La 47e édition du Grand Prix cycliste de Marseille La Marseillaise a dévoilé ce jeudi son parcours, avec une nouveauté : l’arrivée sera jugée à Luminy le 2 février prochain. Maxime Bouet, en ultra spécialiste, alerte sur les pièges à éviter.
Autrefois appelé le Grand Prix d’Ouverture, le Grand Prix cycliste de Marseille La Marseillaise n’en garde pas moins son statut de rentrée des classes en France chaque année. Pour la 47e édition, qui se tiendra le dimanche 2 février prochain, les organisateurs – le journale éponyme et l’association ESCS (Éducation sport culture et spectacles), présidée par Pierre Guille – continuent d’innover et de se réinventer.
En 2024, ils avaient implanté le départ à l’Estaque ; la formule, gagnante, est reconduite cette année. Si le parcours de 164 kilomètres, qui relie symboliquement le nord au sud de Marseille, est conservé dans sa globalité, une nouveauté est imposée par une contrainte extérieure. En raison du match de Ligue 1 entre l’OM et Lyon ce même jour (20h45) au stade Vélodrome, le vainqueur ne pourra être sacré au bout de « la plus longue ligne droite d’arrivée du monde », à savoir le boulevard Michelet.
L’arrivée modifiée « à cause de l’OL »
« Pour une fois, on s’incline devant les Lyonnais… et ça me coûte », confie, mi-amusé mi-gêné Pierre Guille, le président de la course et membre du Conseil d’administration du Rassemblement des organisateurs des courses cyclistes (ROCC) de France. Alors, comme en 2009, l’arrivée sera jugée à Luminy, au pied du campus universitaire. Cette année-là, le Lambescain Rémi Pauriol s’était imposé en solitaire. Parti dans un groupe de six hommes à plus de 100 km de l’arrivée, le coureur de Cofidis, dernier rescapé de l’échappée, avait franchi la ligne avec 26 secondes d’avance sur deux Bbox Bouygues, Thomas Voeckler et Yuri Trofimov.
Pour 2025, le reste ne bouge pas : trois cols dans l’arrière-pays marseillais sont répertoriés pour le classement de la montagne (Pas de la Couelle, Espigoulier par Nans, route des Crêtes par La Ciotat). C’est au pied de cette difficulté que les choses sérieuses commenceront. Mais cette fois, au bas de la Gineste, c’est-à-dire au rond-point de Vaufrèges, il restera deux kilomètres à effecteur en faux-plat montant. Au lieu des traditionnelles cinq bornes en pente douce descendante pour rallier le Vél’.
En grand habitué, du haut de ses treize participations, le Plan-de-Cuquois Maxime Bouet détaille ces nouvelles particularités qui vont changer la physionomie de la course et… la liste des prétendants au succès. Interview avec le coureur retraité depuis un an, désormais directeur sportif de la formation World Tour Arkéa-B&B Hôtels.
« C’est une course sur laquelle on n’a pas le droit à l’erreur. Tout est au millimètre »
Quel est votre état d’esprit à un peu plus de deux semaines du début de la saison cycliste en France ?
Le Grand Prix La Marseillaise, pour moi, c’est un peu calendrier de l’avent. Pendant deux mois, tu coches chaque jour les cases de ta préparation hivernale sur le frigo, chaque chose que tu fais à l’entraînement te rapproche de l’échéance. Même moi, qui suis aujourd’hui directeur sportif, je bouillonne à l’idée d’être dans la voiture le 2 février prochain, pour le départ à L’Estaque.
Je pense que je suis le coureur à avoir le plus disputé la course (avec 13 participations, il n’est seulement devancé dans l’histoire que par Jonathan Hivert, 14), j’ai fini plusieurs fois dans le top 10 (7e en 2009, 6e en 2006, 2e en 2017). C’est une course très particulière, c’est la rentrée des classes, on a à cœur de savoir si on a bien bossé, si le travail paie. C’est très important pour lancer la saison.
Quelle est sa particularité ?
C’est une course sur laquelle on n’a pas le droit à l’erreur. Tout est au millimètre. Même si je connais par cœur ces routes, je suis encore venu début janvier pour reconnaitre le parcours avec un coureur de mon équipe (Kevin Vauquelin), notamment la nouvelle arrivée à Luminy. J’ai ma tactique en tête, maintenant c’est à nous de tout mettre en place pour réussir la meilleure performance possible.
L’arrivée sera jugée à Luminy, au lieu du bas du boulevard Michelet, au pied du Vélodrome. Ça fait une grosse différence ?
Je me remémore 2009. Je suis encore venu la semaine dernière, pour revoir les particularités de la route, où se situent les ronds points (celui de Vaufrèges à 2 km, celui de Luminy à 900 mètres de l’arrivée). Il y a 5% de montée sur les cent derniers mètres.
Cette arrivée va-t-elle changer la physionomie de la fin de course ?
En fait, de manière générale, il faut prendre en compte un gros paramètre quelques kilomètres en amont : après le gros effort dans la route des Crêtes, tu ne pédales pas dans la descente, alors tu as les jambes coupées quand tu remets en route dans la Gineste. Et au sommet de ce dernier col, rebelote dans la descente vers Marseille, tu ne pédales pas. Et là, tu as les jambes explosées, pleine de lactique.
Cette fois, les coureurs devront affronter un faux plat montant final de deux kilomètres vers Luminy. Je pense que beaucoup de coureurs seront contents de simplement suivre les roues. Ce faux plat est horrible.
On devrait donc voir des hommes forts se jouer la victoire, et moins un sprint, même en petit comité ?
Jusqu’à maintenant, l’arrivée devant le Vélodrome convenait plus à un sprinteur. Avec ce nouveau final, les sprinteurs auront peut-être fait trop d’efforts dans les cols juste avant pour être encore présent. Il y aura davantage de tactique, car cette fois, il faudra aussi contrôler les éventuelles attaques dans ce faux plat.
« C’est une succession d’erreurs à ne pas faire. Le placement, à des moments clés, et la gestion de l’effort sont des éléments primordiaux »
Avec le cyclisme d’aujourd’hui, difficile d’imaginer une victoire en solitaire comme Rémi Pauriol en 2009…
Rémi avait gagné en étant échappé toute la journée. J’étais arrivé dans un petit groupe (7e, à 1’07’’). Pour moi, l’échappée matinale a très peu de chance d’aller au bout désormais. Quand on voit les équipes annoncées, je vois mal des World Tour se faire piéger.
Par contre, une team comme Ineos-Grenadiers vient ici pour la première fois (Axel Laurence, Omar Fraile et Josh Tarling sont annoncés). Sauf que le GP La Marseillaise est une vraie classique, style Ardennaise ; il faut l’avoir couru plusieurs fois pour en connaître les particularités et ne pas se faire piéger.
Cette course, c’est une succession d’erreurs à ne pas faire. Le placement, à des moments clés, et la gestion de l’effort sont des éléments primordiaux. Il faut être habitué.
A contrario, dans votre équipe, vous allez aligner un ancien vainqueur, le Belge Amaury Capiot (2022) et celui qui a terminé 3e l’an passé, Kevin Vauquelin…
C’est une chance de les avoir. Ils l’ont disputé plusieurs fois. On aura aussi des jeunes talentueux donc oui, on va aligner une jolie équipe.
Ce sera aussi votre première cette saison, à domicile, en tant que directeur sportif principal d’une équipe World Tour…
L’année dernière, j’étais aux côtés d’Yvon (Ledanois), pour m’imprégner. Nous roulions derrière Kevin dans le final. Il sait déjà qu’il ne faudra pas faire la même erreur : il avait trop réfléchi au début de la route des Crêtes quand les Groupama-FDJ (Rochas, puis Geniets, avec Baudin) avaient accéléré. Vu le « numéro » qu’il a fait derrière (il était sorti seul, à Carpiagne), Kevin avait les capacités ce jour-là pour les suivre. C’était sa première participation, il ne savait pas trop où il mettait les pieds. Il était quand même monté sur le podium. Cette année, j’espère qu’il sera encore plus haut.
Benoît GILLES
> La 46e édition du Grand Prix cycliste de Marseille La Marsellaise
Dimanche 2 février, 164,2 kilomètres entre L’Estaque et Luminy. Départ fictif : 12h40, plage de L’Estaque. Départ réel : 13h, à Septèmes-les-Vallons. Arrivée à Luminy estimée vers 17h04 (à la moyenne de 40 km/h).
Le parcours.
> Les équipes engagées
World Tour: Decathlon AG2R, Groupama-FDJ, Cofidis, Arkéa-B&B Hôtels, Alpecin-Deceuninck, Ineos-Grenadiers.
Pro Team : Lotto, Flanders Baloise, Wagner Bazin, Unibet Tietema Rockets, Kern Pharma, Burgos Burpellet BH, Euskatel Euskadi, Caja Rural – Seguros RGA, TotalEnergies.
Continentales : Nice Métropole Côte d’Azur, CIC U Nantes Atlantiques, Beltrami TSA Tre Colli, Van Rysel Roubaix, Saint-Michel Preference Home Auber 93.
SUR LE MÊME SUJET