Un dojo réhabilité a été inauguré dans le quartier de La Bricarde (15e arr.). Le lieu, baptisé en hommage au médaillé olympique Jean-Paul Coche (1972), se veut à la fois sportif, éducatif, social et inclusif. Le 420e du programme fédéral appelé « 1000 dojos ».
L’été dernier, la France entière a vibré aux exploits des judokas tricolores lors des Jeux olympiques. Teddy Riner, Shirine Boukli ou encore Clarisse Abgégnénou ont fait de cet art martial la discipline la plus pourvoyeuse de médailles aux Jeux olympiques pour le pays (dix).
Mais derrière la vitrine et les trophées, la Fédération française – appelée France Judo – s’attache à véhiculer des valeurs « universelles, éducatives, sociales ». Une évidence pour un sport séculaire basé sur un code moral prônant notamment le respect, la politesse, l’amitié et le contrôle de soi.
C’est ainsi qu’est né pendant les JO de Tokyo en 2021, le programme « 1000 dojos », qui sera véritablement impulsé trois mois plus tard dans un plan étatique de 5000 nouveaux équipements sportifs, voulus à l’horizon 2024.
Un tiers-lieu socio-éducatif, diversifié et adapté pour tous
L’idée est simple : identifier des locaux vacants, dans des zones manquant d’infrastructures de proximité ou des endroits parfois insolites, les réhabiliter et les transformer en dojo solidaire. Pour en faire « un tiers-lieu socio-éducatif, diversifié et adapté à destination de tous les habitants d’un territoire », comme l’explique France Judo.
L’enjeu consiste à rendre le sport accessible au plus grand nombre et faire venir une pratique au plus près des gens. Mais pas uniquement : l’ambition est aussi de créer des lieux de vie associative, où sont proposés un accompagnement scolaire et des activités culturelles.
« On sait que le sport, et le judo tout particulièrement, est un super moyen d’insertion et de cohésion, explique Larbi Benboudaoud, l’ancien champion du monde et aujourd’hui directeur des relations institutionnelles à la Fédé. Nous sommes reconnus par les institutions, y compris l’Éducation nationale, dans notre volonté de faire profiter tout le monde de notre expertise dans ces quartiers prioritaires. Le besoin est fort, donc tant mieux si on arrive à contribuer à l’éducation de ces jeunes, si l’on réussit à en faire des beaux citoyens. »

L’hommage à Jean-Paul Coche, médaillé olympique en 1972
Après Monclar à Avignon, c’était au tour de La Bricarde d’inaugurer la semaine dernière son dojo solidaire. Situé au pied des tours de ce quartier prioritaire du 15e arrondissement, l’endroit a été baptisé au nom de Jean-Paul Coche, en sa présence. Le Marseillais de 77 ans n’est autre que le premier judoka français médaillé olympique (bronze en – 80 kg), à Munich en 1972.
L’aboutissement d’un projet lancé en 2020 par le Kodokan Judo Marseille 13 et le centre social CCO de La Bricarde, avec le soutien de France Judo et de ses partenaires. L’aménagement du local de 450 m2, appartenant au bailleur social Erilia, aura coûté 351 887 euros. L’engouement était fort ce jour-là , autant des gamins en kimono sur les tatamis que des parents et proches présents en nombre pour l’inauguration.
« Ça va permettre de créer du lien social, de donner des opportunités, des perspectives dans le quartier, énumère Larbi Benboudaoud. On aimerait qu’ils sortent de leur quartier mais pour cela, ils ont besoin des bagages. Alors on leur propose de venir les aider sur place. Sans cela, beaucoup ne seraient jamais allés faire du judo ailleurs. »
La Bricarde a désormais le plus beau dojo de France !
— Sébastien Jibrayel (@sjibrayel) January 16, 2025
Marseille 15ème.
On l'a dit, on l'a fait.
Plus de 300 m2 Ã disposition des jeunes pour pratiquer du judo dans les meilleures conditions.
Il y a également des espaces réservés pour l'aide aux devoirs et d'autres activités. pic.twitter.com/FBkfVkLe4L
Un rôle clé dans la mutation des cités Castellane-Bricarde
Ce nouvel équipement doit également jouer un rôle clé dans la mutation des cités Castellane-Bricarde, qui vont bénéficier à l’horizon 2026-2027 d’un vaste programme de rénovation urbaine (337 logements réhabilités et 353 démolis).
« C’est aussi une opportunité d’y greffer les parents, de l’aide aux devoirs, on va lutter contre la fracture numérique avec probablement un don de la fondation Ippon, créée en 2017 en ce sens par le président de la Fédé, Stéphane Nomis. », ajoute Larbi Benboudaoud.
Un héritage matériel conséquent qui s’ajoute à ce quartier prioritaire. « La porte d’entrée est le judo, enchaîne celui qui fut vice-champion olympique à Sydney 2000, mais c’est un outil concret qui va aller au-delà : il servira aux enseignants et permettra peut-être à des dames du quartier de se mettre aussi au yoga ou à la gym douce. »
Le dojo solidaire de La Bricarde était le 420e du programme 1000 dojos. Si le dispositif a été prolongé jusqu’en 2026, la dynamique s’accélère. Dans les Bouches-du-Rhône, Châteauneuf-les-Martigues en sera bientôt doté et « une dizaine » devrait voir le jour à Marseille.
Benoît GILLES
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