Considéré à juste titre comme « la maison de l’équipe de France », le pôle France de voile a été le premier bâtiment livré dans ce stade nautique. Après avoir connu la ferveur populaire pendant les Jeux olympiques, ce vaisseau amiral s’apprête à s’ouvrir au grand public.
Ce fut le tout premier bâtiment livré, dès février 2023. Le plus grand des six, aussi. Le pôle France de voile à Marseille, labellisé site olympique en amont de Paris 2024, est un vaisseau amiral de 3000 m² aux normes PMR et écoresponsable, considéré et adopté par tous comme « la maison de l’équipe de France ».
Parfaitement pensé pour la haute performance, il est composé d’une voilerie, quatre hangars (dont deux hauts de 10 mètres, permettant de ne pas démâter), un centre médical, une salle de musculation nommée « Lise-Vidal » (la véliplanchiste marseillais décédée subitement en juillet 2021, à 43 ans), mais aussi une salle de cryothérapie, une plateforme d’analyse physique, des espaces d’analyse vidéo, un cabinet médical pluridisciplinaire et de nombreuses salles de conférences.
« Dans une nouvelle dimension »
Petit plus pour les privilégiés, sa terrasse offre un panorama unique sur la rade de Marseille, avec vue imprenable sur les îles du Frioul et un coucher de soleil à couper le souffle. « On entre dans une nouvelle dimension, constatait à l’époque Jean-Bernard Constant, qui fut président de ce pôle France pendant deux décennies avant de partir en août dernier. Ce bâtiment va permettre de travailler dans d’excellentes conditions. »
Le coeur du pôle France a battu très fort début juillet 2023, lors du test event de voile, pour une répétition générale grandeur nature un an avant les Jeux, autant pour les athlètes internationaux que pour l’organisation. Cela avait évidemment permis à tout le monde de se roder et entraîné des restrictions majeures de circulation dans la rade de Marseille pour le grand public et les plaisanciers.
Mais la marina, après avoir vu quelques « Éclaireurs » porter la flamme le 9 mai, est définitivement devenue olympique du 28 juillet au 8 août 2024. Elle a accueilli 330 athlètes venus du monde entier, engagés dans les dix séries, pour autant de podiums. Très attendus à domicile, les Bleus ont décroché deux médailles : l’argent pour Lauriane Nolot (kitefoil) et le bronze pour le duo Sarah Steyaert – Charline Picon (49er FX).
Les épreuves ont attiré 140 000 spectateurs payants (soit 12 000 par jour), alors qu’un Club 2024, gratuit et ouvert à tous sur les plages du Prado, a rassemblé 200 000 personnes dans cette fan zone de 8 000 m2.
Créer des passerelles entre haut niveau et grand public
Depuis la fin des JO, l’effervescence est retombée. Le président du pôle France de Marseille, Jean-Bernard Constant, a posé sa démission au lendemain de la fin des épreuves. Il a été remplacé mi-décembre par un ancien Olympien, Yann Rocherieux, alors qu’il a fallu renouveler tout le bureau directeur. Entre-temps, Lionel Cottin avait été nommé directeur de la structure le 1er novembre.
La volonté de ce dernier, en adéquation avec la Fédération française de voile et la Ville de Marseille, sera de créer des passerelles entre les athlètes de haut niveau du pôle et le grand public. Afin que les premiers mettent à profit leur expertise pour former, donner l’envie et promouvoir ce site de pointe.
« En tant que centre de haut niveau, on peut avoir un accompagnement dans l’image que l’on va donner aux petits écoliers qui viendront visiter, faire des stages de voile, assister à des sessions pour montrer ce que ça signifie naviguer sur l’eau, nous expliquait Lionel Cottin fin 2024. Il y a la volonté à la Ville et à la Fédération de dépasser la limite centre de haut niveau / grand public. »
Photo B.G.
Sanctuariser et protéger au maximum
Reste toutefois à trouver un moyen de sanctuariser et protéger au maximum le pôle France, avec ses installations et ses bateaux onéreux, qui ne peuvent être accessibles au quidam.
« Les athlètes ont besoin de travailler seuls dans leur coin par moment, en convient Hervé Menchon, l’adjoint au maire en charge notamment de la biodiversité marine, des plages, du littoral, de la voile et du développement de la tradition de la mer. Mais il va falloir tisser des liens, créer un véritable partenariat. »
La question des aménagements – pour que tout le monde cohabite en bonne intelligence – reste en suspens. Encore récemment, l’idée d’ouvrir la base nautique du Roucas Blanc au public tous les soirs dès 17 heures et les week-ends, offrant un espace de marche du parvis central jusqu’au bord de mer, toutefois limité à une partie Est.
La volonté générale est en tout cas d’offrir un « continuum spatial », dixit Hervé Menchon, pour dynamiser la vie sociale et commerciale de ce côté-ci des plages du Prado. Dans le respect supérieur des enjeux sportifs des athlètes du pôle France, car ils sont désormais tournés vers les JO 2028, à Los Angeles.
Benoît GILLES
Cette semaine, Le Méridional vous emmène dans une visite guidée en six épisodes.
> Lundi, nous présentions la transformation totale du site nautique du Roucas Blanc.
> Mardi, vous découvriez son nouveau visage
> Mercredi, nous partions dans les coulisses du Centre municipal de voile
> Aujourd’hui, plongée au coeur du pôle France de voile
> Demain, pour le cinquième volet, récit d’une volonté de créer une culture de la mer
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