La brasserie Le David, face à l’emblématique statue du même nom (8e), tourne une page. Le fonds de commerce rejoint le groupe Mendo, déjà à la tête de plusieurs établissements marseillais, dont la célèbre brasserie Le Colombia.
Ce jour-là , en plein service de midi, l’équipe de la Brasserie Le David s’active comme à son habitude. Une cliente, à peine sortie du travail, n’a pas encore pris place que Coraline Siffredi, l’exploitante des lieux, l’accueille : « Comment tu vas ? Comme d’habitude ? Tartare de bœuf et légumes ? »
Elle est à l’aise dans ce rôle qu’elle a vu son père occuper depuis 2011, avant de prendre les rênes en 2023. Mais cette année, une page se tourne dans l’histoire de l’établissement marseillais.
Après 15 ans d’exercice, Coraline et sa famille se disent fatiguées. La conjoncture économique est difficile : l’activité en soirée a baissé et les effectifs ont été réduits ces dernières années. « Il fallait faire quelque chose dans ce sens », nous confie-t-elle.
C’est donc avec un mélange de soulagement et de nostalgie qu’elle a accepté de vendre le fonds de commerce du David. L’acquéreur, le groupe marseillais Mendo, prendra les clés ce 21 janvier. Les projets de ce dernier ? Effectuer de légers travaux d’entretien et rouvrir le 1er mars sous le même nom d’enseigne, Le David.
Des boîtes de nuit à la restauration
Jean-Claude Mendossa, de son vrai nom Jean-Claude El Maleah, est le fondateur de Mendo, qui regroupe quatre établissements sous l’enseigne Le Colombia. Ce Marseillais s’est d’abord illustré dans l’univers des boîtes de nuit en occupant notamment le poste de directeur de la célèbre discothèque Le Bazar, à Marseille, avant de se tourner vers la restauration il y a une dizaine d’années.
Son aventure culinaire a commencé avec l’ouverture de son premier restaurant, la Brasserie Le Colombia, située rue Paradis, dans le 8ᵉ arrondissement de Marseille. Ce succès a été suivi par l’inauguration d’un second établissement dans le quartier des Cinq-Avenues, il y a environ quatre ans, puis d’un troisième, à La Valentine. Enfin, un quatrième établissement a vu le jour à La Penne-sur-Huveaune, portant le nom de La Villa Colombia.
Reprendre la formule et la réinventer
Sur place, dans le Colombia de la rue Paradis, tout près du Prado, la clientèle est variée : des habitués du quartier, souvent retraités, qui viennent prendre un café pour ressentir un peu de compagnie, côtoient les tables prises d’assaut par des collégiens et lycéens du secteur. À cela s’ajoutent des déjeuners d’affaires, attirés par le confort du lieu.
Avec l’acquisition de la brasserie Le David, Jean-Claude Mendossa s’appuie sur une formule qu’il maîtrise : « On ne fait rien de spécial : une brasserie simple et efficace, mais toujours avec des produits frais. On reste dans le classique », explique-t-il avec assurance, tandis que les tables autour de lui, dans le patio, se remplissent à vue d’œil pour la pause méridienne.
Une montée en gamme du service du soir
Pour Jean-Claude Mendossa, Le David est une institution. « C’est pour ça qu’on ne change pas de nom. » Toutefois, quelques rénovations sont prévues : une décoration inspirée des brasseries Columbia, aux accents de bistrots parisiens : grandes banquettes bordeaux et comptoir en bois élégant.
En soirée, l’ambiance évoluera avec une montée en gamme : nappes sur les tables, lumière tamisée et, parfois, un pianiste ou un chanteur. Une nouvelle carte de cocktails spéciaux sera proposée grâce à un partenariat avec le salon Saint-Germain, dans le but de créer une véritable attractivité en soirée.
Nouveau chef et nouvelles propositions culinaires
Par ailleurs, un nouveau chef, Romain Gressieux, rejoindra la cuisine du David. Collaborateur du groupe depuis plus de neuf ans, il contribuera à développer de nouvelles propositions culinaires : un bar à huîtres en hiver, ou encore une offre inspirée des bouchons lyonnais, avec une formule brasserie le midi et une expérience plus haut de gamme le soir.
L’équipe actuelle du David, composée de 24 employés, est en partie indécise quant à rester sous la nouvelle direction. Une réaction compréhensible, selon Jean-Claude Mendossa : « Quand on change de propriétaires, il faut savoir comment chacun travaille. »
Avec environ 150 couverts, Le David deviendra la plus grande brasserie du groupe Mendo. Chaque restaurant du groupe est pour le moment indépendant et emploie en moyenne une dizaine de salariés pour une capacité d’environ 80 couverts. Mais un changement d’envergure est prévu : les établissements seront franchisés dans le courant de l’année 2025, dans le but de sécuriser leur avenir.
Rania Gabel