Lors de ses vœux à la population, ce vendredi 17 janvier, René Raimondi, maire de Fos-sur-Mer, a annoncé avec une grande émotion que son directeur de cabinet, Rémi Esnault, prendrait la tête de la bataille municipale de 2026.
Il a préparé la transmission comme un basketteur fait une passe décisive. Comme ont pu en réaliser en pagaille Édouard Choquet ou Mo Hachad, à la grande époque (pas si lointaine) du Fos Provence Basket, envoyant leurs coéquipiers vers un panier facile, pour conduire leur camp vers la victoire.
C’est de cette manière que René Raimondi, (divers gauche) cumulant 20 ans à la tête de Fos-sur-Mer (dont son retour en 2022 après le décès du maire Jean Hetsch), a choisi de préparer l’avenir.
Lors de ses vœux à la population, il a annoncé qu’il ne briguerait pas un nouveau mandat en 2026, préférant passer le témoin à son fidèle directeur de cabinet, pour prendre les commandes de l’équipe municipale.
Émotion et la charge du devoir
Face à une salle comble, la voix parfois tremblante mais toujours assurée, René Raimondi a déroulé 30 ans d’un engagement sans faille pour sa commune. « Ce n’est pas un retrait, mais une transmission », a-t-il martelé, presque comme un mantra. Il a parlé de ses choix, de ses combats et de sa philosophie de vie. Non sans un clin d’œil humoristique, il a lancé : « À Fos, on n’est pas des poulpes ! Vous savez ce qui différencie l’homme du poulpe ? C’est la transmission. Le poulpe meurt avant de transmettre. Moi, je passe le relais ».
Un relais soigneusement préparé, avec une volonté de continuité dans l’action. Rémi Esnault, son directeur de cabinet, a été désigné pour mener l’équipe municipale lors des prochaines élections. « Il est au service de Fos 24 heures sur 24. Il connaît tout, il a été là à chaque étape et il partage notre vision », a souligné Raimondi.
Après trois décennies d’engagement, le maire sortant a expliqué la nécessité d’un renouvellement. Et derrière cette décision, il y a aussi l’usure du pouvoir local. « Trente ans, c’est beaucoup. C’est une vocation qui use. Ce n’est pas pour rien que tant de maires jettent l’éponge aujourd’hui », a confié Raimondi, conscient des sacrifices personnels qu’impose une vie d’élu de proximité.
Il n’a pourtant pas l’intention de disparaître du paysage politique : « Je ne vous abandonnerai pas. J’ai encore des projets plein la tête. Mais désormais, je pourrai mettre mon expérience au service du bien commun autrement ».
Rémi Esnault, l’héritier de confiance
Pour Le Méridional, Rémi Esnault a livré ses premiers mots après l’annonce. Sobre et posé, il évoque cette nouvelle mission qu’il considère comme le fruit d’un long cheminement : « Ces missions exigent qu’on leur consacre sa vie. C’est le destin que je me suis choisi depuis le début de ma carrière. Fos-sur-Mer est arrivé comme un coup de foudre, d’abord professionnel, puis personnel. L’étape suivante était logique : consacrer le reste de ma vie à ce projet. »
Ce dernier ne cache pas son attachement à la ville : « Fos-sur-Mer, ce n’est pas juste une commune, c’est une histoire, une identité forte, et une communauté d’habitants qui méritent le meilleur. Mon rôle sera de poursuivre ce qui a été construit, mais aussi de relever les défis à venir, avec ma propre énergie ».
Il n’y a pas de révolution dans l’air, mais une volonté de continuité : « Les habitants attendent des élus compétents, ancrés dans le quotidien et engagés à 100 %. Cette confiance, je veux la mériter jour après jour ».
L’héritage Raimondi, une boussole
Sur la montée de l’extrême droite et le risque d’un impact local, le désormais candidat se montre confiant. « Les choix faits par les électeurs lors des scrutins nationaux, comme les européennes ou les législatives, relèvent de positionnements globaux. La politique locale, c’est autre chose », explique-t-il.
Pour lui, les thématiques portées par le Rassemblement National n’ont pas leur place dans une gestion municipale : « On ne traite pas d’immigration à l’échelle d’une mairie. Les habitants sont attachés à des élus compétents et de terrain, qu’ils connaissent. Pas à des parachutés qui débarquent avec une étiquette par opportunisme ».
Et d’insister sur le rôle du travail et de la proximité : « L’impact du RN sur nos territoires est à relativiser, pour peu qu’on soit bons et qu’on travaille. Si on reste au service de tous, il n’y a pas à craindre de surprise de ce côté-là ».
À Fos-sur-Mer, la transition entre les deux hommes s’inscrit dans la continuité, comme un relais parfaitement préparé. « Je donnerai tout pour Fos, parce que cette ville mérite qu’on s’investisse totalement, » promet Rémi Esnault, affirmant sa volonté de prolonger les valeurs et le travail entamés par son prédécesseur.
Il revendique d’ailleurs l’apprentissage qu’il a eu auprès de René Raimondi, dont il salue l’approche et la transmission. « J’ai pris de vraies responsabilités politiques aux côtés d’un élu de très haut niveau, René Raimondi, qui a su transmettre avec éthique, élégance et grandeur, comme il l’avait déjà fait avec Jean Hetsch. »
Une politique locale inclusive
Pour les municipales de 2026, le futur candidat s’appuie sur une majorité plurielle, ancrée à gauche « avec des élus du Parti socialiste, du Parti communiste, mais aussi des sensibilités diverses, » précise-t-il.
En 2026, Rémi Esnault prendra les rênes d’une équipe municipale qu’il connaît intimement, avec des projets à concrétiser et des ambitions affirmées. Loin des étiquettes politiques, il estime qu’il convient aussi de dépasser les divisions partisanes pour mieux répondre aux enjeux locaux : « Il faut que la politique s’ouvre, qu’elle se dédramatise et se désacralise. L’objectif est d’ouvrir les vieilles chapelles pour créer des projets rassembleurs, avec peut-être des socles communs, mais surtout une place pour tout le monde. Sans exclusive et sans passer uniquement par les exigences des partis. Nous devons rester ouverts et pragmatiques, tout en gardant ce socle de valeurs communes qui nous guide. »
Avec René Raimondi en guide discret, cette nouvelle génération d’élus veut montrer qu’à Fos, on sait passer la balle sans perdre de vue le collectif. La partie ne fait que commencer.
Narjasse Kerboua