Camille François et Olivier Oullier sont au Forum économique de Davos 2025 où les élites mondiales explorent les défis de l’intelligence artificielle dans un contexte géopolitique et économique incertain.
Chaque année, la petite station des Alpes suisses devient le centre de gravité des puissants de ce monde. Les leaders politiques, économiques, financiers, technologiques, scientifiques et culturels s’y retrouvent, fin janvier, pour débattre des grands enjeux planétaires.
Cette 55e édition, placée sous le thème « Collaborer à l’ère intelligente », s’attaque à un sujet ô combien d’actualité : les défis et opportunités liés à l’intelligence artificielle, avec des implications dans tous les secteurs, industriels comme sociétaux, de la santé à l’éducation, en passant par l’agriculture…
Dans le domaine de l’IA, deux Marseillais se démarquent parmi les élites réunies dans ce club très fermé : Camille François, experte en cybersécurité et gouvernance de l’IA, et Olivier Oullier, neuroscientifique et entrepreneur; tous deux sélectionnés par le Forum économique mondial parmi ses Young Global Leaders.
Olivier Oullier, le « cerveau en réseau »
Olivier Oullier; l’un des inventeurs IA de l’année 2024, incarne cette génération qui brouille les frontières entre la recherche, la technologie et l’impact social.
Co-fondateur d’Inclusive Brains, start-up marseillaise mise à l’honneur au dernier sommet Choose France, il développe des interfaces cerveau-machine permettant aux machines de s’adapter à leurs utilisateurs. À la clé : des avancées en aide à la décision, prévention des accidents ou inclusion des personnes en situation de handicap.
Ancien président de l’entreprise californienne EMOTIV, leader des neurotechnologies, il est aujourd’hui professeur à Aix-Marseille Université et président de l’institut d’intelligence artificielle du groupe Biotech Dental.
Davos n’a rien d’un terrain inconnu pour lui puisqu’il a été membre du comité exécutif du Forum économique mondial pendant plusieurs années, où il dirigeait les partenariats public-privé dans le domaine de la santé.
Un accélérateur d’opportunités
Lors de cette édition 2025, ils étaient nombreux à venir l’écouter échanger sur scène avec des figures majeures comme avec Yann Lecun (patron de l’IA chez Meta), Peter Lee (Président de Microsoft Research),
Florence Verzelen (DGA de Dassault Systèmes), Deb Cupp (Présidente de Microsoft Americas) ou encore Dena Almansoori (en charge de l’IA au sein d’e&, le géant des télécoms du Moyen-Orient).
« Davos constitue une opportunité unique de rencontrer les personnes clefs de l’IA et de nombreux secteurs en seul déplacement. C’est un formidable accélérateur pour notre levée de fonds, pour l’expansion de nos activités commerciales à l’étranger mais également pour nos projets à impact pour les personnes en situation de handicap, nous confie le Professeur Olivier Oullier. Cela nous permet également de promouvoir
l’attractivité de notre région sur la scène internationale. »
Camille François, la vigie numérique
Issue de la famille Rastoin, Camille François, elle, s’est imposée comme une figure incontournable des questions de gouvernance des nouvelles technologies. Cette experte reconnue à l’international a construit une carrière impressionnante entre le privé, le public et le monde académique.
Passée par les géants de la Silicon Valley – Google, Graphika et Niantic –, elle a également collaboré sur des dossiers stratégiques pour le Sénat américain et la Présidence de la République française. Aujourd’hui professeure à l’université Columbia, à New York, elle continue d’éclairer les enjeux complexes de la régulation technologique. Un domaine où elle fait autorité.
Particulièrement connue pour ses recherches sur la détection des campagnes de désinformation et d’ingérence étrangères en ligne, ses travaux ont contribué à identifier des réseaux de manipulation numérique, de la Russie aux États-Unis, en passant par d’autres puissances mondiales.
L’une des voix les plus écoutées au monde
À cette expertise s’ajoute un engagement fort pour la protection des mineurs sur Internet, un combat qu’elle mène avec conviction face aux plateformes et aux décideurs.
Pour elle, l’intelligence artificielle ne peut être dissociée des considérations éthiques et sociétales. « Davos nous permet de discuter avec des leaders conscients des bouleversements que va apporter l’IA, mais parfois éloignés des choix technologiques et éthiques que cela implique. Il est essentiel qu’ils en saisissent pleinement la portée », nous explique-t-elle.
42 % des dirigeants misent sur l’IA, mais la confiance reste fragile
L’édition 2025 du Forum économique mondial a rassemblé un éventail éclectique de personnalités, de Frank McCourt, propriétaire de l’OM, au pianiste classique et producteur Greg Lion, tout en mettant en lumière l’urgence d’une coopération mondiale face aux bouleversements induits par l’intelligence artificielle.
D’après un baromètre PwC présenté à Davos, 42 % des chefs d’entreprise envisagent d’accroître leurs effectifs grâce à l’intelligence artificielle dans l’année à venir. Mais derrière ces promesses d’efficacité et de productivité, les questions sur la fiabilité et l’acceptabilité de ces technologies continuent de peser.
Une préoccupation confirmée par le baromètre Edelman, pilier du Forum depuis 25 ans, qui souligne que la confiance dans les outils d’IA reste un point névralgique des débats.
Dans ce contexte, les voix de Camille François et d’Olivier Oullier ont pesé sur les débats, apportant des perspectives essentielles pour concilier innovation et régulation. Leur plaidoyer pour une gouvernance éthique, un développement inclusif et une coopération internationale a résonné auprès d’un auditoire en quête de réponses face aux fractures économiques et sociales que pourrait amplifier l’IA.
Prochaine étape pour nos deux experts en IA à l’impact international : le Sommet pour l’Action sur l’IA organisé par la France les 10 et 11 février prochain à Paris.
Ils font partie des rares personnes invitées par l’Elysée pour représenter l’excellence de l’IA made in France. Sommet international où ils porteront à n’en pas douter haut les couleurs de notre région.
Narjasse Kerboua