Épisode 6 | Quel avenir sportif pour le stade nautique du Roucas Blanc ?

Photo Sailing Energy

Après avoir connu le summum avec les Jeux olympiques de Paris 2024, le stade nautique du Roucas Blanc aura-t-il également une vocation sportive internationale ? L’été dernier, Marseille a séduit le monde de la voile.

« Plus vite, plus haut, plus fort – ensemble », promeut la devise olympique, modifiée avec l’ajout de ce dernier mot en juillet 2021. La tenue des régates de voile à Marseille, à l’occasion des JO 2024, l’a prouvé avec force.

Un an après le Test event, interdit au public, les Jeux olympiques ont été une réussite sur tous les plans : les douze jours de compétition dans la rade Sud ont dévoilé en mondovision un site exceptionnel, offert des images incroyables et proposé aux athlètes un plan d’eau à l’image de la ville et de ses habitants, indomptable, imprévisible, enflammé.

Ne pas devenir « un éléphant blanc »

C’est indéniable, Marseille a été magnifiée. Cinq mois plus tard, alors que le grand public va enfin avoir (partiellement) accès à cet équipement hors du commun, la question de l’héritage sportif commence à se poser. Les onéreux travaux de refonte totale de la base nautique (55 millions d’euros) auront-ils « seulement » un usage municipal et pour l’élite française de la voile ?

Mi-octobre, le référent Sud de Paris 2024 Cédric Dufoix appelait de ses vœux les élus de tous bords afin de faire en sorte que la marina « ne devienne pas un éléphant blanc », ces stades construits pour un one shot et ensuite laissés à l’abandon. Les exemples, d’Athènes 2000 à Rio 2016 en passant évidemment par Pékin 2008, ne manquent pas.

« La marina est un outil de très haut niveau, assez exceptionnel pour la voile, défendait Cédric Dufoix voilà trois mois. Les candidatures d’accueil de championnats (France, Europe, monde) de voile légère sont nombreuses aujourd’hui sur le bureau des élus de la Ville. J’espère qu’ils pourront les accepter et se faire aider des autres collectivités territoriales pour que ça puisse se faire. »

La Fédération internationale sous le charme

Les JO dans la cité phocéenne ont séduit World Sailing, la Fédération internationale de voile. « La voile olympique à Marseille a donné lieu à des compétitions passionnantes, mettant en valeur le sommet de notre sport sur la scène mondiale », a estimé son président, le Chinois Quanhai Li lors de son bilan de fin d’année, en décembre dernier.

La billetterie a fait le plein (144 000 tickets vendus, une première dans l’histoire des Jeux), la fan zone attenante également et une expérience spectateurs innovante a permis d’embarquer chaque jour, à bord de deux ferries, mille spectateurs en mer au plus près des courses. La formule a cartonné. Aujourd’hui, tout le monde s’accorde à promouvoir l’avènement du « deuxième stade » de Marseille, dans l’ombre du Vélodrome. Alors, autant l’honorer en lui offrant également un héritage sportif digne de ce nom.

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Il suffit de regarder chaque jour en mer, depuis la Corniche, les plages du Prado ou la Pointe-Rouge, pour observer de nombreux voiliers naviguer en Méditerranée. Toute l’année des compétitions sont organisées par les différents clubs de voile, du nord au Sud.

Et sans forcément rouvrir la plaie de l’échec de la Coupe de l’America 2006-2007 – Marseille avait été coiffée au poteau par Valence, en Espagne, sur fond de remous politiques -, la cité phocéenne a maintes fois prouvé qu’elle savait y faire en matière de voile. La finale du Sail GP en septembre 2019, dans la rade nord au large du Mucem, le confirme.

Une nouvelle course au large verra le jour fin avril, avec la CIC Med Channel Race, destinée aux Class 40. Cela ne doit être qu’un début. À l’image de Palma de Majorque, Hyères ou La Haye, Marseille a clairement tous les atouts pour devenir une capitale internationale de la voile.

Benoît GILLES

Cette semaine, Le Méridional vous emmené dans une visite guidée en six épisodes.
Lundi, nous présentions la transformation totale du site nautique du Roucas Blanc.
> Mardi, vous découvriez son nouveau visage.
> Mercredi, nous partions dans les coulisses du Centre municipal de voile.
> Jeudi, nous explorions le bassin, assaini et revitalisé.
> Vendredi, plongée au coeur du pôle France de voile.
> Hier, récit d’une volonté de créer une culture de la mer.
> Aujourd’hui, pour le sixième et dernier volet, quel avenir sportif ?

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