Cyclisme – Izquierdo, « un pur produit provençal » à la découverte du World Tour

Né à Marseille et vététiste de formation, l'Aubagnais Clément Izquierdo va découvrir le monde pro sur route chez Cofidis. Photo Mathilde L'Azou

Vététiste de formation, Clément Izquierdo, né à Marseille et résidant Aubagne, va courir pour la première fois ce samedi chez les professionnels en Espagne, avec l’équipe Cofidis, en World Tour. Une ascension fulgurante pour ce jeune formé sur route à l’AVC Aix.

Il y a trois ans tout juste, Clément Izquierdo était encore un vététiste, jeune Espoir du team Bagnol JO.WE Omega. Le natif de Marseille se classait même 4e du championnat de France U23 de cross-country en 2022, ce qui aurait pu lui offrir un avenir radieux dans la discipline.

Formé successivement à la MJC Plan-de-Cuques, au Technoteam 13 et à Passion VTT Venelles, Izquierdo a entamé une transition vers la route. Dès lors, tout est allé très vite : après une seule saison au VC La Pomme-Marseille, il y prend goût et signe à l’AVC Aix.

« Je voyais déjà que mon niveau en VTT ne progressait plus énormément, estime-t-il aujourd’hui. Si j’avais vraiment envie de vivre de ma passion, ce n’était pas sur le VTT que j’aurais pu le faire. Donc comme j’aimais aussi beaucoup les courses sur route, je me suis dit ‘Pourquoi pas essayer ?’. J’ai tout fait à fond. Â»

« Je ne regrette pas du tout mon choix »

Mu par le sentiment d’avoir « fait le tour en VTT », malgré quelques bons résultats en 2023, l’Aubagnais passera définitivement à 100% sur route en 2024. Un choix payant puisque ce « pur produit provençal » réalisera une saison pleine, avec quatre succès (dont le GP du Pays d’Aix), treize podiums et 26 places dans le top 10.

« J’avais beaucoup de choses à apprendre, surtout au niveau de la tactique. Sinon, physiquement parlant, c’est un effort qui me convenait parfaitement. C’est comme si j’étais deux personnes différentes entre le VTT et la route. Je ne regrette pas du tout mon choix », dit-il.

Doté d’un gros « moteur » hérité de sa formation de vététiste, Clément Izquierdo profite des liens historiquement forts entre l’AVC Aix et Cofidis et tape dans l’œil des dirigeants de la formation nordiste. Après avoir eu « la chance » de participer à un stage en janvier dernier au sein de l’équipe dirigée par Cédric Vasseur, le Provençal confirme sur le terrain tout au long de la saison. Il se voit offrir un contrat de deux ans en tant que néo-pro dans cette équipe World Tour, à bientôt 23 ans (il les aura le 16 février prochain).

Photo Anouk Flesch

« C’était maintenant ou jamais »

Pas de quoi l’effrayer : « Tout le monde est passé par là. Pour moi, c’était maintenant ou jamais. Je suis jeune, il ne faut pas que j’aie peur de faire la course. Même si les stages n’ont rien à voir avec la compétition, j’avais vraiment de bonnes sensations en début de mois. Comparé à l’année dernière, j’étais meilleur ; ça prouve que j’ai encore progressé. C’est de bon augure ».

Considéré comme un puncheur, Clément Izquierdo épinglera son premier dossard professionnel ce samedi en Espagne, à l’occasion du Grand Prix Castellon, près de Valence. Alors qu’il disputait encore il y a quelques mois des courses Espoirs, Elite amateurs ou de classe 2, il s’apprête à sauter un immense gap.

Alors que Bryan Coquard a ouvert le compteur de Cofidis ce vendredi en Australie au Tour Down Under, ses coéquipiers ce samedi s’appelleront Alex Aranburu (le champion d’Espagne en titre), Valentin Ferron (une étape sur le Dauphiné 2022) ou Stefano Oldani (une étape du Giro en 2022). « Il y a un peu de pression quand même, reconnaît-il. J’arrive chez les pros, je n’ai pas envie d’être lâché. J’aimerais faire un bon travail pour l’équipe, donner le meilleur de moi-même. »

Prévu au Grand Prix La Marseillaise le 2 février

Clément Izquierdo sait qu’en arrivant dans le monde impitoyable du vélo pro, il va devoir rouler sa bosse. Quitte aussi à prendre quelques coups. « Ã‡a va être beaucoup d’apprentissage, dit-il. Il ne faut pas oublier que j’ai commencé le vélo de route il n’y a que deux ans. J’ai encore beaucoup de choses à découvrir. Cette année, ça peut évoluer en fonction de ma condition physique. Si, sur les premières courses, je suis super nul, on va me demander de travailler à 100% au service de l’équipe. Et si au contraire, j’ai des super sensations, qu’on voit que je peux apporter des résultats, peut-être que j’aurai ma chance, sur des coupes de France par exemple. Â»

Le public aura l’occasion de le (re)découvrir avec sa tunique rouge et jaune dimanche 2 février, puisqu’il est prévu au départ du Grand Prix de Marseille La Marseillaise, sous les ordres d’un autre Provençal, le directeur sportif Benjamin Giraud. Avant d’enchaîner avec l’Étoile de Bessèges, la Classic Var, le Tour des Alpes-Maritimes et le Trophée Laigueglia.

« Je n’ai pas de courses World Tour prévues pour l’instant, c’est bien comme ça, explique-t-il, lucide. Je vais y aller petit à petit. Je pense que c’est mieux pour la confiance. Â» Et l’opportunité, sans doute, de le voir prendre des échappées et tenter des coups.

Benoît GILLES

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