diamant (2014) et médaillé de bronze mondial (2019) est dans un esprit un peu différent. Le Rémois ne vient pas en exhibition, mais a encore un dernier objectif, très élevé, dans le viseur : réaliser les minima (7’’52) pour disputer les Mondiaux en salle, fin mars. Un chrono sous lequel il n’a plus couru depuis 2022.
Êtes-vous pressé de faire votre première course de l’année ?
Assez, parce que ça va valider le travail qu’on fait depuis des semaines. J’ai une histoire un peu particulière : l’année dernière, j’avais fait une belle préparation et je voulais également faire une belle saison. Malheureusement, ça a été gâté par quelques pépins physiques. Cette année, j’ai refait une nouvelle préparation et cette fois-ci, j’espère qu’elle va être validée au bout de l’hiver.
C’est une année spéciale…
Oui, il y a deux championnats majeurs cet hiver. À cause de l’année Covid, le championnat du monde qui devait avoir lieu en 2020 en Chine a été reporté plusieurs fois et il aura finalement lieu en mars. Donc on aura des championnats d’Europe (6-9 mars, à Apeldoorn, Pays-Bas) et des championnats du monde (21-23 mars, à Nankin). Ça tombe bien pour moi.
A priori, ce pourrait être votre dernier hiver en salle ?
Rien n’est certain, mais c’est potentiellement ma dernière année sur les pistes. Finir en beauté sur deux championnats majeurs, ça peut être cool.
« J’ai entamé mon virage d’après-carrière. Avec ce projet qui me passionne, j’ai retrouvé cette petite étincelle que j’avais ressentie en commençant l’athlétisme de haut niveau »
Ça va dépendre de vos résultats, de votre forme, si votre corps tient le coup ?
Je veux me faire plaisir. Aujourd’hui je travaille beaucoup. J’ai entamé mon virage d’après-carrière, qui me passionne. Avec mon épouse, on a ouvert une entreprise (conciergerie de location courte durée à Reims, Ndlr). Avec ce projet, j’ai retrouvé cette petite étincelle que j’avais ressentie en commençant l’athlétisme de haut niveau. Cet émerveillement quand on reçoit le premier package de l’équipe de France, quand on prend l’avion avec l’équipe de France…
Avec le temps, les blessures, les échecs, avez-vous perdu la flamme ?
On expérimente tous cette chose : quand vous êtes bébé, vous apprenez à marcher ; les premiers pas sont un moment merveilleux. ‘Waouh, je peux plus utiliser mes deux jambes pour marcher, c’est un truc de dingue’. Et en fait, à force de les utiliser au quotidien, ça ne devient plus un émerveillement.
C’est pareil dans l’athlé, au début on a l’émerveillement de la nouveauté. Ensuite, on bascule dans I do my job (Je fais mon travail). Ça devient mon boulot, mon quotidien. Attention, c’est toujours génial. Mais cet émerveillement de nouveauté, on ne l’a plus.
N’avez-vous pas peur que cela vous manque ?
Ça me manquera forcément. En fait, j’ai eu un cheminement intellectuel depuis la saison dernière. On était en année olympique, mais je ne me qualifie pas pour Paris 2024, donc je me convaincs plus ou moins que mener deux projets, à savoir l’athlétisme et mon entreprise, ce n’était pas possible. Et là , une fois que j’ai raté les championnats de France (qui étaient qualificatifs, Ndlr), j’ai décidé de tourner la page. Je suis parti en vacances, je n’ai pas continué la saison de meetings. J’ai tout arrêté, je me suis consacré à mon entreprise pendant les 2-3 mois d’été. Je me suis rendu compte que je n’étais pas plus productif quand je n’avais pas d’entraînement que quand j’avais entraînement.
Donc je me suis dit : ‘Autant continuer, tant que ça marche’. Je suis beaucoup plus en paix avec moi-même. Si ça s’arrêtait demain, je partirais en paix.
« Sans maîtrise la puissance n’est rien. Tu as beau être le plus rapide, le plus puissant, le plus fort, si tu tapes une haie ta course est terminée »
Malgré votre non-participation, avez-vous regardé les JO ?
Oui, je suis même allé sur place. J’étais au Stade de France pour la finale du 800m de Gabriel Tual. Et j’ai regardé la finale du 110m haies au Club France.
Vous avez remporté des médailles internationales dans tous les grands championnats, mais nourrissez-vous des regrets liés à votre carrière ?
Si j’ai un regret éventuellement, c’est de ne jamais avoir eu de médaille olympique. Je ne peux m’en vouloir qu’à moi-même ; j’ai foiré des courses que je n’aurais pas dû louper. Il y a deux courses dans ma vie qui se ressemblent quasiment à l’identique, ce sont la finale des championnats du monde de Pékin 2015 et la finale des JO 2016 à Rio (4e à chaque fois). Je fais exactement la même course : je me précipite et je pars à l’erreur.
Comment l’expliquez-vous avec le recul ? Trop de confiance, trop d’enthousiasme ?
Je l’explique par la phrase suivante : sur les haies, comme dans toutes les disciplines, sans maîtrise la puissance n’est rien. Tu as beau être le plus rapide, le plus puissant, le plus fort, si tu tapes une haie ta course est terminée.
« Miramas, c’est sûrement l’endroit où on peut le mieux s’échauffer au monde »
Ce vendredi, à Miramas, vous allez retrouver l’ambiance particulière de la salle, la distance du 60m haies. Ce contexte vous plait ?
Il y a un truc bien en hiver, c’est que l’aspect salle, avec un public proche, fournit une meilleure ambiance, comparée au plein air si le stade n’est pas rempli. Dans une salle fermée, le public est beaucoup plus présent. On sent l’ambiance de la salle, c’est super cool.
Ce n’est pas votre première venue à Miramas, vous y avez notamment gagné le 60m haies en 2022. En gardez-vous de bons souvenirs ?
Le gros avantage de Miramas, c’est sûrement l’endroit où on peut le mieux s’échauffer au monde, avec les coursives. On a un espace d’échauffement qui est probablement l’un des meilleurs du monde et j’en ai fait des meetings ! C’est vraiment cool. J’ai hâte d’y être.
Avez-vous un objectif chronométrique ?
Mon défi de l’hiver sera de réussir à faire des minima pour me qualifier pour les championnats du monde. Ils sont plutôt relevés (7’’52). Je n’ai pas de grands repères car je n’ai pas encore couru en compétition, mais mes entraînements récents se sont plutôt bien passés. Donc j’ai pour objectif de m’approcher de ce chrono. Je n’ai pas fait de 60m à l’entraînement, je n’ai pas de signaux précis sur ma forme, mais j’aimerais bien me rapprocher des minima. C’est un bel objectif.
Benoît Gilles
6e meeting indoor Miramas Métropole
Ce vendredi 31 janvier, stadium de Miramas.
Ouverture des portes : 18h. Début de la compétition : 19h.
Les épreuves – Hommes : 60m, 60m haies, 800m, 1500m, longueur, perche. Dames : 60m haies, 3000m, hauteur, triple saut.
Renseignements et billetterie : meeting-miramas.fr ou sur place. De 5 Ã 20 euros.
En direct sur Athlé TV, Sport All et La Chaîne L’Équipe Live.
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