Lionel Cottin veut que « Marseille devienne une place forte de la voile »

Lionel Cottin est, depuis le 1er novembre, le nouveau directeur du pôle France de voile de Marseille. Photo B.G.

Le nouveau directeur du pôle France de voile de Marseille, Lionel Cottin s’est fixé comme challenge de faire fructifier l’expérience olympique et d’utiliser l’héritage de la marina pour faire briller la cité phocéenne.

Ancien entraîneur national de voile (2007-2013), Lionel Cottin gravitait ces dernières années dans les hautes sphères de la Fédération française (FFV), d’abord comme coordinateur logistique, puis parmi les Conseillers techniques nationaux. Durant la dernière Olympiade, il était tout particulièrement chargé des relations avec le comité d’organisation des JO de Paris 2024.

Une fois les Jeux à la maison terminés, il n’a pas attendu la nomination, mi-décembre, d’un nouveau président du pôle France et olympique de Marseille, en la personne de Yann Rocherieux, comme Le Méridional l’a annoncé. Lionel Cottin a été promu directeur de ce pôle, en remplacement de Pascal Chaullet ; un poste qu’il convoitait déjà en 2020 mais que Chaullet avait obtenu. « C’était un souhait il y a quatre ans, j’ai toujours envie de m’investir, mais je ne pensais pas que ça se ferait aussi vite », résume Cottin.

Interview d’un homme descendu de Lyon en 1989 pour suivre ses études à Marseilleveyre… et qui n’est plus jamais reparti de la cité phocéenne.

« Nous orienter vers un fonctionnement beaucoup plus transversal avec le pôle France »

Les Jeux olympiques sont déjà loin derrière nous, vous avez succédé à Pascal Chaullet, qui a repris des missions d’entraînement auprès de la Fédération de voile. Quel état des lieux faites-vous ?

Pascal est toujours là, c’est un cadre de la Fédé et, comme lui, tous les cadres seront toujours les bienvenus ici. L’évolution notable qu’on peut avoir désormais au pôle, c’est un rapprochement entre les jeunes publics, les clubs de performance et le pôle Espoir, nous allons nous orienter vers un fonctionnement beaucoup plus transversal avec le pôle France. 

Dans la préparation des JO à Marseille, on était très axé sur le haut de la pyramide ; en 2028 les Jeux seront à Los Angeles, on aura plus de temps pour se consacrer à nos petits Sudistes. Je suis ravi de cela. 

Y avait-il besoin d’insuffler une nouvelle dynamique après les Jeux olympiques ? Et sachant que les résultats n’ont pas été ceux attendus (une médaille d’argent et une en bronze, seulement)…

La France a quand même eu deux médailles sur dix, c’est loin d’être un zéro pointé. Évidemment, on peut et on veut toujours faire mieux, c’est le principe du haut niveau. L’année 2024 a peut-être un peu moins souri mais ça reste une performance. J’ai connu des Olympiades sans médailles et c’est encore plus dur à vivre. Ça reste un peu moins bien que ce qu’on aurait pu espérer, mais je ne crois pas que ce bilan a provoqué une nouvelle démarche. 

« Comment on fait vivre cela, comment on devient encore plus fort ? C’est un sacré challenge, c’est mon challenge »

Ça vient plutôt du fait qu’on a organisé des Jeux à la maison, ça arrive une fois tous les cent ans, on ne le revivra jamais, c’était unique, avec des implications de toutes parts, y compris des collectivités locales et l’aide de l’État. On était dans un fonctionnement spécial. Désormais, c’est terminé. On repart sur autre chose. On revient dans des préparations olympiques que l’on a historiquement connues. Avec un gros plus : l’héritage que laissent les JO avec la marina et les nouveaux bâtiments. C’est très important. Comment on fait vivre cela, comment on devient encore plus fort ? C’est un sacré challenge, c’est mon challenge.

Quelle est votre feuille de route ? 

La marina remodelée pour accueillir le public sera livrée dans les prochaines semaines. Ça va bien se passer. Depuis le début du projet, je travaille avec la ville (il était le référent fédéral auprès de la Marseille), je passe beaucoup de temps avec les services municipaux pour essayer de les accompagner. La grosse nouveauté, c’est qu’on n’implique plus uniquement l’entité pôle France, mais la Fédération dans son ensemble. Je ne suis qu’une partie de la Fédé et je mets en place la dynamique des directives techniques nationales qui sont décidées. On travaille pour mettre en application ce qui est réfléchi à un plus haut niveau. 

« On va accompagner la Ville de Marseille le plus loin possible sur des sujets comme la formation, la mise en avant de la marina, l’événementiel. Ça va réussir, ça ne peut pas être autrement »

Vu l’ampleur de la marina, on ne parle pas que de la performance. La Fédération peut accompagner la Ville sur beaucoup d’autres actions, c’est important. Le président de la Fédération (Jean-Luc Dénechau, réélu mi-décembre pour quatre ans) rencontre assez régulièrement Hervé Menchon (l’adjoint à la mer) pour parler de tout cela. On va les accompagner le plus loin possible sur des sujets comme la formation, la mise en avant de la marina, l’événementiel. Ça va réussir, ça ne peut pas être autrement. Marseille, jusqu’ici, c’était beaucoup le foot, aujourd’hui ça va être le ballon et la voile.

Nous, en tant que centre de haut niveau, on peut avoir un accompagnement dans l’image que l’on va donner aux petits écoliers qui viendront visiter, faire des stages de voile, assister à des sessions pour montrer ce que ça signifie naviguer sur l’eau. Il y a la volonté à la Ville et à la Fédération de dépasser la limite centre de haut niveau / grand public. 

En mars dernier, le maire Benoît Payan avait annoncé vouloir proposer une initiation à la voile pour tous les écoliers avant l’entrée en classe de 6e. Ce sera possible ?

Marseille a la structure, nous (le haut niveau) sommes une toute petite partie de cet ensemble. La marina doit briller, il faut qu’elle devienne une place forte sur le territoire, il n’y a pas d’équivalent en France. Il faut que Marseille se positionne. 

Avec un tel outil, la volonté est que Marseille continue d’accueillir des compétitions internationales de voile ?  

On y travaille depuis longtemps, c’est en très bonne voie. Il faut laisser du temps, que les choses se mettent en place tranquillement, que les services prennent leurs marques dans ce nouveau paysage. Tout est nouveau. Le pôle France a l’expertise : le centre d’entraînement est là depuis 1996, aujourd’hui on va faire en sorte qu’il soit encore meilleur avec ces infrastructures. On veut aller plus loin. 

Benoît GILLES