
Banderoles racistes, chants homophobes, insultes personnelles… Les tribunes niçoises ont dépassé toutes les limites lors du derby contre l’OM. Une soirée qui entache une nouvelle fois le football français. La LFP condamne « fermement » alors que les clubs restent silencieux.
Déroute collective, naufrage de Lilian Brassier, mais aussi banderoles insultantes dans les tribunes, chants contre Neal Maupay et sa mère… La rencontre entre Nice et l’OM, dimanche soir, a été une vraie déferlante dimanche soir, en clôture de la 19e journée de Ligue 1 (2-0).
Si les derbys du Sud sont toujours bouillants, les Olympiens en ont payé le prix fort sur le terrain. On pourra toujours regretter la défaite concédée, la première depuis le 8 novembre, qui resserre les positions dans la lutte pour le podium. Mais il y a eu plus grave.
Dimanche soir, c’est tout le peuple olympien, toute la ville de Marseille qui ont été salis, rabroués, insultés, par les « supporters » de l’OGC Nice.
Nous n’irons pas jusqu’à dire que les amoureux de l’OM sont des enfants de cœur et n’envoient pas des noms d’oiseaux au gardien adverse à chacun de ses dégagements, sur l’air de « Oh hisse… ». Mais tout de même, le Vélodrome se fait l’habitude de tifos colorés et vivants quelques minutes avant le coup d’envoi de chaque rencontre.
Des « propos racistes intolérables » pour le maire Benoît Payan
Ce dimanche, les kops niçois ont été plus prompts à souiller Marseille qu’à soutenir leurs joueurs. Les Ultras Populaire Sud (ex-Brigade Sud, dissoute en 2010) ont déployé trois banderoles. La première, juste avant le début du match : « Le soleil se couche sur la ville de Nice… Que la chasse aux rats commence ! »
Cela a provoqué une réaction du maire de Marseille, Benoît Payan, plus tard dans la soirée sur X : « Les propos racistes ne sont pas tolérables dans un stade. Je demande à la LFP de ne pas laisser passer ».
Cette première banderole a été suivie de deux autres. D’abord un jeu de mots abject : « liberté pour les ultRATS ». Et une troisième à destination de l’attaquant de l’OM Neal Maupay, formé à Nice et pour lequel les fans du Gym vouent apparemment une véritable passion… « Tu es passé d’un enfant du club à un enfant de p… »
Buteur au match aller et transparent ce dimanche, l’attaquant de poche a été la cible incessante de sifflets, d’injures et de quolibets. Des insultes ont aussi été très largement proférées envers sa mère.
Pour dire, ce déferlement de haine a poussé le speaker du stade à intervenir au micro à la 23e minute pendant une interruption de jeu : « Merci d’arrêter chants considérés comme homophobes, sous peine d’arrêt de la rencontre ». Peine perdue, les lazzis des kops niçois reprenaient de plus belle…

L’OGC Nice en remet une couche sur les réseaux sociaux
Heureusement, un arrêté du ministère de l’Intérieur interdisait la présence de supporters olympiens entre les Bouches-du-Rhône et Nice ce dimanche, en raison d’« un risque réel et sérieux d’affrontement entre supporters ». Ces graves incidents ne vont faire que renforcer l’antagonisme entre les fans des deux camps.
Comble de l’ironie, l’OGC Nice a même publié sur ses réseaux sociaux une vidéo de plus d’une minute collectant les réactions de ses fans après la rencontre, intitulée « La fierté du Sud ». L’Olympique de Marseille s’est exprimé en fin d’après-midi, via un communiqué ferme, pour dire sa « plus vive indignation » au lendemain des faits incriminés et apporter son « soutien » à Neal Maupay.
« Le caractère raciste et injurieux de ces banderoles vis-à -vis de Marseille, de l’OM, de ses joueurs, notamment de Neal Maupay auquel le club apporte tout son soutien, est inacceptable. Alors qu’il prône historiquement des valeurs de diversité, d’inclusion et de tolérance, l’OM tient à rappeler son engagement inaltérable contre toute forme de racisme, qui n’a sa place ni dans un stade, ni dans la société », peut-on lire.
Les faits étudiées ce mercredi en commission de discipline de la LFP
Ce lundi, à la mi-journée, la LFP a publié un communiqué condamnant « fermement les chants homophobes et sexistes (…) ainsi que les banderoles racistes et sexistes déployées ».
« La Ligue de football professionnel appelle de ses vœux l’identification et l’interpellation des individus auteurs de faits discriminatoires dans les stades. Les supporters racistes, sexistes et homophobes n’ont rien à faire dans un stade de football », indique la LFP, qui précise que « l’ensemble des incidents de la rencontre sera à l’ordre du jour de la prochaine commission de discipline, mercredi 29 janvier ».
Le 19 octobre, ce sont des chants homophobes envers l’OM, entonnés par des supporters parisiens au Parc des Princes lors du match entre le PSG et… Strasbourg, qui avaient fait monter au créneau le ministre des Sports du moment, Gil Avérous.
Dans les faits, un protocole clair existe. La Fifa a édicté une série de mesures pour punir tous types d’incidents dans les stades. Celles-ci sont édictées par la Fifa, la fédération internationale de football. Celles-ci sont graduées tout au long du match : au premier avertissement, la rencontre est suspendue pendant quelques minutes, elle peut ensuite être entièrement interrompue. Enfin, si le dernier avertissement n’est pas respecté, le match est déclaré perdu l’équipe à domicile.
B.G.
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