[Hommage] Nana, un esprit libre

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Nana, figure emblématique du Vieux-Port, s’est éteinte à l’âge de 95 ans. Une battante au franc-parler légendaire, véritable incarnation de l’âme marseillaise.

Elle a fermé les yeux à son domicile de la rue de la Loge, auprès de ses enfants, en début de soirée, vendredi 10 janvier. Anna Lubrano, que tout Marseille connaît sous le surnom de Nana, est décédée à l’âge de 95 ans, dont près de 85 passés à travailler sur le quai de la Fraternité.

Nana, la marchande de poisson du Vieux-Port de Marseille, était bien plus qu’une simple figure de marché : c’était une institution vivante, un trésor de la culture marseillaise.

Avec sa gouaille légendaire et son franc-parler sans pareil, elle incarnait l’âme vibrante de la ville portuaire, où chaque mot est chargé d’émotion, chaque geste de générosité.

L’âme du Vieux-Port

Toujours dehors, par tous les temps, Nana était une battante. Sous le mistral mordant ou sous le soleil brûlant, elle était là, fidèle à son étal, ses mains robustes caressant les poissons encore frétillants, ses yeux rieurs lançant des éclats de vie.

Les passants s’arrêtaient, non seulement pour ses produits frais, mais surtout pour échanger quelques mots avec cette femme qui semblait tout savoir des humeurs du port, des colères de la mer et des joies de la vie.

Amie de tout le monde, Nana était un véritable baromètre humain. Son humeur et ses expressions reflétaient l’état d’esprit de Marseille. Elle savait écouter, consoler, rire et parfois remettre à leur place ceux qui en avaient besoin. Elle était cette voix familière qu’on entendait avant même de la voir, ce rire franc qui résonnait dans l’air salin, cette main tendue qui faisait de chaque client un ami.

Avec Nana, on ne parlait pas seulement poisson. On parlait foot, mistral, les vedettes et les coups durs. Elle était une conteuse spontanée, qui faisait vivre l’histoire et les traditions de Marseille à travers ses anecdotes et ses réparties. Nana, c’était l’âme du Vieux-Port, une mémoire vivante et un sourire indéfectible.

Rendre hommage à cette femme, c’est saluer toutes les marchandes et les marchands qui, à travers leur travail acharné et leur humanité débordante, perpétuent l’esprit de Marseille.

Philippe Arcamone