Alors que le championnat Élite de football américain redémarre ce samedi, le président des Blue Stars de Marseille Didier Della Guardia détaille le petit budget de fonctionnement dont il dispose, qu’il associe à un manque de visibilité.
Peu habitué à tenir des conférences de presse, Didier Della Guardia a pourtant dû s’y plier lundi dernier. Le président des Blue Stars de Marseille, depuis 2016, était au pupitre au Cercle des nageurs, actant un « rapprochement » avec le club centenaire présidé par Paul Leccia, important pour son développement. « Une entente, une amitié, pour insuffler une dynamique positive », ajoute Umberto Rombaut, le responsable des partenaires au CNM.
L’objet de cette conférence, rassemblant médias et partenaires des Blue Stars, était de dévoiler les « imports » américains qui vont renforcer l’effectif. Mais aussi présenter les enjeux de la saison 2025. Sept mois après avoir été éliminés en demi-finale par le futur champion (les Black Panthers de Thonon-les-Bains), les Marseillais retrouvent le championnat de France Élite ce samedi soir et leur stade Delort. Ils recevront les Grizzlys Catalans, à 20h.
À la tête du « troisième club de France et septième centre de formation d’Europe », Didier Della Guardia alerte sur « le nerf de la guerre », à savoir les finances : « Malgré nos résultats, nous sommes un des derniers budgets du championnat de France. Cela veut dire que tout ce que nous réalisons, c’est grâce à de l’expertise, de l’engagement, du bénévolat, des partenaires. Il faut qu’on passe un cap, pour accompagner encore plus loin nos jeunes ».
Interview d’un homme passé par le soccer, qui a découvert le football américain « il y a une quinzaine d’années », grâce à son fils de retour d’un séjour d’études à Chicago.
À de rares exceptions près, notamment vos « imports » américains, tous vos joueurs sont amateurs, ont un métier et doivent jongler avec la vie de famille. Comment réussissez-vous à le gérer pour maintenir des ambitions fortes en Elite ?
On est un des rares clubs à avoir toutes les sections représentées, des U11 à l’Élite. Nous avons à la fois des étudiants et vraiment toutes les catégories représentées en termes d’activité professionnelle : des gens qui font de la sécurité, des commerçants, des agents immobiliers, des mecs qui travaillent dans la logistique, des agents comptables, des policiers, des CRS. Comme elle a besoin de tous les gabarits, une équipe de foot américain représente l’ensemble de la société. C’est une vraie école de pédagogie et d’interdépendance.
Le club a fêté ses trente ans en 2024. Quel état des lieux faites-vous ?
Depuis 2014 (alors en D3 et au bord de la faillite à cause de graves difficultés financières), le club se structure et progresse vraiment. On joue dans un stade entièrement refait en 2015 (Delort, qui jouxte le Vélodrome). Mais malheureusement, on se heurte aujourd’hui à des problématiques de financement, comme toutes les associations. C’est un peu le plafond de verre.
« Notre objectif est d’assurer la notoriété du club auprès du public et de nous faire connaître »
Quel est votre budget ?
Il oscille entre 250 et 300 000 euros pour une année. Il est composé à 36% par du financement public (subventions des collectivités) ; le reste vient des partenaires, des licences et du merchandising. La billetterie représente un faible pourcentage car la moitié des spectateurs est invitée ; ce sont des associations de quartiers, des jeunes… Notre objectif est d’assurer la notoriété du club auprès du public et de nous faire connaître, plutôt que de miser sur des places hors de prix.
Pour les déplacements, chaque joueur paye cinq euros. C’est symbolique, mais pourquoi demander une participation collective ?
On aimerait bien pouvoir tout prendre en charge. Quand on se déplace, on mobilise un car pour une cinquantaine de personnes. Sans cette participation, on ne tiendrait pas notre budget. J’ai fait du sport très longtemps dans mon secteur d’activité et j’ai toujours payé mes déplacements.
« Il faudrait que les collectivités locales prennent un petit peu plus conscience de ce qu’on représente. On compte tout de même 500 licenciés, soit 500 familles. Ce n’est pas neutre »
Est-ce difficile d’attirer des partenaires privés quand on est une équipe de foot américain en Élite, encore plus à Marseille ?
L’OM phagocyte beaucoup de choses à Marseille, et le football de manière globale, donc c’est très difficile d’exister. Il faut quand même savoir qu’on est un des rares clubs de sport collectif de cette ville à évoluer plus haut niveau. Il y a l’OM, le Cercle des nageurs (pour le water-polo) et les Spartiates au hockey sur glace. Or on a très certainement le plus petit budget et le plus petit niveau de subvention. C’est un problème de visibilité.
Nous avons de très bonnes relations avec les collectivités locales, la mairie, le Département, la Région, avec qui on est en contacts réguliers. Mais il faudrait qu’elles prennent un petit peu plus conscience de ce qu’on représente. On compte tout de même 500 licenciés, soit 500 familles. Ce n’est pas neutre. D’autant que nous sommes orientés vers les quartiers de Marseille, tournés vers une population qui a besoin d’accompagnement, de valeur, de reconnaissance. Notre envie, c’est d’aider les jeunes.
Votre terrain d’entraînement à Saint-Jérôme est de très bonne qualité. Par contre, vos bureaux sont municipaux et plutôt sommaires. Vous avez fait des demandes à la mairie de Marseille pour une rénovation…
On aimerait bien retrouver des Algeco. Il y en avait avant, mais ils ont été enlevés pour des raisons de sécurité, ce que je comprends. Nous sommes en discussion avec les services de la Ville pour avoir à nouveau deux Algeco. C’est à la dure… On se bat depuis trois, quatre ans pour avoir des locaux un peu plus sympas.
Benoît Gilles
Blue Stars de Marseille – Grizzlys Catalans de Perpignan.
1re journée du championnat de France de Division 1.
Samedi 25 janvier 2025, Ã 20h stade Delort.
Les rencontres.
La billetterie.
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